«Nous avons acheté du muscadet AC et du muscadet-sèvre-et-maine-sur-lie en moûts. Maintenant, on attend de voir le résultat des négociations commerciales avec la grande distribution et l'export pour ajuster nos achats de vins », explique ce négociant qui s'estime couvert pour une bonne partie de ses besoins.
« Globalement, les acheteurs ont ce qu'il faut jusqu'au printemps, confirme le courtier Hervé Luneau, fin connaisseur du marché du muscadet. Certains avaient anticipé la faible récolte 2017 en achetant un peu plus de vins de 2016. »
Pas étonnant, donc, que la campagne de vente des vins commence moins vite que l'an dernier. Philippe Patron, vigneron à Saint-Philbert-de-Grandlieu, ne s'en soucie pas. Il exploite 17 ha au total dont 12 de muscadet. Il est en « négociation » pour son muscadet AC dont il a produit 700 hl. « Il y a de la demande. C'est bien engagé », observe-t-il. Surtout au niveau des prix.
Car si les volumes échangés reculent, les prix, eux, sont à la hausse. Le muscadet gagne 28 % par rapport à la campagne précédente à la même époque, à 162,40 €/hl (cours moyen sur quatre mois de campagne). Le muscadet-sèvre-et-maine-sur-lie augmente de 20 %, à 182 €/hl, selon l'interprofession. Durant les vendanges, les moûts de muscadet AC avaient déjà pris 11 % par rapport à 2016, à 150 €/hl. Et ceux de muscadet-sèvre-et-maine-sur-lie avait augmenté de 6 %.
Comme l'ensemble de la filière, Philippe Patron se veut prudent face à ces hausses. « On reste tous marqués par le traumatisme de 2008 », rappelle-t-il. À cause du gel, les prix avaient tellement augmenté que les consommateurs avaient boudé les vins.
Depuis, de l'eau a coulé sous les ponts nantais. « Les producteurs font un effort pour que les prix restent cohérents, même ceux qui ont beaucoup gelé et pour qui c'est difficile », souligne Hervé Luneau.
Avec 280 000 hl, 2017 est une nouvelle petite récolte après celle de 2016, qui s'était élevée à 245 000 hl seulement. Mais avec les stocks à la propriété - 196 000 hl fin juillet -, les marchés seront alimentés sans excès. Autant dire qu'il faudra du raisin en 2018.