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ACTUS - RÉGIONS

Bordeaux À fond sur la vente du 2016

COLETTE GOINÈRE - La vigne - n°296 - avril 2017 - page 14

Viticulteurs et négociants se démènent pour vendre l'abondante récolte de 2016.
Ludovic Greffier, du Château Moulin de Launay.

Ludovic Greffier, du Château Moulin de Launay.

Comme beaucoup de Bordelais, Ludovic Greffier a fait une récolte abondante en 2016. À la tête de Château Moulin de Launay (74 ha dans l'Entre-Deux-Mers), il a produit 3 800 hl l'an dernier - que des blancs - contre 2 000 en 2015. À ce jour, il n'en a vendu que 2 000 hl (cols et vrac). « Je suis inquiet », lâche-t-il. Alors, il se démène : « J'essaie d'être plus présent et plus dynamique auprès du négoce. »

De fait, il s'est rendu chez cinq négociants pour leur faire déguster ses vins. Objectif ? Créer des liens pour qu'on se rappelle de lui. « Ma propriété, ce n'est pas que des échantillons. Je veux expliquer la qualité de mes vins, les assemblages (45 % sémillon, 45 % sauvignon, 10 % muscadelle). Le jour où le négoce aura des marchés de blancs, il pensera davantage à moi. »

C'est ainsi qu'il a décroché un marché de 15 000 bouteilles auprès d'une compagnie aérienne grâce à un négociant. Il réfléchit aussi à se grouper avec deux autres viticulteurs, l'un spécialisé dans les rouges, l'autre dans les rosés, pour présenter une gamme complète de vins.

À Lugaignac, David Siozard ne se dit pas inquiet. Il produit des bordeaux et des graves : « La qualité du millésime nous rassure. » Pour doper ses ventes, il s'affaire en permanence sur les marchés. En mars, il était en Chine, le mois précédent, aux États-Unis.

Même son de cloche aux Vignobles Ducourt (450 ha, 70 % à l'export), à Ladaux. « On enchaîne les salons. On parcourt le monde », souligne Jonathan Ducourt. Pour se démarquer, il travaille des vins « en dehors des clous ». C'est ainsi qu'il vend un blanc limé (100 000 cols) à l'export.

Toute la filière bordelaise s'active pour vendre davantage. L'an dernier, Bordeaux a récolté 5,8 millions d'hectolitres, toutes AOC confondues. C'est la plus forte récolte depuis dix ans. Mais la région n'en a vendu que 4,7 millions. L'interprofession estime que les ventes doivent progresser de 8 à 10 % cette année pour maintenir l'équilibre des marchés. Pierre Vieillefosse, directeur des achats de la maison de négoce Yvon Mau, pointe le danger : « Si la prochaine récolte est abondante, les stocks pèseront sur les cours qui dès lors baisseront. » Une véritable menace.

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