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Prestataires La demande en forte hausse

AUDE LUTUN - La vigne - n°297 - mai 2017 - page 67

L'activité des prestataires de services progresse chaque année. Les vignerons font appel à eux car ils peinent à recruter ou à occuper un permanent à l'année. Ils le font aussi pour échapper aux contraintes administratives.
DES VITICULTEURS souhaitent déléguer les questions sociales aux prestataires. © P. ROY

DES VITICULTEURS souhaitent déléguer les questions sociales aux prestataires. © P. ROY

Comme bon nombre de ses collègues, Fabien Paquet, entrepreneur viticole en Charente, voit son activité progresser. De plus en plus de viticulteurs font appel à lui. À tel point que cet hiver, pour la taille de la vigne, il était « au taquet ».

« Avec la mécanisation, les vignerons n'ont pas toujours de quoi occuper leurs salariés permanents toute l'année, témoigne cet entrepreneur qui réalise toute sorte de travaux manuels et mécaniques, depuis la taille jusqu'à la récolte, en passant par les traitements phytosanitaires. C'est également difficile pour eux de trouver des saisonniers et de les encadrer, d'autant que, dans notre région, ils sont occupés à la distillation pendant la taille. De plus, de nombreux salariés - saisonniers ou permanents -partent à la retraite et les vignerons ne parviennent pas à les remplacer. Pour toutes ces raisons, ils s'adressent de plus en plus à nous. »

Déléguer les travaux mécaniques...

Implanté en Alsace, à Sigolsheim, Stéphane Gsell, cogérant de la SARL Gsell, voit, lui aussi, son activité progresser. Il ne réalise que des prestations mécaniques et compte 1 000 clients viticulteurs. « En cinq ans, nos interventions dans les domaines ont augmenté de 30 à 40 %. Avec la hausse des charges sociales, les vignerons ne peuvent plus assumer l'embauche d'un permanent. Nos prestations sont une bonne réponse à leurs besoins. Ils pourraient embaucher des saisonniers pour faire face tout en limitant leurs charges de main-d'oeuvre. Mais ils ont des difficultés à trouver des employés compétents. C'est plus facile pour nous qui les embauchons à temps plein. »

... ainsi que l'encadrement

Déléguer l'encadrement des saisonniers est une autre motivation des viticulteurs. « Quand on intervient avec une équipe, les vignerons apprécient de ne pas avoir à encadrer la main-d'oeuvre, explique Alexandre Caso, cogérant de Ceptentrion'al, à La Roche-de-Glun (Drôme). Ils nous confient beaucoup plus facilement qu'avant la réalisation d'une opération manuelle à la vigne comme au chai. Avec l'accroissement des contraintes, ils devraient avoir encore davantage recours aux prestataires à l'avenir. Ou alors ils se tourneront vers des sociétés d'intérim basées à l'étranger qui font appel à de la main-d'oeuvre des pays de l'Est pour ne pas payer les cotisations sociales en France. »

Échapper à la paperasse

Même s'il n'est pas évoqué en premier lieu, l'alourdissement des contraintes administratives et environnementales figure parmi les raisons du développement de la prestation de services. Avec le DUE (document unique d'exploitation), la DSN (déclaration sociale nominative), le compte pénibilité et les obligations de sécurité au travail, des vignerons estiment que la responsabilité des employeurs est devenue trop lourde.

Jérôme Santin, cogérant d'Aquitaine Viti-Services, à Saint-Magne-de-Castillon (Gironde), le constate. « Nous réalisons 60 000 heures de travaux manuels par an, ainsi que tous les travaux mécaniques ; et la demande est telle que nous pourrions en faire beaucoup plus. Nous avons deux types de clients : des investisseurs qui nous confient tous les travaux et des vignerons qui souhaitent déléguer la responsabilité des questions sociales. En faisant appel à nous, les vignerons n'ont plus à être en veille sur une législation sociale qui évolue très vite. Ils se déchargent aussi des obligations liées aux phytos. Cela leur permet de se concentrer sur le commerce, une partie qui est plus difficile à confier à d'autres intervenants. »

Stéphane Gsell observe que « les vignerons ne parlent pas de la DSN ou du DUE. Mais ils sont fatigués par les contraintes sociales et environnementales. Ils déplorent d'avoir à travailler plus pour gagner le même salaire. »

Une progression fulgurante

La prestation de services augmente dans tous les vignobles, mais il est difficile de quantifier cette hausse. Selon Agreste, entre 2010 et 2015, le nombre de saisonniers a progressé de 20 % chez les prestataires viticoles et les Cuma alors que les salariés permanents en viticulture n'ont vu leurs effectifs grimper que de 1,5 %. Outre les travaux manuels et mécaniques, les viticulteurs confient aussi de plus en plus l'édition des fiches de paie à des prestataires. À titre d'exemple, le Syndicat général des vignerons de Champagne (SGV), qui propose à ses adhérents de réaliser leurs fiches de paie, a vu son activité augmenter de 5,2 % en 2016, avec 13 427 fiches émises par mois hors vendanges.

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