En juin, la vigne a continué de pousser à vitesse grand V. Et les grappes ont grossi à vue d'oeil. Dans la majorité des régions, au 4 juillet, elles avaient déjà atteint le stade « fermeture de la grappe ». Dans les secteurs les plus précoces du Sud-Est, les premières baies vérées étaient même visibles.
« On a une avance de dix à quinze jours par rapport à 2016. Si les conditions restent favorables, les vendanges pourraient commencer dès le 15 août. Le 15 septembre, beaucoup de caves devraient avoir déjà terminé », prévient Emmanuel Rouchaud, de la chambre d'agriculture de l'Aude, qui alerte les viticulteurs sur ce point. Les caves doivent donc prévenir leurs adhérents et salariés d'ajuster leurs congés en conséquence.
Dans le Gard, la précocité du millésime était aussi au coeur des discussions. Sera-t-il exceptionnellement précoce ou pas ? Pour Bernard Genevet, de la chambre d'agriculture, tout dépendra de la situation hydrique, les vignes manquant d'eau. Dans le Var, l'avance était d'une semaine à dix jours par rapport à l'an passé. Mais, là aussi, la sécheresse inquiète les viticulteurs et les techniciens. « Dans certains cas, on note de forts ralentissements, voire des arrêts de croissance. Des feuilles commencent à se dessécher. S'il ne pleut pas dans les deux à trois prochaines semaines, cela va retarder la véraison », signale Marine Balue, de la chambre d'agriculture. C'est pourquoi les AOC Côtes de Provence et Coteaux varois ont obtenu de l'Inao une dérogation pour pouvoir irriguer les vignes de la fermeture de la grappe jusqu'à la mi-véraison.
En Alsace, la vigne a aussi poussé très vite. « On est passé de la fleur à la fermeture de la grappe en trois semaines au lieu de cinq habituellement. Les stades sont très précoces. On se rapproche de 2011 », observe Frédéric Schwaerzler, de la chambre d'agriculture. Sa collègue Marie-Noëlle Lauer confirme : « Les viticulteurs pourraient donner les premiers coups de sécateurs pour les crémants dès fin août-début septembre. Ils s'y préparent. »
En Bourgogne, le millésime se situe sur les mêmes bases que ceux de 2007 et 2009 où les viticulteurs avaient démarré les vendanges respectivement fin août et début septembre. « Les conditions climatiques de cet été vont dicter la suite », indique Benoît Bazerolle, de la chambre d'agriculture de Côte-d'Or.
En Champagne, l'avance est d'environ dix jours par rapport à la moyenne. Là encore, les vignerons pourraient débuter la récolte tout début septembre, voire plus tôt dans les parcelles très peu chargées.
À Cognac, la précocité est similaire à 2003. « Cette année-là, les viticulteurs avaient vendangé le 15 septembre », se rappelle Magdalena Girard, de la chambre d'agriculture.
Dans le Bordelais, l'avance est de trois semaines par rapport à l'an passé. Et l'écart entre les parcelles gelées et celles indemnes s'est réduit.
Le Point de vue de
Thibaut Llasera, responsable du vignoble à la cave La Malepère, à Arzens (Aude)
« Nous nous tenons prêts à vendanger fin août »
« Les vignes sont en moyenne au stade fermeture de la grappe. Et sur les plus précoces, comme le chardonnay et le pinot noir, on est même à la veille de la véraison alors que nous ne sommes que le 4 juillet. Aujourd'hui, nous avons donc une avance de dix jours par rapport à 2016. Nous prévoyons d'ores et déjà de récolter les premières parcelles la semaine du 28 août, soit une semaine plus tôt que l'an dernier. Nous avons déjà connu cela en 2015. Nous nous tenons prêts. Au niveau des rendements, nous avons subi le gel sur 400 à 450 ha, soit sur un quart du vignoble de la cave (1 800 ha au total). Cela va pénaliser notre récolte et celle de certains adhérents. Mais dans les parcelles indemnes, la récolte s'annonce de correcte à bonne. Quant à l'état sanitaire, il est bon mais les viticulteurs doivent rester vigilants vis-à-vis de l'oïdium, surtout sur les cépages sensibles. Nous sommes confiants. On se dirige vers un beau millésime. »