S'il y a bien un sujet qui a énervé les viticulteurs durant les vendanges, c'est celui de la complémentaire santé des saisonniers, obligatoire dès le premier jour de travail. Jusqu'à présent, les saisonniers de moins de trois mois étaient exclus du dispositif. Mais cette année, les vignerons ont dû se plier à cette nouvelle formalité obligatoire depuis le 1er janvier.
En Côte-d'Or, ce sujet a échauffé les esprits. « C'est la première fois qu'il y a eu autant de tension dans nos réunions syndicales de prévendanges, confirme Charlotte Huber, du service accompagnement à la Confédération des appellations et vignerons de bourgogne (CAVB). Les vignerons ont le sentiment d'avoir toujours plus de contraintes. »
« J'emploie 20 à 30 vendangeurs pendant deux jours, explique une viticultrice de Bourgogne qui exploite 1,5 ha. Certains ne viennent qu'une demi-journée. Il me faut déjà quatre à cinq heures pour faire les déclarations d'embauche sur Internet, les imprimer et établir les fiches de paie. Cette année, j'ai dû demander en plus, à tous nos vendangeurs, l'attestation de leur mutuelle. Heureusement, tous en avaient une ! Cela devient vraiment lourd. Je réfléchis à faire appel à un prestataire de services. »
Des actions en 2017 si rien ne bouge
Autre témoignage, celui de Nicolas Rossignol, viticulteur à Gevrey-Chambertin et responsable de la main-d'oeuvre à la CAVB : « Cette année, mon équipe ne comptait que 24 vendangeurs à cause du gel. D'habitude, j'en emploie 40. C'est contraignant de vérifier avant l'embauche que chacun est bien affilié à une mutuelle. Les viticulteurs n'ont pas de responsable des ressources humaines ! Nous avons alerté nos élus, sans succès. Si rien ne bouge, nous ferons des actions plus démonstratives en 2017... »
Dans la Champagne, qui accueille 120 000 vendangeurs chaque année, les vignerons expriment également leur lassitude. « Nous vivons une inflation réglementaire, résume Christophe Pernet, viticulteur et président de la délégation des employeurs du Syndicat général des vignerons. Nous avons le sentiment d'être en insécurité juridique permanente. »