« Il est temps de redonner un élan à la filière viticole, prestigieuse et qui constitue un élément de notre identité nationale, a déclaré Bruno Le Maire à l'issue d'une réunion avec les principaux dirigeants de la filière viticole, le 18 novembre. On ne peut pas continuer avec vingt-six interprofessions. Il en faut une par région de production qui regroupe tous les vins à indication géographique de la région. » Lorsque les journalistes lui ont demandé combien il devait rester d'interprofessions, il a répondu : « Dix : cela me paraît être un bon chiffre. »
Puis, Bruno Le Maire a ajouté qu'il voulait aussi la création d'un « fonds pour soutenir le commerce de nos produits à l'étranger » et la recherche viticole. Ce fonds serait « alimenté par la viticulture elle-même », en clair par les cotisations interprofessionnelles. Et il a menacé la profession de passer par la loi si elle ne lui remettait pas rapidement des propositions dans son sens. Les interprofessions ont froidement accueilli ces déclarations qui les concernent au premier chef.
« Nous récusons tout regroupement d'office, affirme Jérôme Agostini, directeur du Cniv, le comité de liaison des interprofessions d'AOC. Nous n'acceptons pas la création d'un nouveau fonds avec nos propres ressources. Ce n'est pas à l'Etat d'affecter les fonds des interprofessions qui sont de nature privée. » Les interprofessions d'AOC sont également très réticentes à promouvoir sous une même bannière l'offre française. Elles redoutent de payer pour la promotion du nouveau vin de cépage de France.
Trouver des solutions interprofessionnelles
Pour autant, elles ne sont pas réfractaires aux évolutions. « Nous demandons que la loi favorise le regroupement ou la fédération des interprofessions, explique Jérôme Agostini. Nous proposons que l'Etat réunisse dans un fonds l'argent qu'il accorde à FranceAgriMer pour la promotion des vins, pour l'intelligence économique et pour la recherche et développement. Les interprofessions y abonderaient afin de financer des projets concrets définis comme prioritaires par la filière. Cela aurait un effet multiplicateur très puissant. »
Bruno Le Maire a chargé Jérôme Despey, président du conseil spécialisé des vins de FranceAgriMer, de lui remettre les propositions de la filière d'ici au 19 février 2010. Sa lettre de mission est beaucoup moins tonitruante que ses déclarations à la presse, le 18 novembre. Il lui demande de trouver des « évolutions interprofessionnelles » à l'échelle des bassins et d'étudier différentes solutions, « y compris » la création d'un fonds de promotion.
Jérôme Despey se dit « déterminé à proposer des évolutions au ministre. Nous devons apporter plus de lisibilité aux viticulteurs sur la promotion des vins, sur la recherche et sur le développement. »