Imprimer
Les vignerons de l'Aude ont contrôlé le vin de camions venant d'Espagne, au péage du Boulou, pour vérifier leur conformité. © J.-P. PELRAS
« Nous avons alerté les pouvoirs publics sur les importations massives de vins d'Espagne. Tout le monde s'en fiche. On nous méprise », s'échauffe Frédéric Rouanet, président du Syndicat des vignerons de l'Aude. Du coup, il est passé à l'action. Le 4 avril, à la tête de 150 viticulteurs de l'Aude et des Pyrénées-Orientales, il a contrôlé les camions de vin venant d'Espagne au péage du Boulou, près de la frontière.
En deux heures, ils en ont arrêté cinq. « Nous avons pris des échantillons. Nous voulons vérifier la traçabilité et la conformité de ces vins. Nous avons des doutes sur leur origine. N'auraient-ils pas été "européanisés" en Espagne ? », s'interroge Frédéric Rouanet.
Tout le Midi s'alarme de ces importations qui ont atteint 5,4 millions d'hectolitres en 2015. Car, dans le même temps, les ventes d'IGP Pays d'Oc dans la grande distribution française ont marqué le pas pour la première fois depuis huit ans.
Avant le coup d'éclat du syndicat des vignerons de l'Aude, l'OGD Pays d'Oc avait entamé une série de réunions sur le terrain pour alerter ses membres. « Les vins dits "de cépage" espagnols prennent la place des nôtres, sans que le consommateur en soit clairement informé », s'est insurgé Jacques Gravegeal, le président de l'ODG, le 30 mars, à Lézignan-Corbières. Il a écrit au ministre de l'Agriculture pour réclamer un affichage clair de l'origine de ces vins, particulièrement sur les Bib.
L'autre inquiétude des Pays d'Oc provient de la future IGP Terres du Midi, qui regroupe trois IGP de département. L'ODG craint qu'elle déstabilise son marché alors qu'elle sera produite sur la même aire, avec les mêmes cépages, mais vendue à un prix inférieur. Jacques Garvegeal promet qu'à l'issue de ces réunions, avec son conseil d'administration, il fera des propositions.
