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éditorial

Le temps d'expliquer

PAR BERTRAND COLLARD, RÉDACTEUR EN CHEF DE LA VIGNE - La vigne - n°287 - juin 2016 - page 5

Rien ne les arrête. Lors de l'inauguration de la Cité du Vin, à Bordeaux, les antipesticides ont organisé un die-in, une simulation d'intoxication massive aux produits phytosanitaires. Une opération calibrée pour produire des images angoissantes.

Quelques jours plus tôt, le président des producteurs de vin de Mâcon recevait une lettre menaçant les viticulteurs de mort s'ils n'arrêtaient pas d'utiliser des phytos. Avec une cartouche de fusil en prime. S'ils continuent ainsi, les ultras provoqueront bien plus de torts qu'ils n'en dénoncent.

Heureusement, dans cette affaire, les élus bourguignons et les pouvoirs publics locaux ont pris fait et cause pour la viticulture, s'affichant auprès des responsables professionnels et rappelant l'importance vitale de la viticulture pour l'économie locale. Car, dans les esprits, une idée fait son chemin : les produits phytosanitaires sont dangereux et employés pour le seul bénéfice d'une petite catégorie de la population et de quelques multinationales. Les déclarations répétées de notre ministre de l'Environnement l'alimentent. Cette idée se répand à force d'abandon. Faute d'avoir le temps ou les arguments pour défendre la nécessité de protéger les plantes contre les maladies et les ravageurs, nous laissons la voie libre aux esprits les plus inquiets ou les plus manipulateurs. Même les sociétés qui produisent les phytos semblent aux abonnés absents.

En enquêtant sur l'hostilité des riverains envers les traitements, nous avons eu la surprise d'apprendre que les firmes doivent évaluer tout risque pour le voisinage lors de l'homologation de leurs produits. En effet, les phytos subissent quantité de tests afin d'évaluer leur dangerosité pour les riverains des parcelles traitées, les promeneurs et même les enfants qui jouent sur les pelouses à proximité. Qui le sait ? Qui le dit ? Pourquoi n'entend-on pas les autorités publiques l'expliquer ? On nous rétorque que cela n'intéresse pas le public. On a tort.

Le public est demandeur d'explications sur les modes de production agricole. Il veut bien entendre qu'on utilise des produits de traitement en l'absence de plantes résistantes aux parasites, que ces produits sont autorisés après des tests de plus en plus exigeants. Encore faut-il prendre le temps de donner ces explications. Et être cohérent en veillant à ses voisins lorsqu'on traite.

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