En ouvrant son hebdomadaire agricole le 9 septembre, Jean-Pierre Frick, viticulteur en biodynamie sur 12 ha à Pfaffenheim (Haut-Rhin), s'est cru condamné à une double peine. Non seulement le mildiou avait ravagé ses pinots blanc, gris et noir, mais l'administration refusait d'ouvrir le dispositif d'achat de vendange aux producteurs comme lui que le parasite avait piégés. Pour l'administration, ces vignerons étaient victimes d'un aléa sanitaire et non pas d'un aléa climatique. Ils n'avaient donc pas droit à la dérogation.
Contestant cette analyse, Jean-Pierre Frick s'est empressé d'écrire une lettre ouverte à son hebdomadaire. Mais le temps qu'elle paraisse, il avait déjà obtenu gain de cause.
C'est le 12 septembre, lors du conseil de bassin Alsace Est, que les lignes ont bougé. « Si des dégâts ont été enregistrés, c'est aussi à cause de la pluviométrie. Elle a empêché les tracteurs d'intervenir dans des parcelles détrempées », a fait valoir Jérôme Bauer, président de l'Association des viticulteurs d'Alsace. Le préfet de région l'a suivi en autorisant l'achat de raisins.
Pas de rupture. « Nous avons acheté des pinots blancs et gris ainsi que des auxerrois bio. Nous ne serons donc pas en rupture pour ces vins. Nous pourrons approvisionner notre clientèle établie », indique Jean-Pierre Frick, début octobre.
Le dispositif pourrait bénéficier à une trentaine de viticulteurs dont les deux tiers travaillent en bio. Victimes du mildiou, ils peuvent acheter de la vendange jusqu'à réaliser 80 % d'une récolte moyenne, tout en conservant le statut de récoltant. Ils n'auront aucune déclaration à faire, ni justificatif à fournir. Mais leurs achats doivent être documentés en cas de contrôle en cave.