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DOSSIER - PRODUCTEURS-NÉGOCIANTS : La tension monte - Enquête dans les régions

CAHORS De l'électricité dans l'air

Clara de Nadaillac - La vigne - n°216 - janvier 2010 - page 44

Les relations sont ardues à Cahors. En cause : des cours trop bas. Mais les différents acteurs du vignoble souhaitent aller de l'avant. Des partenariats entre production et négoce se développent.
Jean Labroue, responsable de la commission crise au syndicat de défense de l'AOC Cahors « Il faut dialoguer. » © P. SOISSONS

Jean Labroue, responsable de la commission crise au syndicat de défense de l'AOC Cahors « Il faut dialoguer. » © P. SOISSONS

Une photo de l'entrée de l'interprofession de Cahors murée… C'était dans « La Vigne », il y a quelques mois à peine. La commission de crise du syndicat viticole voulait alors attirer l'attention de l'ensemble de la filière et de l'Etat sur la mauvaise situation financière de la production et dénoncer les prix cassés pratiqués par certains négociants.

Depuis, il semble que la situation ne se soit guère arrangée. Malgré des sorties en hausse d'un peu plus de 3 % sur la campagne 2008-2009 et des stocks à leur niveau le plus bas depuis dix ans, la viticulture souffre. En cause : les cours qui sont toujours inférieurs aux coûts de production en dépit d'une hausse de 16 % sur la campagne.

Et les relations entre les différents intervenants du vignoble sont électriques. « Cela fait des années que ce n'est pas simple, rapporte Olivier Pieron, gérant du négoce RVSO (Reutenauer vins du Sud-Ouest), qui achète environ 40 000 hl par an. Les relations humaines ne sont pas évidentes, ni au sein du négoce, ni au sein de la production, ni entre les deux. C'est un vieux vignoble, il y a de vieux problèmes enkystés. Les relations sont tendues, car il est compliqué d'écouler du vin. Il y a des tensions sur les prix. »

Repositionner en MDD ou IGP les vins vendus en hard discount

« Nous n'avons pas trouvé le moyen de faire respecter le prix de revient, étant donné que les ententes sur les prix sont interdites, complète Jean Labroue, responsable de la commission crise au sein du syndicat viticole. Or, il faudrait assécher les vins discount pour les repositionner en MDD (marque de distributeur) ou en IGP. »

Mais à en croire les négociants, nul n'achète à bas prix. Chez RVSO, Olivier Peron affirme faire beaucoup de MDD et payer son vin au-dessus des cours. Même discours chez Castel, qui positionne les quelque 7 500 hl qu'il achète en milieu de gamme. Quant à Rigal, il n'a pas donné suite à nos nombreux coups de fil. Cette politique de prix cassés proviendrait-elle de la cave des Côtes d'Olt, comme le sous-entendent certaines rumeurs ? La coopérative, qui fait partie de l'union Vinovalie, pèse environ 55 000 hl. Mais elle n'en vend que le tiers au négoce. Elle commercialise le reste en bouteilles, par l'intermédiaire de Vinovalie.

Interrogé, Oliver Cabirol, directeur adjoint de Vinovalie, réfute l'idée selon laquelle il vend à bas prix. Il en veut pour preuve le fait que « le tarif que nous payons aux viticulteurs leur permet de vivre de leur travail. Et les négociants savent que s'ils veulent des vins à bas prix, ce n'est pas chez nous qu'ils vont les trouver. » Il estime avoir de bonnes relations avec le négoce, avec qui il travaille en partenariat.

Pourtant, « la cave des Côtes d'Olt ne veut pas participer aux réunions, déplore Alain Janicot, président du syndicat des négociants. Elle pense que nous l'agressons et que c'est stérile. Il y a un problème de rapport entre les deux familles. »

De même, la communication ne semble pas aisée entre négoce et vignerons indépendants, même si des efforts ont été réalisés en ce sens. « Pour nous en sortir, nous devons dialoguer, tonne Jean Labroue. Des bases de négociations sont lancées. Espérons qu'elles se poursuivent. »

Preuve de cette volonté de rapprochement, certains négociants vont commencer à développer des contrats pluriannuels à la demande de la production. Espérons que, d'ici peu de temps, Cahors surfera sur la vague du malbec et que ces querelles appartiendront au passé.

52 %

Le poids du négoce 52 % des vins de Cahors sont commercialisés par le négoce. (Source : syndicat des négociants de Cahors)

Les trois premiers acheteurs de vin de cahors

1. Rigal (Jeanjean)

2. RVSO

3. Castel

(Source : interprofession)

L'essentiel de l'offre

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