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VIGNE

Drone Premiers traitements

JULIETTE CASSAGNES - La vigne - n°302 - novembre 2017 - page 66

Le 26 octobre a eu lieu la première démonstration de pulvérisation par drone dans le Valais, en Suisse. Une solution très prometteuse pour les vignes en pente.
LE DRONE AGROFLY a survolé une prairie en suivant un plan de traitement préprogrammé. © J. CASSAGNES

LE DRONE AGROFLY a survolé une prairie en suivant un plan de traitement préprogrammé. © J. CASSAGNES

Après dix-huit mois de recherche et développement, les feux sont au vert pour la société suisse AgroFly. Son drone de pulvérisation est au point et autorisé à voler dans son pays. Dès 2018, AgroFly commercialisera son engin et l'utilisera pour des traitements en prestation de services. Principal marché visé : les vignes en forte pente autrefois traitées par hélicoptère. « Je ne propose pas seulement un drone, mais une solution de pulvérisation de haute précision qui se trouve être mue par un drone », précise son concepteur Frédéric Hemmeler, fier de présenter pour la première fois sa machine à la presse, le 26 octobre, dans le Valais.

Construit en carbone et en aluminium, le drone est un hexacoptère : il possède six bras, chacun doté d'une hélice. L'ensemble mesure 2 mètres de diamètre et embarque un réservoir de bouillie de 15,5 litres. Quatre des six bras transportent une buse au bout d'une petite perche. Celles-ci sont alimentées par une pompe délivrant 8 bars. Toutes sont équipées d'un antigoutte et d'un filtre. Pour faciliter leur démontage et leur nettoyage, elles sont juste clipsées sur les perches.

« Nous avons conduit des essais avec différents produits : du soufre à 7 kg/ha, de la bouillie bordelaise et de la peinture de chaux très pâteuse pour blanchir les serres. Nous n'avons jamais constaté de bouchage », assure Didier Ançay, ingénieur agronome d'AgroFly.

Le drone exécute les traitements soit télécommandé par un pilote, soit en suivant un plan de vol établi à l'avance. Dans ce second cas, il faut lui fournir les coordonnées GPS et la topographie de la parcelle à protéger, l'écartement et l'orientation des rangs. Dès lors, le vol peut être programmé au centimètre près.

C'est à une démonstration de ce type que nous avons assisté ce 26 octobre. Mais, au lieu d'une vigne, le drone a pulvérisé une prairie. Il s'est envolé en faisant peu de bruit. « Autour de 86 décibels, soit nettement moins qu'un hélicoptère », précise Frédéric Hemmeler.

Au-dessus de la prairie, le traitement s'est enclenché seul, puis l'appareil a suivi son plan de vol. « Nous travaillons à environ 1,50 m au-dessus de la végétation, explique le concepteur. C'est à cette hauteur que nous observons les meilleurs résultats. Notez que le flux d'air des rotors plaque les gouttelettes vers le bas, sur les feuilles, et rend la dérive presque nulle. Aussitôt que le drone sort d'un rang, le traitement s'arrête. Peu bruyante et produisant peu de dérive, notre solution réduit les nuisances pour les riverains. »

L'appareil a d'ailleurs obtenu la classification allemande JKI, qui atteste d'une réduction de 50 à 75 % de la dérive par rapport à un traitement par hélicoptère.

Environ six minutes après l'envol, le traitement s'arrête, la cuve étant vide. Le drone revient automatiquement au ravitaillement. Le plein fait, il repart vers l'endroit précis où il s'est arrêté de traiter, et dont il a gardé les coordonnées en mémoire.

À raison de 100 l/ha et d'une vitesse de vol de 12 km/h, il faut compter 45 min pour traiter une parcelle carrée d'un hectare. Durant ce temps, le réservoir doit être réapprovisionné sept fois et les batteries changées trois fois, chaque jeu durant 20 min.

Dans sa configuration actuelle, le drone convient au traitement des vignes étroites. Pour protéger les grappes et pour pulvériser les vignes larges, AgroFly met au point une sorte de pendillard qui s'accrochera à l'arrière du drone, hors du flux d'air des rotors.

La jeune entreprise finalise également son offre commerciale. Elle annonce un prix autour de 45 000 euros pour son appareil, la formation à son utilisation et la cartographie des parcelles à protéger.

Un espoir pour les vignes en pente

L'arrivée des drones de pulvérisation redonne espoir à une poignée de vignerons d'Alsace, du Beaujolais et de Côte-Rôtie. Depuis l'interdiction des traitements par hélicoptère, ils ont dû s'équiper de chenillards, d'atomiseurs à dos ou de canons : des solutions plus dangereuses, plus pénibles ou plus polluantes. Avec l'appui de la FNSEA, ils veulent faire sauter l'interdiction de tout traitement par aéronef. En avril, les domaines alsaciens Schlumberger, à la pointe de ce combat, ont invité plusieurs administrations à constater la pénibilité et la dangerosité des traitements dans leurs vignes à plus de 45° de pente. Les invités ont eu droit à une démonstration de vol de drone. Une nouvelle réunion devait se tenir début novembre, à Paris, avec AgroFly pour convaincre les pouvoirs publics des mérites de cette nouvelle technologie.

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