Deux parcelles expérimentales de vingt ares de melon noir vont être plantées au printemps, dans le vignoble nantais, sous l'égide de l'IFV. « On va essayer toutes les vinifications possibles pour cerner le potentiel de ce cépage : rouge, rosé, bulles, et on attend dans deux ans le résultat d'un travail de l'Inra sur la réaction du cépage aux maladies », indique Alain Poulard, technicien de l'IFV de Nantes.
L'histoire commence en 1995. Cette année-là, Pierre Viaud remarque un drôle de phénomène. Dans une parcelle de melon de Bourgogne, cépage blanc du Muscadet qu'il taille en gobelet, un cep présente deux bras portant des raisins blancs et un bras à raisins rouges.
« Il a marqué le pied, et on a vérifié que ça se reproduisait les années suivantes », raconte Jean-Luc, le fils de ce vigneron installé au Landreau (Loire-Atlantique).
En 1999, tous deux décident de reproduire les sarments issus de ce bras. Ils plantent une quarantaine de pieds sous l'œil d'Alain Poulard. Pour ce dernier, il s'agit d'une « mutation spontanée ». Le melon de Bourgogne est un cépage blanc, résultat d'un croisement entre le gouais, un cépage blanc qui n'est plus cultivé, et le pinot noir. Le melon noir est « assurément une résurgence du pinot », indique Alain Poulard.
Des pieds sont aussi confiés à l'Entav, qui confirme qu'il s'agit bien du cépage melon. « Le feuillage est vraiment le même », assure Jean-Luc Viaud.
Entre-temps, une douzaine de vignerons se sont réunis au sein d'une association pour obtenir la reconnaissance et l'inscription au catalogue de ce cépage. « Sans doute vers 2015 », espèrent-ils.
Restera enfin à baptiser ce nouveau cépage. Melon rouge ? Melon noir ? « Le nom n'est pas encore défini », souligne Pierre Viaud.