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Le magnum est à la fête

ÉMILIE-ANNE JODIER - La vigne - n°288 - juillet 2016 - page 53

De plus en plus de consommateurs sont séduits par le magnum. Un succès essentiellement dû au rosé.
 ©VERALLIA

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Le magnum s'installe dans les offres des vignerons et dans le coeur des consommateurs. « Nous observons une croissance de ce contenant depuis quatre ou cinq ans », rapporte Héloïse François, chef de marché vins chez Verallia. « C'est clairement le rosé qui alimente cette tendance », précise Fabrice Damignani, de O-I France, fabricant d'emballages en verre.

En Provence, le Conseil interprofessionnel a fait les comptes. Près de 245 000 magnums de rosés de Provence se sont vendus en grande distribution en 2015, contre 138 000 en 2012, soit une hausse de 25 % par an au cours des trois dernières années. « Le marché du rosé s'étoffe, observe Fabrice Damignani. Pour s'y faire une place, il faut se distinguer. Et le magnum est un bon moyen d'y parvenir. »

Ce contenant s'est trouvé un public. « Le rosé se prête au magnum parce que c'est un vin qui se partage et se consomme dans un esprit festif et convivial, estime Héloïse François. C'est un format que les gens apprécient pour marquer le caractère extraordinaire d'une occasion. »

Fabrice Damignani a même sa propre théorie : « Il y a quelques années, on buvait du champagne en magnum dans les soirées de Saint-Tropez. Aujourd'hui, on y boit du rosé, toujours en magnum, un contenant festif qui s'est également propagé dans les fêtes de famille. »

Comme le marché s'étoffe, les verriers s'adaptent. « Aujourd'hui, nous ne sortons plus une gamme de bouteilles sans y inclure un magnum, indique Fabrice Damignani. Ce n'était pas le cas auparavant. »

Tous les produits ne sont pas concernés par cet essor. Comme il s'agit de rosé, c'est le verre blanc qui fait mouche. Et les embouteilleurs veulent de belles bouteilles. « La plus forte progression s'observe sur le haut de gamme, segment qui a été multiplié par quatre depuis 2013 », témoigne Héloïse François.

O-I confirme cet engouement pour des bouteilles racées qui se démarquent. Mais obtenir une idée de leur prix n'est pas une mince affaire. Les verriers estiment en effet que trop de paramètres entre en jeu pour pouvoir donner ne serait-ce qu'un ordre d'idée.

Outre le rosé, le magnum se développe aussi dans les rouges, mais plus doucement. Sur ce segment, les choses sont différentes « surtout pour les Bordeaux, qui sont depuis longtemps déjà tirés en magnum, explique le représentant d'O-I. Dans ce cas, on apprécie les qualités de conservation et l'image de prestige que véhicule ce contenant. » « Pour les grands vins, posséder leur version magnum est un signe distinctif », confirme Héloïse François.

Ce contenant est surtout apprécié lors des foires aux vins. « Dans notre enseigne, les trois quarts des magnums sont vendus pendant les foires aux vins, rapporte Charles Pierrard, chef de marché vins et champagnes pour Intermarché. Nous utilisons aussi ces bouteilles pour théâtraliser ces événements. » Et de rappeler que les magnums restent un marché de niche : « Ils ne représentent que 2 % du volume total des vins tranquilles vendus en grande distribution. » Et avec la mauvaise météo de mai et juin, il déplore que les magnums de rosé soient restés en rayon, en attendant les beaux jours...

GUILLAUME GILLIS (À DROITE), DIRECTEUR COMMERCIAL DU CHÂTEAU SAINT-MARTIN-DES-CHAMPS (AOP SAINT-CHINIAN), DANS L'HÉRAULT « Nous sommes passés de 300 à 2 500 magnums en quelques années »

 © B. COLLARD

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« Quand je suis arrivé au domaine, il y a cinq ans, nous faisions quelques magnums, seulement pour les rosés. Depuis, ces contenants ont pris une autre dimension. De 300 à 400 unités, nous sommes passés à près de 2 500. Désormais, nous les proposons aussi bien sur le rosé en IGP Pays d'OC (14 euros TTC au caveau) que sur le rouge (19,50 euros). La demande vient autant du secteur traditionnel que des particuliers. Chez les cavistes et les restaurateurs, un magnum, ça a un certain cachet. Une marque qui décline ses vins en plusieurs formats de bouteilles, cela attire forcément l'oeil. Le rosé, par exemple, nous le proposons en bouteille de 75 cl, en magnum, mais aussi en jéroboam (trois litres) et en bouteille de six litres. Lorsque vous exposez une "6 litres" chez un caviste, vous vous démarquez vraiment ! Mais la demande émane aussi des particuliers. C'est un contenant que les jeunes achètent volontiers. Nous l'avons bien vu lors de la fête du rosé que nous avons organisée fin mai au domaine. Pour les jeunes, apporter un magnum de rosé à une soirée, c'est original et ça plaît ! Concernant notre cuvée vieilles vignes, en rouge, j'observe que c'est une consommation différente, davantage tournée vers les cadeaux. Plutôt que d'offrir un coffret avec deux bouteilles, certains préfèrent un magnum. Bien sûr, cela implique pour nous d'avoir les étuis et coffrets correspondants. Il faut également réfléchir à la forme de la bouteille. Pour le rosé, nous avons choisi une bouteille assez haute, au corps relativement fin. En effet, si le corps de la bouteille est trop large, la couleur du rosé paraîtra fatalement plus foncée, ce qui plaît moins en ce moment. »

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