L'entrepreneur américain Thomas Sullivan vient d'acquérir sa quatrième propriété bordelaise : le château Auguste, en appellation Bordeaux supérieur, à Saint-Aubin-de-Branne. Jusque-là, ce domaine de 30 ha situé dans l'Entre-deux-Mers produisait exclusivement du rouge (200 000 cols par an). À l'avenir, son nouveau propriétaire compte le spécialiser dans la production de rosé.
L'investisseur cherchait initialement un vignoble en Provence. « Mais lors d'une dégustation à l'aveugle qui comprenait quatre rosés de Provence, quatre rosés de Bordeaux et deux autres rosés sans appellation, nous avons constaté que nos deux premiers choix étaient des vins rosés clairs de Bordeaux », explique-t-il dans un communiqué. D'où sa volonté de produire majoritairement du bordeaux rosé au château Auguste.
Un bon choix, selon Pascal Hénot, directeur du centre oenologique de Coutras (Enosens), qui estime que le milliardaire américain a du flair. Lui-même amateur de rosés est convaincu « sans chauvinisme » que Bordeaux fait « les meilleurs rosés au monde ». Ayant appris à copier le style provençal en délaissant ses vins trop colorés, l'élève bordelais aurait de quoi surpasser son maître.
Pour l'oenologue, les cépages bordelais ont un caractère fruité plus marqué que les provençaux. « Produire du rosé est une affaire de spécialistes, autant techniquement que commercialement », ajoute l'expert. C'est peut-être là que le bât blesse. Le marché du bordeaux rosé reste en effet immature, ballotté par des cours et une production en dents de scie.