Les vignerons corses vont désormais pouvoir boucher leurs vins avec du liège issu de leurs forêts. Diam a en effet conclu un contrat pluriannuel avec Silvacoop, une coopérative qui regroupe quarante propriétaires forestiers représentant 1 250 hectares, du Cap Corse à Ajaccio. Trois d'entre eux ont levé du liège pour le bouchonnier en juin dernier. « Nous disposons de 20 tonnes de liège corse », détaille Mathieu Colombe, directeur régional Méditerranée chez Diam, une quantité qui offre à l'entreprise la possibilité de mouler 1,5 million de bouchons techniques. Reste à leur trouver des marchés. Pour l'heure, quatre producteurs en ont commandé, parmi lesquels l'Union des Vignerons de l'Île de Beauté, la plus grosse coopérative viticole corse.
« Nous achetons ce liège deux fois plus cher qu'au Portugal, où les forêts sont "industrialisées", avec des chênes bien alignés et identifiés. En Corse, c'est le maquis. Les coûts de production sont plus élevés », explique Mathieu Colombe. Pour acheter un bouchon régional, le vigneron doit ainsi débourser environ 20 euros de plus au mille que pour un bouchon Diam en liège portugais.
Le liège corse n'est pas traité sur place. Diam l'a acheminé dans son usine de Céret (Pyrénées-Orientales), où il a séché à l'air libre pendant plusieurs mois. Puis, il a été lavé, broyé et traité au CO2 supercritique, un procédé garantissant l'absence de TCA et d'autres molécules indésirables. Les premiers clients corses seront livrés à la fin du mois.
L'année prochaine, 30 tonnes de liège devraient être levées dans les forêts corses. En 2016, Diam avait déjà acheté 60 tonnes de liège varois et la même quantité dans le Roussillon. Au premier trimestre 2016, le bouchonnier affirmait avoir commercialisé un total de 2,5 millions de bouchons régionaux.
Un plan global pour la forêt
Cette initiative s'inscrit dans un plan global de la Corse en faveur de sa filière bois, abandonnée depuis plusieurs années. « Le chêne vert colonise l'espace. Il prive les chênes-lièges de lumière et ceux-ci dépérissent », explique Marie De Peretti Della Rocca, présidente de Silvacoop. En relançant la sylviculture, via le marché du bouchage, mais également du bois d'isolation, les professionnels de l'Île de Beauté entendent tout à la fois préserver leur environnement, se protéger des feux de forêt (le chêne-liège faisant un bon coupe-feu) et maintenir des emplois ruraux dans leur région.