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DOSSIER - Réchauffement climatique : tous chamboulés !

Christine Scher-Sévillano, vigneronne en Champagne, à Vincelles (Yonne), 8 ha « Nos pratiques ont évolué »

La vigne - n°287 - juin 2016 - page 23

Travail du sol, élargissement de la gamme des vins... Christine Scher-Sévillano s'adapte au réchauffement.
 © CÉDRIC FAIMALI / GFA

© CÉDRIC FAIMALI / GFA

« Notre vignoble se situe dans la vallée de la Marne. Je l'ai repris en 2006. Au début des années 1980, les épisodes de gel printaniers étaient relativement fréquents, avec des dégâts parfois conséquents. Je me souviens que mon grand-père avait récolté deux paniers à vendange de raisins sur 1 ha après une gelée sévère. Depuis une dizaine d'années, ces incidents se raréfient. Comme ce risque est moindre, nous avons pu nous lancer dans le désherbage mécanique des sols et arrêter complètement les herbicides voilà deux ans. Nous avons également investi dans une batterie d'outils : griffe, herse rotative, lames... pour cultiver les sols. Autrefois, on ne les travaillait surtout pas afin de ne pas faire redescendre l'humidité et réduire le risque de gel. Quand j'ai investi dans du matériel de travail des sols, mes parents m'ont regardé avec des yeux ronds. Nous enherbons également notre vignoble aux endroits où passe le tracteur. Nous luttons ainsi contre l'érosion des sols. Chose impensable il y a trente ans ! En effet, l'humidité qui se dépose sur l'herbe accroît les dégâts de gel sur les bourgeons.

Autre bénéfice du réchauffement : nos raisins parviennent à 10,5° d'alcool potentiel, voire 11° certaines années. Par le passé, ils pointaient aux alentours de 7,5-9°, avant la chaptalisation, suivant les millésimes. Les acidités ont également baissé de 8 à 9 g/l, dans les années 1980, à 6 à 7 à l'heure actuelle. Certains de nos confrères empêchent les fermentations malolactiques pour y remédier. De notre côté, nous les laissons s'accomplir. Nous avons en effet pris le parti d'élaborer des champagnes ronds et amples.

Nous avons aussi diversifié notre gamme de produits. Nous élaborons ainsi un chardonnay blanc de blancs. Mon père ne l'aurait jamais fait car la maturité du chardonnay n'était pas suffisante. Cette année, nous faisons appel à un technicien de la chambre d'agriculture pour nous aider à parfaire nos nouvelles pratiques. »

Cet article fait partie du dossier Réchauffement climatique : tous chamboulés !

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