Les producteurs de corbières rouge croisent les doigts. Pour le moment, le marché vrac de l'AOC audoise se tient bien. Certes, fin avril, le volume des transactions est en recul de 18 % par rapport à la précédente campagne. Mais avec une récolte en baisse de 10 %, ce tassement n'a rien d'anormal. De plus, les cours sont fermes. À 123,60 €/hl, le prix moyen pondéré progresse de 2 % par rapport à l'an dernier.
« Notre marché est à l'équilibre, affirme Daniel Sendrous, tout nouveau président du Cru Corbières. La récolte 2016 est inférieure au volume que nous commercialisons annuellement. Nos stocks diminuent. À nous d'être vigilants. Il ne faudrait pas que des caves ou des producteurs, mis en difficulté par la situation très dégradée du marché des IGP, vendent à la baisse pour faire de la trésorerie. »
Le courtier Louis Servat perçoit cependant certains signaux moins favorables. « La campagne est relativement dynamique, mais un cran en dessous de la précédente. L'an dernier, à la même époque, on ne trouvait plus une goutte de corbières à vendre. Cette année, il en reste. Je suis peu sollicité par les acheteurs. »
Christophe Groppi, directeur du Cellier d'Orphée, à Ornaison (Aude), a déjà contractualisé la totalité de ses vins d'entrée de gamme, soit 8 000 hl sur les 16 000 hl de corbières que sa cave produit. Il lui reste 8 000 hl qui sont en cours d'élevage pour des marchés plus valorisés et dont 2 000 hl, déjà contractualisés, vont partir bientôt. « Je n'ai pas eu de problème pour vendre cette récolte, mais je sens moins d'engouement qu'en 2014. Pourtant, avec une récolte en recul de 10 %, on aurait pu s'attendre à une tension sur le marché », témoigne-t-il.
La perspective d'une nouvelle petite récolte pourrait changer la donne. « La sécheresse de l'an dernier a fortement impacté la sortie de cette année. Le gel a également fait des dégâts. Je m'attends à une baisse de 20 à 30 % de nos volumes cette année », prédit le directeur. Selon l'étendue des dégâts, l'équilibre du marché pourrait bien en être affecté.