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DOSSIER - Chai gravitaire : le poids de la qualité

Nicolas Burger, maître de chai de la coopérative Les Vignerons de Tautavel-Vingrau, dans les Pyrénées-Orientales « Nous valorisons les terroirs »

La vigne - n°288 - juillet 2016 - page 21

Cette cave a investi dans un chai dédié aux cuvées de terroir. De l'arrivée en cave jusqu'à l'encuvage, les raisins ne voient pas une pompe. Le bond qualitatif est là mais le débit reste limité.
NICOLAS BURGER, maître de chai des Vignerons de Tautavel-Vingrau. G. BARTOLI

NICOLAS BURGER, maître de chai des Vignerons de Tautavel-Vingrau. G. BARTOLI

LE CONVOYEUR CENTRAL - un tapis à bande de 25 m de long - alimente les cuves situées de part et d'autre. G. BARTOLI

LE CONVOYEUR CENTRAL - un tapis à bande de 25 m de long - alimente les cuves situées de part et d'autre. G. BARTOLI

LE NOUVEAU SYSTÈME de chai gravitaire installé dans l'une des caves de la coopérative, à Tautavel.  G. BARTOLI

LE NOUVEAU SYSTÈME de chai gravitaire installé dans l'une des caves de la coopérative, à Tautavel. G. BARTOLI

AU NIVEAU INFÉRIEUR, sont disposées les 34 cuves en Inox de 18, 80 et 160 hl.  G. BARTOLI

AU NIVEAU INFÉRIEUR, sont disposées les 34 cuves en Inox de 18, 80 et 160 hl. G. BARTOLI

Àla cave des Vignerons de Tautavel-Vingrau, l'idée d'un chai gravitaire est née de la volonté de valoriser les terroirs. « En 2010, lors de la fusion de la caves de Tautavel avec celle de Vingrau, nous avons défini un projet commercial visant à étoffer notre gamme. Nous avons souhaité développer des microcuvées issues de nos sélections parcellaires. La Tautaveloise avait initié cette démarche sur 150 à 200 hl par an. Nous souhaitions développer ces volumes à la suite du partenariat noué avec les Vignerons de Tutiac qui, depuis trois ans, commercialisaient toute notre gamme », explique le maître de chai, Nicolas Burger.

La coopérative avait déjà travaillé sur son parcellaire, passant au crible les îlots et cépages capables de donner les meilleurs vins. « Au début, on a pensé à un chai traditionnel avec des cuves plus petites. Après réflexion, on s'est orienté vers une installation plus qualitative, avec un système de convoyeurs par tapis pour préserver la qualité de nos raisins. »

La cave récupère un bâtiment existant qu'elle réaménage entièrement pour en faire un chai dédié à l'élaboration des cuvées de terroir. Ce site bénéficie déjà d'un accès par tracteur à son niveau le plus élevé. Là, la vendange est versée sur un quai vibrant, à la sortie duquel elle atterrit sur une sauterelle qui l'élève jusqu'à la table de tri (Viniclean de Socma). Un fouloir démontable, fixé à la sortie de la table de tri, permet de fouler, si besoin.

Les raisins sont ensuite déversés sur un convoyeur central - un tapis à bande de 25 m de long -, qui alimente la batterie de cuves situées de part et d'autre. Pour finir, des goulottes en Inox partant du convoyeur acheminent la vendange jusque dans les cuves. Le chai est équipé de 34 cuves en Inox (18 de 80 et 16 de 160 hl), dont les ouvertures supérieures sont à la même hauteur pour être alimentées par le tapis central.

Le cahier des charges pour ces cuvées terroir impose la vendange manuelle, puis un transport dans des bennes chargées de moins de 1 500 tonnes. « Notre nouvelle installation nous permet de préserver au mieux cette qualité de vendange. C'est ce que nous cherchions pour avoir une bonne lecture de nos terroirs », commente le maître de chai.

Autre avantage appréciable : la modularité du chai qui permet de mettre en oeuvre différents process. En 2015, 15 % des volumes ont ainsi été vinifiés en macération carbonique (grappes entières sans éraflage), 15 % ont été éraflés mais non foulés et le reste a été éraflé et foulé. « On peut multiplier les styles de vinifications pour enrichir nos assemblages », témoigne avec satisfaction le maître de chai.

Après cette première année, les résultats sont déjà tangibles. « Même si on manque de recul, le bond qualitatif est perceptible : le fruité s'exprime mieux et on a plus de fraîcheur. L'an prochain, on sélectionnera les mêmes parcelles pour vérifier si le choix parcellaire est judicieux. »

L'installation reste toutefois perfectible. Ses points faibles : des temps de nettoyage rallongés et un débit un peu trop lent. « Pour nettoyer le quai, la table de tri et les tapis, il faut compter 2 h 30 par jour alors qu'une heure suffit pour un quai traditionnel », estime Nicolas Burger. La capacité de traitement reste aussi à améliorer : « Cette première année, il nous a fallu 30 à 40 minutes pour traiter 1 500 kg de vendange. Même si avec cette installation on ne cherche pas la rapidité, mais on devrait pouvoir augmenter cette cadence en élargissant le tapis et en améliorant la table de tri qui fait goulot d'étranglement. »

La cave a investi 800 000 € dans ce chai, dont 40 % ont été financés par les subventions européennes. Grâce à cet investissement, elle a porté le volume de ses cuvées du terroir à 2 700 hl. « C'était indispensable pour notre stratégie de valorisation », soutient Nicolas Burger.

Cave de Tautavel-Vingrau

La coopérative

- 840 ha ; 100 adhérents ; 800 000 cols et 19 000 hl de vrac par an ; 25 M€ de chiffre d'affaires en 2015.

Son chai

- Mise en service : 2015.

- Coût : 800 000 € pour 2 700 hl, soit 10 % de la production de la coopérative.

- Conception : Diec et Alpha Concept Vinicole.

- Surface : 500 m2.

- Capacité : 34 cuves en Inox de 80 hl ou 160 hl ; débit de 5 à 7 tonnes par heure.

L'essentiel de l'offre

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