« Avant, pour comprendre une campagne, on prenait en compte les volumes et la qualité du millésime. Aujourd'hui, ces critères sont secondaires. Le prix du vrac est, pour une large part, décidé par la grande distribution avant même les vendanges. »
Cette remarque d'un courtier résume bien le contexte du marché de l'AOC Côtes-du-Rhône. Brice Eymard, d'Inter-Rhône, explique : « Le volume disponible du début 2009-2010 est en baisse. Le millésime 2009 est de qualité. Les ventes de côtes-du-rhône ont progressé de 5 % en 2009 en grande surface. Le recul à l'export a été limité à 5 %. Bref, on devrait avoir une campagne active. Ce n'est pas le cas. »
A fin février, le cumul des transactions en vrac accuse un recul de 15 % par rapport à la campagne précédente et de presque 25 % sur la moyenne quinquennale.
Toujours à la même époque, certains opérateurs estimaient même que le marché n'avait pas démarré. « J'ai vendu 3 000 hl sur les 8 000 que j'ai produits. J'ai consenti une baisse de 5 % sur le prix par rapport à l'an passé. Ce que j'espère, c'est qu'une fois que l'ancien millésime aura totalement disparu du marché, les transactions vont bien repartir sur le 2009 », déclare un directeur de cave. Un vœu pieux pour ceux qui prédisent, à l'inverse, que le rapport de force entre acheteurs et producteurs va se solder en mars ou avril par un recul des prix.
Derrière la moyenne de 98 €/hl enregistrée à Inter-Rhône se cache une fourchette assez large. L'entrée de gamme se vend entre 80 et 90 €/ hl et pèse environ 20 % des volumes. Le cœur du marché – 50 % des transactions – se situe entre 90 et 100 €/hl. Ces deux segments dérapent « ce qui se vendait l'an passé à 90 €/hl s'échange aujourd'hui plutôt à 80 €/hl », précise un opérateur.