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PRÉCOCES, PEU ABONDANTES... Des vendanges hors normes

La vigne - n°300 - septembre 2017 - page 6

Le millésime 2017 restera dans les mémoires tant sur le plan de la précocité que des faibles rendements. Comment les vignerons et les caves ont-ils vécu ces vendanges ? Témoignages dans les régions.
VENDANGES LE 10 AOÛT (ci-dessus), chez Bruno Pastourel, au Château de la Peyrade, à Frontignan, dans l'Hérault. © MAXPPP

VENDANGES LE 10 AOÛT (ci-dessus), chez Bruno Pastourel, au Château de la Peyrade, à Frontignan, dans l'Hérault. © MAXPPP

ROBERT VIDAL, président des Vignerons de Saint-Georges-d'Orques (Hérault) : « On s'attend à une chute de 40 % de nos volumes. » © M. TRÉVOUX

ROBERT VIDAL, président des Vignerons de Saint-Georges-d'Orques (Hérault) : « On s'attend à une chute de 40 % de nos volumes. » © M. TRÉVOUX

JULIEN BOEHLER (ci-dessus), vigneron dans le Bas-Rhin : « Nous débutons les vendanges le 30 août avec huit jours d'avance sur notre prévision. » © C. REIBEL

JULIEN BOEHLER (ci-dessus), vigneron dans le Bas-Rhin : « Nous débutons les vendanges le 30 août avec huit jours d'avance sur notre prévision. » © C. REIBEL

BRUNO MARTIN, du Château Roland La Garde, en Gironde : « Nous produisons habituellement 55 000 hl. Si on atteint 35 000 hl, ce sera déjà bien. » © DR

BRUNO MARTIN, du Château Roland La Garde, en Gironde : « Nous produisons habituellement 55 000 hl. Si on atteint 35 000 hl, ce sera déjà bien. » © DR

Languedoc

Des volumes à pleurer

« Depuis trente ans que je suis installé, je n'ai jamais connu de récolte aussi précoce. » Robert Vidal, président de la cave de Saint-Georges-d'Orques (Hérault), n'en revient pas. Cette année, la coopérative a réceptionné ses premiers raisins le 11 août. Le 31, sa machine à vendanger récoltait un cabernet-sauvignon. « Il titre déjà 14,8 % vol. C'est incroyable ! Le 10 septembre, on aura quasiment tout rentré », observe-t-il. Les faibles volumes contribuent à la brièveté de cette récolte : « On s'attend à une chute de 40 % de nos volumes. En 2016, nous avions une belle récolte avec 24 000 hl. Cette année, on risque de tomber à 15 000 hl. »

Dans le nord montpelliérain, la coop Les Coteaux du Pic, à Saint-Mathieu-de-Tréviers (Hérault), n'est pas mieux lotie : « C'est une année catastrophique, s'inquiète le président Thierry Vacher. Cette année, nous cumulons le gel, la coulure des grenaches et la sécheresse estivale, avec pas une goutte d'eau depuis le 1er juin. En outre, les 1 000 ha grêlés en 2016 ont faiblement produit. Ainsi, nous n'avons récolté que 500 tonnes de merlot contre 1 100 à 1 200 t habituellement. Et les rendements en jus sont misérables. Normalement, nous produisons de 50 000 à 55 000 hl. L'an dernier, nous sommes tombés à 39 000 hl et, cette année, on risque de chuter à 30 000. »

Thierry Vacher s'inquiète également des blocages de maturité de la syrah : « Dans certaines parcelles, la maturité phénolique peine à être atteinte à cause du stress hydrique. Nous avons déjà rentré les jeunes vignes qui souffraient d'un blocage total. Dans les parcelles moins chargées, on attend. Ce sont donc des vendanges en dents de scie. On fait de très petites journées. »

Au domaine Les Yeuses, à Mèze (Hérault), en bordure du bassin de Thau, Michel Dardé, qui exploite en famille un vignoble de 80 ha, s'attend lui aussi à une petite récolte, mais rien de dramatique. « On va perdre 20 % des volumes par rapport à l'an dernier », estime-t-il. Dans ce secteur, le vignoble a moins souffert de la sécheresse. « On a eu beaucoup d'eau en automne et en hiver. Les vignes sont restées très belles. La baisse de volume est davantage liée aux températures caniculaires qu'à la sécheresse. » Le parfait état sanitaire des raisins lui fait espérer un millésime très qualitatif, notamment en rouge. « On fera certainement moins de rosé pour privilégier les rouges et tirer le meilleur parti de ces raisins magnifiques. » M. T.

Provence

Tir groupé

« Nos chardonnays étaient prêts dès le 8 août, relate Robert Cheylan, propriétaire du Château Virant (200 ha dans les Bouches-du-Rhône). Mais nous ne les avons rentrés que le 14 pour laisser une semaine de congés supplémentaire à notre équipe. » Le 5 septembre, il ne restait plus que quelques cabernets sur pieds. « Nous leur laissons le temps d'atteindre des maturités optimales. Nous devrions terminer autour du 15. » En cave, les jus ont été refroidis avant le pressurage et sont aussi qualitatifs qu'en 2016. Il ne manque que le volume. « Nous avons perdu 30 %. Nos grenaches et, dans une moindre mesure, nos carignans et cinsaults ont beaucoup souffert du froid avant la floraison. »

Au Muy (Var), c'est la sécheresse qui a surpris certains des fermiers de Jean-Paul Neu, directeur du Château du Rouët (100 ha). « Ceux qui n'ont pas apporté assez d'engrais foliaire ou n'ont pas traité de nuit ont rentré moitié moins de raisins. Au global, nous avons perdu 20 % de la récolte », explique-t-il.

Il a lancé les vendanges le 23 août, deux semaines plus tôt qu'en temps normal. « La température atteignait encore les 28 °C au petit matin. Heureusement, je suis très bien équipé en froid. » Tous ses rosés sont en cuve. Ne restent que le rolle et quelques mourvèdres et carignans tardifs. « En revanche, les syrahs se sont très vite chargées en sucre, et j'ai dû les rentrer avant leur maturité phénolique optimale », regrette-t-il.

À Pertuis (Vaucluse), Nathalie Souzan, à la tête du Château Grand Callamand, est fatiguée mais ravie. Elle a débuté ses contrôles de maturité le 8 août, alertée de la précocité par des vignerons voisins. Elle a finalement rentré le sauvignon le 25, avec huit jours d'avance. Depuis, elle n'a pas arrêté : « Les vendanges sont très groupées. Nous avons rentré les dernières syrahs et les grenaches le 6 septembre. Le merlot récolté la veille titrait déjà 15 % vol. » Ayant réussi à arroser 11 ha sur 22, ses volumes corrects et ses jus parfumés augurent d'un bon millésime. M. B.

Côtes-du-Rhône

Comme en 2003

À La Suzienne, coopérative de Suze-la-Rousse (Drôme), les vendanges ont débuté le 21 août pour les blancs et les rosés, une date similaire à 2003, année de la canicule. « À la cave, tout était prêt depuis le 17 août. Mais il a parfois fallu insister auprès de nos adhérents pour qu'ils commencent leurs blancs. Ils n'ont pas l'habitude de vendanger aussi tôt », confie Alain Bayonne, le directeur. La récolte de la syrah a, elle, démarré le 4 septembre. « On a avancé la date pour les parcelles en stress hydrique afin d'éviter de perdre des volumes », justifie-t-il.

La sécheresse et les températures caniculaires ont fait fondre la récolte. « Il n'a plu que 2 à 3 mm depuis le 4 juin. Les grains sont très concentrés, presque flétris », constate Jean-Luc Monteillet, du domaine de Montine, à Grignan (Drôme), qui prévoit une chute de 20 à 50 % de sa production selon les cépages. À la cave La Romaine, à Vaison-la-Romaine (Vaucluse), le directeur Philippe Coste se réjouit d'être dans un secteur plus tardif : « On a bénéficié de 25 mm d'eau quinze jours avant la récolte des syrahs. On va pouvoir les amener à une belle maturité. Le millésime s'annonce très qualitatif. » Côté volume, c'est une autre histoire. Le gel a sévi dans le Ventoux, et la cave ne pourra produire que 2 500 hl en AOC Ventoux contre 7 500 hl habituellement. Et là, comme dans toute la vallée du Rhône, le grenache a une nouvelle fois démontré sa sensibilité à la coulure. Prévoyant, Alain Bayonne a anticipé cette chute de production. Il a réduit le nombre de saisonniers et les produits oenologiques. Il a aussi reporté des investissements : « On risque de perdre 20 000 hl pour tomber à 60 000 hl. Économiquement, ce sera dur. » Les fortes chaleurs de la fin août l'ont également obligé à réorganiser les vendanges. « Habituellement, on ne récolte de nuit que nos blancs et rosés. Cette année, on l'a aussi fait sur les rouges les premiers jours. »

À la dégustation, les premiers moûts en cours de fermentation offrent un nez franc, avec des arômes davantage sur le fruit mûr que frais. « On sent un beau potentiel pour les blancs. Pour les rouges, ça devrait être encore mieux », prédit Alain Bayonne. M. T.

Alsace

Peu mais de qualité

Le gel qui a touché 3 500 ha devrait amputer la récolte 2017 d'au moins 200 000 hl. « Les dégâts sont sérieux dans notre secteur », confirme Nicolas Garde, oenologue à la cave Jean Geiler (400 ha) dans le Haut-Rhin. « Les parcelles à 30, 40 ou 50 hl/ha, voire 20 hl en gewurztraminer, sont fréquentes. Les raisins d'un même pied sont hétérogènes et les maturités très avancées. La récolte a démarré le 24 août, comme en 2011. Nous étions quasiment prêts depuis le 1er août. Les premiers jus sont sortis à 27-28 °C du pressoir et les fermentations bien parties. Je n'ai pas constaté de réduction. 2017 est très prometteur. »

À Molsheim, Julien Boehler s'attend à un rendement moyen de 55 hl/ha au domaine familial de 8,5 ha. Autant qu'en 2016. « Je suivais mes parcelles depuis le 15 août. Le taux de sucre est monté très vite. Ce n'est que la deuxième fois que nous débutons les vendanges le 30 août avec huit jours d'avance sur notre prévision. Nous avons rappelé en urgence notre équipe de dix habitués. Soleil et chaleur ont séché le botrytis favorisé par des attaques de guêpe. Les rendements en jus sont ainsi supérieurs de 5 à 10 % comparés à 2016. » C. R.

Champagne

Vigilance lors du tri

2017 est le troisième millésime le plus précoce, après 2003 et 2011. Beaucoup de vignerons l'avaient anticipé, à l'instar de Christine Scher-Sévillano, qui exploite 8 ha à Vincelles (Marne). Elle a donné les premiers coups de sécateurs le 5 septembre et est confiante : « Nous avons gelé sur quelques parcelles, mais le reste a été épargné. Les degrés sont là, l'acidité aussi. Avec le risque de pourriture - maîtrisé pour l'instant-, il faut être vigilant au moment du tri. » Pas de problème pour trouver ses 23 vendangeurs : « J'en avais recruté six l'an dernier qui reviennent cette année ! »

Pour Cédric Moussé, vigneron à Cuisles (Marne), les vendanges ont débuté le 8 septembre avec une équipe fidèle. Au 1er septembre, la maturité moyenne de son vignoble était de 8,5°. « J'attends d'approcher les 10° pour avoir une belle maturité aromatique, précise-t-il. Grâce à un palissage soigné, à de l'enherbement à 100 % depuis le 20 juin et à un gros effeuillage au soleil levant, je n'ai pas de pourriture à ce jour. » A. L.

Val de Loire

Rendements incertains

Dans l'Anjou et le Muscadet, les vendanges ont débuté fin août. Malgré la météo exceptionnelle de cet été, les prévisions de rendement restent incertaines. « Nous avons gelé à 40 %. Même si nous avons eu un bel été, nous ignorons encore si les parcelles indemnes vont produire beaucoup », affirme Laurent Poiron, viticulteur à Château-Thébaud, dans le Muscadet. Même prudence dans l'Anjou, où le manque d'eau commence à se faire sentir. « Certaines grappes ont grillé sur pied après les fortes chaleurs subies la semaine du 21 août », explique Hubert Deffois, du Château de Brossay, à Cléré-sur-Layon.

Avec la canicule, la maturité a évolué très vite. « Nous avons attaqué les vendanges le 28 août. Pour l'heure [le 1er septembre, NDLR], nous avons récolté 5 ha de chardonnay avec un taux de sucre à 12°. C'est presque trop pour nos crémants. Et au goût, j'ai l'impression que l'acide malique commence à se dégrader. J'attends le résultat des premières analyses », ajoute Hubert Deffois.

Dans les parcelles gelées, la récolte s'annonce plus laborieuse. « Nous avons 15 jours de décalage de maturité entre les ceps gelés et les autres. Dans certaines parcelles, nous allons donc devoir récolter à la main en effectuant deux passages », concède Laurent Poiron. L. M.

Bourgogne - Beaujolais

Un besoin en urgence de vendangeurs

Les vendanges ont commencé plus tôt que prévu, accélérées par le manque d'eau et les fortes chaleurs de fin août. Les chardonnays destinés aux crémants ont été récoltés entre dix jours et trois semaines d'avance selon les zones, les premiers coups de sécateurs ayant été donnés le 20 août dans le sud. Pour les gamays, la récolte, là aussi très précoce, a débuté le 27 août, soit trois semaines plus tôt qu'en 2016.

Autre conséquence des températures excessives : des écarts de maturité plus resserrés d'une parcelle et d'un cépage à l'autre, voire parfois inversés entre les secteurs précoces et tardifs dans les parcelles ayant gelé. Mais l'effet de surprise a été moins grand qu'en 2003, les vignerons et personnels de cave étant déjà rentrés de vacances et quasiment prêts. « Cela nous a surpris mais sur un laps de temps très court, à deux ou trois jours près, grâce aux contrôles de maturité réguliers », témoigne Philippe Thillardon, président de la cave Œdoria (Rhône). Celle-ci a ainsi dû ouvrir ses trois sites de production simultanément pour pouvoir accueillir les raisins destinés aux crémants.

« La date de floraison nous donnait des vendanges pour le 5 septembre. La forte chaleur d'août les a avancées. Cela nous a un peu pris au dépourvu et nous avons eu une semaine de moins pour nous organiser », reconnaît Laurent Tripoz, vigneron à Loché (Saône-et-Loire), qui a commencé à récolter le 27 août.

La bousculade a surtout été du côté des acheteurs de raisins, qui ont dû s'organiser dans la précipitation pour acheminer et accueillir d'importants volumes d'un seul coup. Les vignerons, eux, ont dû gérer le recrutement des « coupeurs » et « porteurs » en catastrophe. Les petites annonces, le bouche-à-oreille ou le dépannage de dernière minute entre collègues ont permis de monter les équipes nécessaires en un temps record. « L'avantage de vendanger en août, c'est que l'on trouve des jeunes et des étudiants plus rapidement car ils n'ont pas encore repris leurs cours », se réjouit Laurent Tripoz, qui a réussi à embaucher 30 personnes une semaine avant ses vendanges. « J'ai réussi à trouver 25 coupeurs grâce à des amis viticulteurs qui m'ont prêté leur équipe », témoigne de son côté Bruno Béraire, vigneron au Perréon (Rhône).

Plus que la précocité, c'est le manque de volume qui a marqué et qui continue d'inquiéter. Dans le Beaujolais, les rendements du gamay et surtout du chardonnay sont bas, voire très bas, à cause tout à la fois du gel, de la coulure et de la sécheresse. « On vendange ce qu'il y a. On ne pensait pas avoir aussi peu », commente Philippe Thillardon. En Saône-et-Loire, les volumes récoltés pour ce même cépage sont très hétérogènes selon les domaines, pour les mêmes raisons. Ainsi, ceux de Laurent Tripoz, dont les vignes sont conduites en bio, s'annoncent « corrects », tandis que ceux de son voisin sont très bas, proche de 25 hl/ha. J. C.

Bordeaux - Bergerac

Une demi-récolte

Les millésimes précoces ? Gilles Vernhes n'en est pas à son premier. Le responsable technique de la cave coopérative de Sigoulès (900 ha, 80 adhérents), en Dordogne, s'y était donc préparé : « C'est le troisième depuis 2011. Les contrôles de maturité ont été lancés le 7 août. Le top départ pour les vendanges en blanc a été donné le 30 août - soit avec 15 jours d'avance -, dès 6 heures du matin, avec un personnel saisonnier fidèle au poste. ».

En Gironde, Bruno Martin, à la tête de Château Roland La Garde (30 ha en biodynamie) en AOC Blaye-Côtes de Bordeaux, n'a pas non plus été surpris par la précocité. « En 2011, on a vendangé fin août », se souvient-il. Cette année, il a donné les premiers coups de sécateurs dès le 28 août, tôt le matin, pour les blancs. Mais ce qui est exceptionnel pour la région, ce sont les faibles volumes. À la cave de Sigoulès, 40 % des surfaces ont gelé. « Nous produisons habituellement 55 000 hl. Si on atteint 35 000 hl, ce sera déjà bien », lâche Gilles Vernhes. Bruno Martin a eu plus de chance : seulement 15 % de son parcellaire a gelé. Ses volumes devraient être dans la norme avec 40 hl/ha. Et la qualité est au rendez-vous. « On n'a pas eu de raisins grillés ni de stress hydrique. Un beau profil aromatique se dégage », se réjouit-il. C. G.

La plus petite récolte depuis 1945

La récolte 2017 sera exceptionnellement basse à cause du gel de printemps et de la sécheresse estivale. C'est ce qu'a annoncé Jérôme Despey, président du conseil des vins de FranceAgriMer, le 25 août à la presse : « Je crains qu'elle soit inférieure à 37 millions d'hectolitres. » Une heure avant, le ministère de l'Agriculture avait publié des prévisions autour de 37,2 Mhl (contre 45,5 Mhl en 2016). Jérôme Despey n'y croit pas en raison de la sécheresse qui règne dans son bassin, le Languedoc-Roussillon, où le ministère mise sur 11,4 Mhl là où les producteurs pensent rentrer moins de 11 Mhl. « Ce sera la plus petite récolte depuis 1945 », a-t-il déploré. Dans le Bordelais, le ministère prévoit moitié moins qu'en 2016. Idem dans le Jura. Ailleurs, les volumes seraient amputés de 30 % dans les Charentes, de 18 % dans le Sud-Ouest, de 14 % dans le Sud-Est et de 27 % en Alsace par rapport à 2016.

BENJAMIN BANTON, DE BANTON LAURET (GIRONDE), ENTREPRENEUR DE TRAVAUX « Un tiers de nos machines à vendanger ne tourneront pas »

Le recrutement du personnel pour les vendanges devient un calvaire ! Et, cette année, la précocité des vendanges n'aide pas. Normalement, à cette date [le 1er septembre, NDLR], nous enregistrons déjà 1 000 candidatures. Actuellement, nous n'en avons que 600. D'autant plus qu'avec le gel qu'a subi la région bordelaise, nous avons une plus forte demande des viticulteurs pour les vendanges manuelles. Dans les parcelles où la récolte est trop maigre, ça ne vaut pas le coup de sortir la machine. Et dans celles où il existe des décalages de maturité entre les ceps qui ont gelé et les autres, les viticulteurs souhaitent que nous fassions deux passages à la main. Nous avons 39 machines à vendanger. Mais, cette année, un tiers d'entre elles ne tourneront pas. En outre, nous allons devoir faire face à une autre difficulté : garder les vendangeurs plus longtemps. Car, même si la récolte est faible, elle va s'étaler sur six à sept semaines. Habituellement, les vendanges durent un mois. Mais là, il y a un décalage de maturité de 3 semaines entre les parcelles qui ont gelé et celles qui ont été épargnées. On risque de perdre les vendangeurs étudiants pour la deuxième partie de la récolte.

L'Espagne et l'Italie logées à la même enseigne

Nos voisins européens n'ont pas été épargnés par le gel et la sécheresse. L'Italie voit ainsi sa récolte amputée de 24 % par rapport à 2016. Ce chiffre pourrait encore être revu à la hausse si le manque d'eau persistait. Mais avec un volume prévisionnel de 41,1 Mhl, selon l'Assoenologi (l'association des oenologues italiens), le pays devrait conserver son titre de premier producteur mondial. La Sicile est particulièrement touchée par la baisse des volumes (- 35 % par rapport à 2016). L'Espagne, elle, attend une vendange à 38,3 Mhl (- 13 % par rapport à 2016). Elle dépasserait donc la France sur le podium des pays producteurs. Comme dans l'Hexagone, ces deux pays connaissent des vendanges très précoces. Dans la Mancha, principale région productrice d'Espagne, elles ont démarré autour du 5 août, avec une vingtaine de jours d'avance.

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