Frédéric Bonnaffous, directeur des vignobles Dourthe, dans le Bordelais, n'en revient pas. Lors de cette campagne, il a mené à bien un essai de réduction des doses d'antimildiou à grande échelle sur 5 ha au château Grand Barrail Lamarzelle Figeac. Et ce malgré la très forte pression du parasite. « J'ai terminé avec un IFT mildiou de 5,35 (5,35 doses pleines d'antimildiou) contre 9 sur le reste de la propriété qui compte 15 ha », affirme-t-il.
Comment a-t-il fait ? Frédéric Bonnaffous a intégré cette année le réseau Dephy animé par Euralis, un distributeur de la région. Celui-ci lui a fait tester un programme avec des antimildious classiques (Enervin, Mildicut, cuivre...) à dose réduite, associés à Nectar MgS, un stimulant des défenses des plantes d'Agronutrition, employé à 4 l/ha à chaque passage.
Tout au long de la campagne, dans l'îlot expérimental, Frédéric Bonnaffous n'a mis que 50 % de la dose d'antimildiou, sauf lors du traitement du 20 juin car le parasite était alors à son apogée. « Vu la pression à ce moment de la saison, par sécurité, nous avons mis 100 % de la dose homologuée », explique-t-il. Sur le reste de l'exploitation, il a appliqué les mêmes antimildious avec les mêmes cadences de renouvellement. Mais il a employé la pleine dose dès le stade boutons floraux séparés.
« Vu la pression, je n'étais pas serein. Je suis donc passé très souvent dans les parcelles pour suivre la maladie. J'ai vu deux sorties de mildiou sur les feuilles : l'une fin mai-début juin, l'autre début juillet. Mais nulle part, je n'ai eu de symptômes sur les grappes. C'est un résultat très étonnant. »
Intérêt écologique, pas économique
Au niveau économique, la propriété n'a rien gagné car ses économies de phytos ont été annulées par le coût de l'engrais foliaire. « Mais l'intérêt écologique est indéniable », assure Frédéric Bonnaffous.
Nectar MgS est un sulfate de magnésium. Ce produit contient 157 g/l de soufre, 80 g/l de magnésie et des oligo-éléments. Il est utilisable en bio. « C'est un engrais foliaire. Il ne s'agit pas d'un antimildiou. Nous ne faisons aucune préconisation en ce sens », insiste Christelle Venant-Valery, d'Agronutrition. Éric Capredon confirme : « Ce que nous avons fait au château Grand Barrail Lamarzelle Figeac est un essai. En aucun cas, nous ne recommandons cette stratégie. »