Retour

imprimer l'article Imprimer

Autant le dire

“L'Inao refuse d'entendre le mot économie”

Un vigneron des Hautes-Côtes (Côte-d'Or) - La vigne - n°218 - mars 2010 - page 8

Il y a deux domaines qui ne se sont pas réformés en France : le clergé et la viticulture. Le clergé, on voit ce que ça donne : il y a de moins en moins de prêtres et de gens dans les églises. Mais nous aussi, nous fermons des classes dans les lycées viticoles. La Bourgogne est l'une des régions viticoles qui fait référence dans le monde et pourtant ses écoles de viticulture ferment des classes. L'Inao n'a pas intégré cela. Il n'est pas permis de parler d'économie à l'Inao.

C'est dramatique. L'Inao nous impose une baisse de rendement de 20 % dans nos vignes larges, situées dans les Hautes-Côtes. Cette décision nous enlève 20 % de marge. Aucune industrie ne pourrait le supporter. Nous l'avons dit à la commission d'enquête qui est venue sur le terrain. Elle nous a répondu que ce n'est pas un argument : on ne parle pas d'économie. La densité de plantation c'est un dogme. La commission d'enquête nous a aussi dit que nous lui faisions perdre son temps, parce que nous représentons peu de viticulteurs et de surfaces. On se fiche de nous. Si nous tenons à nos vignes larges, ce n'est pas pour produire moins cher que les autres, c'est pour faire des transferts de charges et investir davantage en cuverie et dans le commercial. C'est pour avoir des cartouches à donner à nos distributeurs afin qu'ils fassent la promotion de nos produits. Cela, on ne peut pas le faire lorsqu'on achète des enjambeurs qui tombent tout le temps en panne alors qu'ils coûtent 100 000 ou 150 000 € quand un tracteur coûte 30 000 €. Nous tenons aussi à nos vignes larges pour des raisons d'ergonomie et d'environnement. Le confort de travail est bien plus grand que dans les vignes étroites et basses. Et on peut plus facilement enherber. Nous avons aussi fait la preuve de la qualité de nos vins. Mais l'Inao ne veut rien entendre. Il veut qu'on continue à travailler sans ordinateur ! Si on m'enlève 20 % de mon rendement, je suis sur la paille. La viticulture ne peut plus s'offrir le luxe de gaspiller. Elle ne peut plus s'affranchir d'une vision réaliste des problèmes.

Cet article fait partie du dossier

Consultez les autres articles du dossier :

L'essentiel de l'offre

Voir aussi :