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UNE HEURE APRÈS L'OUVERTURE, le marché est comble et les amateurs se ruent verre à la main pour déguster les vins des 60 vignerons et négoces présents. PHOTO : F. BAL
VENUS DE SUISSE, Stephan Aebischer et Catherine Cornu n'ont pas hésité à déguster dans le froid L'Olivaie, un saint-joseph du domaine Coursodon, et un cornas de Stéphan Chabourd avec des escargots et une omelette aux truffes ! PHOTO : F. BAL
DIDIER DUPRAZ, caviste de Courbevoie en vacances, a acheté 40 cartons à titre personnel. PHOTO : F. BAL
C'est un rendez-vous très prisé des amateurs de grands vins. Du 20 au 23 janvier 2017, s'est tenue la 89e édition du marché aux vins d'Ampuis (Rhône), dans la partie nord de la vallée du Rhône. Au pied des fameux coteaux escarpés, sous un ciel bleu azur et malgré une température de -5 °C, le petit village a accueilli près de 13 500 visiteurs, des particuliers à 90 %. Pour 8 euros, ils ont obtenu leur précieux sésame : l'entrée avec un verre à dégustation gravé au nom de Côte-Rôtie.
La foire réunit soixante vignerons et négoces et présente près de 300 vins de l'AOC Côte-Rôtie et des appellations voisines : Condrieu, Saint-Joseph, Cornas, Hermitage, Saint-Péray et Croze-Hermitage. Les grandes maisons (Guigal, Chapoutier, Delas, Jaboulet...) côtoient les vignerons de taille plus modeste (domaines Levet, Bonnefond, Lafoy...).
« Le marché est la plus belle des vitrines, estiment Julien Barge et sa soeur Delphine, du domaine Gilles Barge, arrière-arrière-petits-enfants de Jules Barge, l'un des cofondateurs du marché. On a une fréquentation de très grands amateurs. Nous leur présentons les vins les plus réussis. »
Sitôt le marché ouvert, les visiteurs se ruent dans les allées, verre à la main. Bientôt, il faut jouer des coudes pour accéder à certains stands, notamment celui d'Yves Gangloff pris d'assaut dès l'ouverture. Les amateurs repartent avec des chariots complets, remplissent le coffre de leur voiture de cartons de six ou douze bouteilles. Ils sont venus pour faire le plein.
D'autres sont là pour découvrir les producteurs. « On vient déguster et nouer des contacts avec les viticulteurs. On n'achète pas aujourd'hui », confie pour sa part Clémentine Lecoeur, associée des caves du Léman, à Veigy-Foncenex, en Haute-Savoie. Tyma Nimri, étudiante en médecine au William's College de Williamstown, aux États-Unis, termine ici un voyage de quinze jours de découverte du vignoble français. Après Yquem, la Bourgogne, la vallée de la Loire et Avignon, elle est ravie de goûter des côte-rôtie.
Le charme du marché tient aussi aux stands de spécialités régionales, présents à l'extérieur de la salle polyvalente d'Ampuis. Escargots, huîtres, truffes, ravioles de Romans, champignons, salaisons ardéchoises, fromages des Pyrénées... Après ou en accompagnement des vins, les amateurs ont le loisir de déguster quantité d'excellents produits.
« Le marché aux vins a été créé en 1928 à l'initiative d'une poignée de vignerons et de négociants pour dynamiser les ventes en bouteilles, expliquent Michaël Gerin et Christophe Semaska, les deux coprésidents de l'AOC.À cette époque, la surface en Côte-Rôtie - qui sera reconnue en AOC en 1940 - ne dépassait pas 60 hectares. Le phylloxéra et la Première Guerre mondiale avaient fortement diminué la production. Les vins se vendaient en vrac ou en pièces. » Aujourd'hui, le vignoble couvre 280 ha et le but du marché est toujours le même : vendre du vin. Le succès ne se dément pas : en quatre jours, il s'écoule environ 60 000 bouteilles, de 30 à 200 €.
Depuis les années 1980, la notoriété progresse constamment. Créée il y a deux ans, la Tablée de Côte-Rôtie, un dîner de prestige réunissant 180 convives au château d'Ampuis, la veille de l'ouverture du marché, y contribue à sa manière. Le marché d'Ampuis reste plus que jamais le rendez-vous incontournable de la Côte-Rotie.
