À l'entrée de Chinon, le caveau de Bertrand Couly ne passe pas inaperçu. Cette imposante ellipse en béton rouge, estampillée du logo du domaine et plantée au milieu d'une vigne ne peut qu'intriguer les automobilistes. « Nous avons fait le choix d'une architecture résolument moderne pour signifier la renaissance de notre domaine familial », explique Bertrand Couly.
En 2007, à la suite d'une succession, ce vigneron tourangeau recrée avec son père un domaine d'une vingtaine d'hectares. Les premières années, il accueille les clients à son domicile, avec sa femme. La fréquentation plafonne à 2 000 visiteurs par an.
Quand germe l'idée de construire un nouveau chai, c'est tout naturellement que le vigneron y inclut une salle de réception et de dégustation, accolée à la cave de vinification. « Quitte à bâtir, nous avons voulu nous démarquer des lieux de vente plus traditionnels, explique le vigneron. J'ai choisi un architecte qui n'avait jamais travaillé dans le secteur viticole pour qu'il porte un regard neuf. »
Le projet, initié en 2008, implique la construction d'un chai et d'un caveau de vente, mais sera mené en deux temps : d'abord le chai, mis en service pour les vendanges 2010, puis l'aménagement du caveau, ouvert au public en avril 2011. « Dès le départ, nous avons imaginé une synergie entre les deux parties du bâtiment en prévoyant une grande baie vitrée dans le prolongement du caveau, qui donne sur le chai semi-enterré et son alignement de cuves en Inox. Le caveau se situant au-dessus du chai, les visiteurs le surplombent et voient ce qui se passe en cave. Ils peuvent également se balader dans la vigne plantée aux abords du caveau. On met en scène la vigne et la cave pour que le visiteur soit plongé dans notre métier », confie Bertrand Couly.
L'intérieur de la boutique est à l'image de l'architecture extérieure : résolument contemporain. La salle de 150 m2 modulable peut recevoir des clients individuels comme des bus de quarante personnes. Coeur névralgique de cet espace, le bar en Inox concentre plusieurs fonctions : la dégustation, la présentation des vins sur le mur derrière le bar et la caisse. « Le stock de bouteilles étant derrière le comptoir, les clients voient les produits quand ils dégustent, mais ne peuvent pas les toucher, ce qui simplifie la surveillance quand on reçoit tout un bus », explique Bertrand Couly.
Pour présenter le domaine, des photos défilent sur des écrans. Un film montre le cycle de la vigne, les vendanges et les grandes périodes de la vinification. « Notre caveau est efficace et fonctionnel, mais il ne suffit pas d'avoir l'outil, encore faut-il le faire connaître. Pour cela, il nous a fallu apprendre le métier de vendeur et d'animateur de tourisme. » Pour en découvrir les rudiments, il se rapproche des offices de tourisme locaux et des tours opérateurs. Ces derniers lui enseignent la nécessité d'avoir une aire goudronnée pour accueillir les autocars. « Si un bus récupère ses passagers les pieds plein de boue, il ne reviendra pas. » Il a également compris l'intérêt de recruter, dans la restauration, des vendeurs pour son caveau. « Ils sont formés à l'accueil, je leur enseigne le vin », justifie-t-il.
Depuis 2014, le caveau accueille 10 000 visiteurs par an. Il frôle la saturation pendant les vacances d'été et lors des ponts du mois de mai. Il aura fallu deux ans pour que ces efforts portent leurs fruits.
Désormais, Bertrand Couly veut accroître la fréquentation en période plus creuse. Pour cela, le vigneron propose déjà des prestations payantes, sur réservation : visite découverte et dégustation (1 h 30, 7 € par personne), visite prestige avec balade dans le vignoble et visite du chai (2 à 3 heures, 27,50 € par personne). À partir de mi-juillet, son fils, qui envisage de rejoindre le domaine, lancera un escape game (jeu d'évasion). Enfermés dans un local clos, les candidats auront une heure pour résoudre des énigmes oenologiques et ouvrir la porte donnant accès au chai qu'ils pourront alors découvrir. Une offre inédite dans le monde du vin, susceptible d'attirer une nouvelle clientèle.