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VIGNE

Agri Cap Conduite forme les tractoristes

LUCIE MARNÉ - La vigne - n°292 - décembre 2016 - page 36

Le temps d'un après-midi, La Vigne s'est glissée dans la peau d'un stagiaire participant à l'une des formations de tractoriste proposées par Agri Cap Conduite. Une école entièrement tournée vers la pratique et très exigeante envers ses élèves.
Les stagiaires d'Agri Cap Conduite apprennent à piloter un tracteur-enjambeur avec Samuel Portaud (à gauche), formateur, sur la piste d'entraînement inaugurée le 26 août dernier. © P. ROY

Les stagiaires d'Agri Cap Conduite apprennent à piloter un tracteur-enjambeur avec Samuel Portaud (à gauche), formateur, sur la piste d'entraînement inaugurée le 26 août dernier. © P. ROY

Un bout de la piste permet aux stagiaires d'appréhender des pentes de 15° et 30° et de s'exercer à la correction des dévers, comme le montre ici Samuel Portaud aux commandes d'une machine à vendanger Pellenc. © L. MARNÉ

Un bout de la piste permet aux stagiaires d'appréhender des pentes de 15° et 30° et de s'exercer à la correction des dévers, comme le montre ici Samuel Portaud aux commandes d'une machine à vendanger Pellenc. © L. MARNÉ

« Tant qu'ils ne sauront pas prendre un rang directement avec le porteur ou avec la machine à vendanger automotrice, sans faire de manoeuvre, ça ne sert à rien qu'ils fassent des exercices plus compliqués ! » Samuel Portaud, formateur chez Agri Cap Conduite, est intransigeant avec ses stagiaires. Ce 16 novembre après-midi, par un temps humide, ils sont huit élèves à effectuer à tour de rôle les exercices proposés par le formateur sur la nouvelle piste d'entraînement de l'école de conduite des engins viticoles.

Ces stagiaires ont démarré la journée par des slaloms autour de plots. Les voilà maintenant devant un piquetage qui simule des rangs de vignes, avec une tournière de six mètres. C'est là qu'ils doivent s'exercer à prendre un rang directement en tournant sur la gauche, du côté où se trouve la cabine du porteur, un Pellenc 8290. Et le tout, sans effectuer de marche arrière.

« Lorsqu'ils réussiront cet exercice, ils devront le refaire, mais en tournant à droite, et donc avec une visibilité réduite », explique Samuel Portaud. La consigne est simple mais, en pratique, elle s'avère compliquée pour les élèves, en stage depuis seulement deux semaines. « J'avais déjà conduit des tracteurs vignerons lors de travaux saisonniers. Mais la conduite d'un porteur donne d'autres sensations. Je trouve ça impressionnant », s'étonne Pierre, stagiaire de 33 ans. Comme Pierre, les autres stagiaires ont déjà des notions de conduite des tracteurs vignerons. Mais avec cette préparation opérationnelle à l'emploi collective (ou POEC) de trois mois, tous veulent se perfectionner pour décrocher un emploi. « C'est tout l'objectif, souligne Catherine Macor, coordinatrice pédagogique des formations d'Agri Cap Conduite. Depuis trois ans que nous proposons cette formation, environ 90 % de nos stagiaires trouvent un emploi à l'issue du stage. »

Et avec de tels résultats, les stages proposés par Agri Cap Conduite ne désemplissent pas. « À l'heure actuelle, nous avons déjà trouvé 50 % de nos stagiaires pour le prochain stage de six mois qui démarre en janvier prochain. C'est beaucoup plus que les années précédentes », se félicite Catherine Macor. Côté employeurs, même topo. Agri Cap Conduite reçoit régulièrement des demandes de vignerons cherchant des salariés qualifiés.

70 heures de conduite pratique

Il faut dire que la formation comporte de nombreuses heures de pratique. En trois mois, les stagiaires effectuent en moyenne 70 heures de conduite. « C'est énorme ! Pour apprendre à conduire une voiture, seules 20 heures suffisent », précise Catherine Macor. Et pour renforcer l'aspect concret de la formation, l'équipe pédagogique se compose de formateurs et de chauffeurs de tracteurs. C'est le cas de Samuel Portaud : « Je suis prestataire de services et démonstrateur chez Pellenc. L'aspect théorique, je le traite rapidement. Le plus important, c'est que les stagiaires soient opérationnels dès leur embauche. »

Et côté pédagogie, ce dernier ne mâche pas ses mots : « Parfois, je secoue les stagiaires. Quelqu'un qui n'y met pas du sien, je lui dis que, personnellement, je ne l'embaucherais jamais ! » Rigueur et exigence sont donc de mise. Mais les candidats sont avertis dès le départ.

Des stagiaires triés sur le volet

« Nous nous assurons qu'ils sont motivés et sérieux », explique Catherine Macor. C'est pourquoi ils passent un entretien devant un jury intégrant de futurs employeurs, soit des vignerons, soit des prestataires de services. À l'issue de ces entretiens, le centre effectue une première sélection. « Nous voulons être sûrs que nos stagiaires sont employables et physiquement aptes. Ainsi, souffrir de problèmes de dos, c'est rédhibitoire », souligne Catherine Macor.

Agri Cap Conduite organise par la suite une journée d'information, toujours en présence d'employeurs potentiels, pour s'assurer de la motivation des candidats retenus. « C'est lors de cette journée que j'ai rencontré mon futur maître de stage », se félicite Pierre. Ce mardi après-midi, presque tous les stagiaires ont déjà trouvé un stage. Ils devront l'effectuer du 28 novembre jusqu'au 10 décembre. L'occasion pour eux de se familiariser avec le domaine qui, peut-être, les embauchera.

Mais, avant cela, d'autres exercices les attendent. Au programme du lendemain : la suite des manoeuvres en bout de rang. « Cette fois-ci, je vais réduire à 5 m puis à 4 m la largeur des tournières. Ils seront obligés de faire une marche arrière pour prendre un nouveau rang », explique Samuel Portaud.

Puis les stagiaires devront emprunter la piste en dévers. Ce sera l'occasion pour Samuel Portaud de leur expliquer comment gérer le régime moteur. « Sur le plat, 1 500 tours/min, ça suffit, explique-t-il. Ce n'est pas la peine d'aller au-delà. Nous diffusons des notions d'écoconduite. En revanche, en dévers, il faut monter à 2 000 tours/min pour s'assurer de la réactivité des vérins. » Les stagiaires emprunteront une pente à 30° et une autre à 15°. Ils devront apprendre à régler les vérins des porteurs pour compenser la pente et tourner à plat. Et, surtout, surmonter leur peur du vide. « C'est l'exercice que l'on redoute tous. Demain, nous ferons moins les malins », s'inquiète Julien. Mais c'est le prix à payer pour trouver un emploi de salarié viticole.

Des formations tout au long de l'année

La piste d'Agri Cap Conduite ne connaît pas de répit. Tout au long de l'année, les formations s'y succèdent. De janvier à juin, le centre délivre sa formation phare. Destinée à un public de tous âges, celle-ci débouche sur un brevet professionnel agricole. « Nous avons des jeunes qui sortent de BTS et des personnes en reconversion professionnelle », s'enthousiasme Catherine Macor, coordinatrice pédagogique des formations. Autre enseignement proposé : la préparation opérationnelle à l'emploi collective (ou POEC) destinée aux adultes en recherche d'emploi et qui dure trois mois. L'école dispense également des formations courtes de perfectionnement pour les salariés et les chefs d'exploitation.

Le Point de vue de

JEAN-YVES, STAGIAIRE EN FORMATION CHEZ AGRI CAP CONDUITE

« J'espère ensuite pouvoir trouver un CDD, voire un CDI »

« Avant d'intégrer la formation de trois mois proposée par Agri Cap Conduite, j'ai travaillé dans l'électronique puis effectué divers travaux saisonniers. J'ai déjà conduit des tracteurs vignerons mais uniquement pour tracter des bennes à vendanges. Avec cette formation, j'ai davantage confiance en moi. J'espère par la suite pouvoir trouver un CDD, voire un CDI. J'ai déjà trouvé un maître de stage que j'ai rencontré lors de la journée d'information organisée par l'école. Il m'a d'ailleurs embauché en CDD pour les vendanges, avant le stage. Ça m'a permis de me familiariser avec ce domaine. »

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