Le 8 mars dernier, Bertrand Gautherot ne s'est pas fait que des amis. Ce vigneron bio, membre de l'Association des champagnes biologiques, a demandé l'arrêt total des herbicides en Champagne dès 2017, lors d'une assemblée régionale du Syndicat général des vignerons de Champagne (SGV), à Bar-sur-Seine (Aube). Prenant la parole, il a décliné « huit arguments [...] pour devenir la première appellation viticole au monde à cesser l'usage des herbicides ».
En guise de réponse, les représentants du SGV ont rappelé les nombreux efforts déjà accomplis par les viticulteurs pour employer moins de produits phytosanitaires, sans s'engager sur le désherbage. Mais la sortie de Bertrand Gautherot, qui s'est exprimé haut et fort en présence de journalistes, les a excédés. Ils l'ont accusé d'agir de façon « cavalière » et d'avoir voulu « prendre en otage l'assemblée régionale ». La presse locale s'est emparée du sujet.
Interrogé par La Vigne, le nouveau président du SGV, Maxime Toubart, déclare ne pas « ignorer cette problématique. Je suis prêt à travailler ensemble à un plan de progrès ». Mais il refuse d'imposer aussi radicalement et rapidement une telle obligation, « beaucoup d'exploitations n'étant pas prêtes d'un point de vue technique ».
Chères alternatives
«Le basculement d'une stratégie tout herbicides vers moins d'herbicides ne peut pas être rapide car les alternatives - travail mécanique, enherbements, mulchs, etc. - ont des effets collatéraux », a indiqué Sébastien Debuisson, du CIVC, lors de l'assemblée générale de l'Association viticole champenoise, en décembre dernier. Ces alternatives induisent des baisses de rendements et de vigueur. Elles sont plus coûteuses en temps, en main-d'oeuvre et en matériel. Les émissions de gaz à effet de serre sont aussi nettement supérieures à celles produites par le désherbage chimique.