« Compte tenu du changement climatique, il est possible de produire des blancs avec de la personnalité. Mais il faut une ouverture d'esprit ! », s'exclame Alexander van Beek, le directeur général du Château du Tertre et du Château Giscours, deux crus classés de Margaux.
Un encépagement inattendu
Une ouverture dont Alexander van Beek ne manque pas. En 2011, le Château du Tertre a ainsi planté quatre cépages à forte densité (9 200 pieds/ha) : du sauvignon blanc - classique à Bordeaux - et du chardonnay, gros manseng et viognier - trois variétés bien plus inattendues. Cet encépagement bannit la cuvée de l'AOC Bordeaux et l'amène dans la catégorie des vins de France.
Le professeur Denis Dubourdieu, oenologue-conseil de la propriété, a validé cette sélection. Il a tenu compte de la nature sablo-graveleuse du terrain et du désir du domaine de jouer la carte de la modernité. « Sur des terroirs peu évidents, on peut se permettre sa propre histoire, explique Alexander van Beek. Nous avons souhaité des vins complexes et gras, d'où le chardonnay. On a été gâtés avec ce premier millésime récolté. 2015 nous a permis de ramasser à maturité, ce qui n'a pas été forcément évident avec le gros manseng. »
Le vin blanc de France du Château du Tertre sera commercialisé mi-mai, au prix public de 25 euros. Avec 1,5 hectare de vignes, la parcelle n'a sorti que 6 000 cols en 2015. Une goutte d'eau pour ce domaine, qui a produit 220 000 cols l'an dernier.
Les blancs sont en vogue dans les châteaux du Médoc. Une dizaine de crus classés en proposent. Mais le Château du Tertre est le premier à oser le sans IG. Ses confrères Cos d'Estournel, Lagrange, Lynch-Bages ou Mouton-Rothschild sont, eux, restés dans le cadre de l'AOC Bordeaux.