Huit phytos (alias produits phytopharmaceutiques) utilisables en ZNA ont vu de nouvelles autorisations depuis juin 2011. Sept d'entre eux sont réservés aux professionnels.
Trois sont doublement notables. D'abord il s'agit d'insecticides, secteur parent pauvre de l'innovation l'an dernier (voir encadré).
Ensuite, et là c'est une confirmation de tendance, ils sont « bios ». Autrement dit d'origine biologique et « UAB » c'est-à-dire utilisables en agriculture biologique. Inventaire.
Insecticides
Champignon vivant contre l'otiorhynque
Commençons par Met 52 Granulé. Cet insecticide est à base de la souche F52 de Metarhizium anisopliae. Produit par Novozymes et distribué par Everris France, il consiste en spores de ce champignon entomopathogène enrobant des grains de riz.
Ce nouveau bio-insecticide s'incorpore dans le sol, pleine terre ou conteneurs, pour protéger les végétaux contre l'otiorhynque Otiorhynchus sulcatus, charançon très nuisible aux jeunes arbres et arbustes d'ornement (AAO) et aux cultures florales car sa larve raffole de leurs racines. Le produit intéresse les pépinières, qui sont en majorité des exploitations agricoles, mais aussi les gestionnaires d'espaces verts produisant une partie de leurs végétaux (collectivités territoriales importantes, etc.) et/ou en butte à une attaque d'otiorhynque sur végétaux en place en container.
Il est promis comme aussi efficace que les insecticides conventionnels autorisés contre ce ravageur. Et il a par ailleurs un excellent profil toxicologique et écotoxicologique, autrement dit il est plus sûr pour l'utilisateur ainsi que pour l'environnement. C'est reconnu : il est officiellement « exempté de classement ».
Extrait bactérien contre papillon palmivore, processionnaires, etc.
Place ensuite à l'extension d'emploi du Conserve. Ce produit de Dow AgroSciences est à base de spinosad produit par une bactérie naturelle. Lui aussi exempté de classement, il était déjà autorisé depuis 2006 contre les thrips sur CFD (cultures florales diverses) et rosier, mais sous serre seulement. Il vient de se voir attribuer plusieurs extensions d'emploi (Tableau 1). Il faut souligner trois cibles importantes, toutes des lépidoptères.
Il s'agit du vorace papillon palmivore d'une part, et des urticantes chenilles processionnaires du chêne et du pin d'autre part.
Huile essentielle d'orange contre les aleurodes
Le troisième insecticide se nomme Prev'Am (second nom : Limocide). Il s'agit là encore d'une extension d'emploi mais ce produit de Vivagro lancé en 2009 n'était autorisé que sur tomate et concombre sous serre.
En zones non agricoles (ZNA) et pour la production agricole de cultures ornementales, il est désormais utilisable contre les aleurodes sur CFD et rosier.
C'est un produit biologique d'origine végétale. À base d'huile essentielle d'orange douce, il agit en desséchant la cuticule d'insectes de petite taille, cas des aleurodes. Mais il n'agit pas que sur des insectes…
Fongicides
Encore l'huile essentielle d'orange
En effet, il a aussi des usages fongicides, car il « sèche » aussi les champignons ! Ceux qui restent en surface des végétaux bien sûr.
Il est donc désormais autorisé sur AAO, CFD et rosier contre l'oïdium et sur chrysanthème contre la rouille blanche.
Comment trouvera-t-il sa place dans la pharmacopée fongicide ? Affaire à suivre.
Trois plus classiques
Les trois autres fongicides sont classiques. Le botrytis, alias pourriture grise, est la cible de Papyrus 400, d'Agriphar, lancé en 2011 sur rosier. La spécialité est nouvelle mais sa substance active, le pyriméthanil, était déjà connue sur végétaux d'ornement dans Scala et Toucan autorisés sur CFD.
Acrobat M DG et Lectra DF, deux anti-mildiou frères de Basf Agro associant le dimétomorphe au mancozèbe, se sont vus autorisés contre maladies diverses sur AAO et contre mildiou sur rosier.
Enfin Merpan SC, de Makhteshim Agan, est autorisé contre maladies diverses sur AAO. Ce produit est utilisé en agriculture depuis plus de 20 ans, mais c'est la première fois que son principe actif, le captane rescapé des années 60, est autorisé en ZNA.
Les herbicides
Plutôt des débroussaillants
Plus novatrices sont les deux autorisations d'herbicides-débroussaillants.
D'une part Garlon Next et son cousin Icade, de Dow AgroSciences associent le triclopyr et l'aminopyralide, substance très récente (sa première autorisation date de l'an dernier, voir encadré). Ils sont autorisés pour la dévitalisation des broussailles sur pied et ceci en traitements généraux, autrement dit partout. Au pied des arbres, avant de semer un gazon… Ou sur n'importe quelle parcelle embroussaillée et/ou à remettre en culture, car c'est aussi un produit agricole.
Aussi ou peut-être surtout… sera-t-il proposé dans les circuits « espaces verts » ? En tout cas, son usage est autorisé à tout applicateur professionnel, y compris en ZNA. Atout, il est exempté de classement.
Et puis Defrich E, association de 2,4-D et de triclopyr d'Agriphar vendue par BHS et déjà utilisée pour dévitaliser les arbres sur pied y compris en ZNA, a eu des extensions d'emploi, notamment en ZNA-EV (espaces verts) sur zones herbeuses.
À noter : c'est le seul des produits présentés ici à bénéficier de la mention EAJ (emploi autorisé dans les jardins) qui autorise son usage par des amateurs. Mais il est vendu aussi aux professionnels.
Tableau 1 - Nouveautés depuis juin 2011 en matière de produits phytos destinés aux ZNA (zones non agricoles), espaces verts comme jardins
N.B. : AAO = arbres et arbustes d'ornement. CFD = cultures florales diverses.
En gras-italique, les noms des produits dont l'autorisation représente l'arrivée en ZNA d'une nouvelle substance active (même si elle était autorisée en agriculture auparavant).
Comparons les années
De juin 2010 à mai 2011, on avait vu arriver neuf nouveautés utilisables en ZNA : six réservées aux professionnels et trois autorisées aux amateurs (mention EAJ).
Il y avait trois herbicides « pros » :
- Devatol, à base d'acide pélargonique ;
- Valdor Expert, associant le DFF (diflufénicanil) et le iodosulfuron-méthyl-sodium ;
- un mix d'aminopyralide et de fluroxypyr qui semble n'être pas vendu en ZNA (il l'est sur prairies et graminées fourragères sous le nom d'Opti-Pré).
Il y avait aussi trois fongicides :
AQ10, à base du champignon Ampelomyces quisqualis ;
- Serenade Max, à base de la souche 173 de la bactérie Bacillus subtilis ;
- Ranman Top, à base de cyazofamide.
Les trois produits EAJ étaient un fongicide (Serenade Jardins, frère de Serenade Max) et deux herbicides (Finalsan AF, à base d'acide pélargonique comme Devatol, et Actirose Plus, à base d'oxadiazon et pendiméthaline).
Côté insecticide, les seules nouveautés visaient le marché amateurs pour des substances déjà connues : lambda-cyhalothrine (Karaté K jardin, contre les scolytes) et acétamipride (nouvelles formulations de la gamme Polysect). Nette différence avec cette année !
Mais, ressemblance, on notait déjà une montée en puissance du naturel : produits biologiques (AQ 10, Serenade Max, Serenade Jardin) ou leur copie (Devatol, Finalsan AF).