ÉDITORIAL

LE PAPILLON, LE BUIS ET L'IMPERMANENCE

PAR MARIANNE DECOIN, RÉDACTRICE EN CHEF - Phytoma - n°717 - octobre 2018 - page 3

Si l'on était complotiste, on dirait que la pyrale du buis a été sciemment envoyée d'Extrême-Orient vers l'Europe pour persuader les têtes de mule occidentales que nous sommes de l'impermanence des choses - concept bouddhiste s'il en est.

Eh oui, le buis, symbole de longévité, supportait sans souci les tailles « en broderie » les plus sévères et celles des topiaires les plus extravagants, se passant de traitements phytosanitaires et poussant partout, même sauvagement sur les pentes ardéchoises, vosgiennes ou drômoises. On le croyait indestructible. Et voilà ce superbe parangon de la permanence dévasté par les mignonnes chenilles d'un joli petit papillon... Où placer la beauté du monde là-dedans ? Nous l'ignorons. En tout cas, la pyrale partage avec des maladies fongiques, en compagnie desquelles elle joue les associations de malfaiteurs, la vedette d'un colloque scientifique. Celui-ci est organisé à Tours par Végéphyl(1) les 16 et 17 de ce mois d'octobre. On y parlera de moyens biologiques de protéger le buis, mésanges incluses, voir p. 14 et 24. Mais ce numéro évoque aussi en p. 8 les pratiques pour réduire l'usage des herbicides sans perdre du rendement en grandes cultures, en p. 27 le biocontrôle sur les palmiers, en p. 41 des auxiliaires de lutte biologique qui se pulvérisent... Voyons, un produit pulvérisé, en principe, c'est un produit phyto, alias pesticide ? Plus maintenant ! Impermanence de la technique...

(1) Végéphyl - Association pour la santé des végétaux, nouveau nom de l'Association française de protection des plantes, voir p. 4.

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