Je tombe des nues en lisant votre dernier éditorial. Je suis paysan vigneron depuis plus de quarante ans. En matière de réforme administrative, j'ai tout vu passer. Au début, c'était par petites touches. Aujourd'hui, on atteint des sommets. Plus personne ne peut suivre. Nous avons tellement de hauts fonctionnaires qu'il faut les occuper. Donc, ils pondent des textes aussi pervers qu'avariés. Nous sommes devenus leurs larbins à qui on peut tout demander grâce à la sacro-sainte informatique. Je prends l'exemple des DAE. Nous en rédigeons deux ou trois par an. Entre chaque document, le logiciel évolue. Il nous faut alors trois heures pour en préparer un. Même chose avec les règlements de TVA. Sur papier, il me fallait une minute et demie pour les faire. Aujourd'hui, je suis obligé de les faire faire par le comptable (un coût supplémentaire). Quant aux salariés, le cas est encore plus grave car nous, les créateurs d'emplois, nous sommes traités comme des bandits de grands chemins à tous les niveaux. Ne nous étonnons pas d'avoir bientôt quatre millions de chômeurs en France. Chaque nouvelle règle est destructrice d'emplois. L'absconse loi El Khomri ne changera rien à l'emploi pour une raison bien simple : le code du travail augmente de 350 pages alors que la totalité du code du travail suisse fait 70 pages. Or, il me semble que les salariés suisses ne sont pas plus mal lotis que les Français. Aujourd'hui, nous atteignons des sommets dans l'absurdité réglementaire et administrative, qu'elle soit européenne ou française. J'attends avec impatience ma retraite pour ne plus avoir cette charge. Je vais transmettre mon exploitation à mes enfants, et là encore, c'est le parcours du combattant. Pourtant, je suis fier de mon métier de paysan vigneron qui m'a nourri pendant toutes ces années, et sans jamais demander de subvention, ce dont je me fais un titre de gloire. Mais trop, c'est trop.