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Géhodes arrondit les angles

AUDE LUTUN - La vigne - n°295 - mars 2017 - page 74

Les quatre chambres d'agriculture de la région Centre proposent Géhodes, un service de formation et d'accompagnement aux relations humaines. Objectif : être plus efficace.
FRANTZ CARON est responsable de Géhodes et conseiller en relations humaines à la chambre d'agriculture du Cher.

FRANTZ CARON est responsable de Géhodes et conseiller en relations humaines à la chambre d'agriculture du Cher.

« Faire en sorte que chacun se sente bien à sa place et que les choses soient claires, cela s'apprend !, témoigne Anne-Gaëlle Lespagnol, exploitante en polyculture-élevage dans le Cher et responsable de la formation à la chambre d'agriculture du Cher. Gehodes permet de diagnostiquer les petits grains de sable et de les dédramatiser. »

Géhodes (pour Gestion des hommes et développement économique et social) aide les exploitants agricoles à mieux encadrer leurs salariés et à améliorer les relations entre les associés d'une société. Créé en 2005, ce service est proposé par les chambres d'agriculture du Cher, de l'Indre, de l'Indre-et-Loire et du Loiret, et partiellement financé par le conseil régional du Centre. « Nous accompagnons les exploitants soit lors de formations, soit en diagnostic d'entreprise », précise Frantz Caron, responsable de Géhodes et conseiller en relations humaines à la chambre d'agriculture du Cher.

Formateurs et conseillers utilisent deux outils : le MBTI et le Firo-B. Le MBTI (Myers-Briggs Type Indicator) est un test qui permet de mieux se connaître et de prendre conscience des différents modes de fonctionnement des autres. Il s'appuie sur la théorie de la personnalité du psychiatre suisse Carl Gustav Jung. Selon le MBTI, il existe seize profils de personnalité, chacun ayant ses forces et ses faiblesses.

Le Firo-B aide, lui, à identifier les besoins relationnels du manager. C'est un outil de coaching, d'évaluation du style de management, de dynamique d'équipe et de culture de l'entreprise.

« Nous faisons en sorte que les participants aient une meilleure connaissance d'eux-mêmes, de leurs besoins et de ceux des autres, explique Frantz Caron. Il s'agit de leur faire comprendre que leurs salariés et associés ne sont pas des clones d'eux-mêmes ! Même si cela prend de l'énergie de s'adapter à ses interlocuteurs, ce temps est vite rentabilisé. On avance beaucoup plus rapidement ensuite et on commet moins d'erreurs. »

Les formations, qui durent souvent deux jours, sont prises en charge par Vivéa ou le Fafséa. Les journées d'intervention sur l'exploitation sont facturées 600 euros par jour, dont 50 % sont pris en charge par la Région.

« Nous sommes contactés pour intervenir dans deux cas de figure, poursuit Frantz Caron. Soit le problème est identifié et l'exploitant nous formule clairement son besoin. Nous pouvons alors jouer le rôle de médiateur. Soit la problématique est moins claire et nous proposons un diagnostic du fonctionnement humain de l'entreprise à travers douze critères (relation, communication, rémunération, sécurité au travail, etc.). »

Les formateurs interviennent dans des situations très diverses. « Certains exploitants ont des difficultés à donner des ordres à leurs salariés par crainte de les contrarier. D'autres sont trop directifs. Il y a aussi le cas de figure assez fréquent où un jeune de 25 ans reprend l'exploitation et doit gérer un salarié plus âgé qui l'a connu enfant. Ou un exploitant qui est souvent en déplacement et qui ne donne pas de consignes assez précises pendant son absence. »

Les tests de personnalité permettent à chacun de se situer. Ensuite, les formateurs invitent les participants à des jeux de rôle où le formateur prend la place du salarié et où l'exploitant doit forcer sa propre nature afin d'évoluer. « Notre devise est "Bienveillance sans complaisance". Il faut dire les choses, mais sans porter de jugement », indique Frantz Caron.

Le Point de vue de

ARNAUD LEJUS, CHEF DE CULTURE AU DOMAINE JEAN-MAX ROGER, 33 HA À BUÉ, DANS LE CHER

« Se former au management est essentiel pour être efficace »

« Je suis chef de culture depuis 2004 et je gère six salariés permanents ainsi que de nombreux saisonniers. En février 2016, mon directeur m'a inscrit à une formation de deux jours sur le management. Je n'étais pas très enthousiaste à l'idée d'y participer car je ne voyais pas ce que cela pouvait m'apporter. D'autant que tout se passait bien au sein de l'équipe.

Mes réticences sont vite tombées, au point que je me suis inscrit à une nouvelle formation de management cette année ! L'approche est très intéressante. On apprend à mieux se connaître et à se situer parmi seize profils de personnalités. Puis, on s'initie à déceler le profil de son interlocuteur pour mieux communiquer avec lui. Nous n'avons pas tous les mêmes besoins. Depuis cette formation, quand un salarié n'est pas en forme, j'essaie de le rassurer sur cequ'il apporte à la bonne marche de l'exploitation, ce que je faisais moins auparavant.

Dans notre cursus initial, nous n'avons malheureusement pas d'enseignement du management, or, c'est un point essentiel pour mettre en place une organisation efficace. »

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