« Le Château possède 50 ha de vignes en AOC Pessac-Léognan, plantées à 1,50 m entre les rangs et de 80 cm à 1 m sur les rangs. Depuis 2011, nous désherbons mécaniquement toutes nos parcelles sous le rang, mais nous procédons différemment selon que les sols sont argileux (40 % des cas), sableux-graveleux (20 %) ou de graves (40 %).
Sur les argiles, il faut intervenir au bon moment. Si le sol est mouillé, le tracteur ne peut pas pénétrer dans les parcelles. Et s'il est sec et dur, l'utilisation des outils devient compliquée. Nous intervenons donc en priorité dans ces parcelles dès qu'elles sont prêtes à être travaillées. Nous passons en dernier dans les graves car ces sols s'entretiennent facilement et se couvrent de peu d'herbe.
Avant de débuter le travail du sol, nous réalisons un sécaillage (entretien du palissage) méticuleux. Nous remettons l'ensemble des marquants en place, devant chaque pied, afin qu'ils soient bien calés et bien protégés des outils. Cela représente environ mille heures de travail. C'est beaucoup, mais c'est indispensable pour que les ceps ne soient pas blessés ou arrachés par le travail mécanique.
Nous avons dédié un enjambeur Bobard 637 (deux rangs) au travail du sol. À la fin de l'automne ou au début de l'hiver, nous effectuons un buttage avec un soc classique. La butte fait 20 cm de large de part et d'autre des pieds et 15 cm de haut. C'est beaucoup, mais il faut déplacer suffisamment de terre pour l'ameublir. Après cela, nous apportons du compost organique et nous semons un engrais vert dans l'interrang de certaines parcelles.
Fin février-début mars, nous décavaillonnons les terrains argileux, dès que le temps le permet. Puis, en mars-avril, les graves. Nous avons besoin au total de trois à quatre semaines pour passer dans les 50 ha, à raison de 2,5 ha par jour avec le seul Bobard. Cette phase est importante pour que les salissures ne reviennent pas trop vite.
Nous décavaillonnons un rang à la fois, avec une paire de décavaillonneuses mécaniques Boisselet (Age 220) fixée sur le porte-outil entre-roue de l'enjambeur. À l'arrière, nous montons des lames interceps à ressort mécanique pour finir d'enlever la terre qui reste derrière le pied de vigne.
Dans les parcelles où nous conservons une bande enherbée, nous passons en même temps de petits disques Boisselet montés sur les porte-outils efface-trace afin de relocaliser, vers les ceps, la terre qui a été renvoyée dans l'interrang par les décavaillonneuses. Pour préserver l'enherbement, nous cherchons à réduire les déplacements de terre, par le choix des bons corps de décavaillonneuse, des bons âges et efface-traces (disques ou rasettes).
Dans les vignes intégralement travaillées, nous élargissons la largeur de travail de notre outil efface-trace en y ajoutant un jeu de dents droites rigides, des canadiennes ou encore une paire de petits disques à trois plateaux selon que la végétation est plus ou moins développée.
Un mois après le décavaillonnage, nous commençons à passer les lames interceps mécaniques Actisol pour garder de la terre fine entre les pieds et détruire les levées d'adventices. Nous renouvelons cette opération toutes les trois à quatre semaines, si cela est nécessaire, jusqu'à fin juillet.
Pour ces passages, nous montons deux paires de lames sur un porte-outil entre-roue pour travailler deux rangs complets. Nous effectuons ainsi 7 à 10 ha par jour, ce qui nous permet de faire le tour de la propriété en une semaine et demie. Les lames Actisol permettent d'aller vite, mais si les pieds sont mal attachés et que le ressort des lames est mal réglé, elles les arrachent. Si le sol est trop dur, nous préférons passer les lames hydrauliques Braun.
Lorsque les adventices se sont trop développées, nous réalisons un buttage en cours de saison, plus léger qu'en hiver. Puis nous repassons avec les lames Braun ou une petite décavaillonneuse.
Au total, nous réalisons sept à huit passages par an, à raison de 2,5 ha par jour avec les décavaillonneuses et 7 à 10 ha par jour avec les lames.
Un de nos salariés est dédié à ces travaux qui représentent environ 650 heures par an (13 heures par hectare). Le désherbage chimique nous revenait deux à trois fois moins cher. Nous passions deux ou trois herbicides, ce qui représentait de 4 à 5 ha désherbés par jour. Mais depuis que nous avons changé notre façon de travailler, nos sols sont en meilleur état. Le vignoble s'est homogénéisé et les rendements se sont améliorés. »