En deux ans, les achats de raisins ont doublé en Provence. Lors des dernières vendanges, ils ont atteint 74 000 hl selon l'interprofession des vins de Provence (CIVP). « La pratique n'est pas nouvelle, observe Pierre-Jean Bertri, président des courtiers du Var. Mais, elle s'intensifie. »
Emblématique de ce phénomène, le château d'Esclans, à La Motte-en-Provence (Var), réalise 70 % de ses achats en raisins. « Ils entrent dans notre côtes-de-provence rosé, Whispering Angel, vendu essentiellement à l'étranger. Nos achats ont progressé avec cette marque », indique Bertrand Léon, directeur technique. Celle-ci représente 14,5 millions de cols vendus par an. L'entreprise travaille avec une dizaine de partenaires sous cahier des charges, dont la cave coopérative de La Motte.
Éric Toucas possède 5 ha à Lorgues (Var), classés en côtes-de-provence. Depuis quatre ans, il vend toute sa récolte aux Vignobles de Berne, basés dans la même commune. « J'ai acheté ces vignes en 2003, mais je ne suis pas sur place pour m'en occuper. Berne les entretient dans le cadre d'une prestation de services que je paie. De mon côté, je lui vends mes raisins. » Il dit retirer « un petit bonus » de cet échange.
Selon nos informations, le raisin se négocie entre 1 et 1,30 €/kg, suivant les qualités, alors que le côtes-de-provence rosé s'est échangé autour de 200 €/hl durant la campagne. « Aujourd'hui, les achats de vendange représentent 30 à 40 % de nos apports, souligne Alexis Cornu, directeur des Vignobles de Berne. Cela nous revient plus cher que d'acheter les vins finis car nous supportons les coûts de la logistique, de la vinification... Mais nous maîtrisons l'intégralité du process et imprimons à nos marques un style maison qui assoit notre réputation. »