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VENDRE - Observatoire des marchés

Les volumes en vrac repartent, mais pas les cours…

Aurélia Autexier - La vigne - n°223 - septembre 2010 - page 58

En 2009-2010, l'activité est repartie sur les marchés du vrac, mais souvent au détriment d'une baisse des prix. Par ailleurs, l'arrivée des vins de cépage sans IG a eu un impact sur certaines IGP. Bilan de la campagne passée.
Les poids lourds déçus de leur prix Source : interprofessions

Les poids lourds déçus de leur prix Source : interprofessions

A Cahors, le marché s'améliore. Le 8 juin, les producteurs ont obtenu des négociants la promesse de respecter un prix minimal de 95 euros par hectolitre, soit 15 euros de plus que la moyenne de campagne 2009-2010. © MAXPPP M. SALVET

A Cahors, le marché s'améliore. Le 8 juin, les producteurs ont obtenu des négociants la promesse de respecter un prix minimal de 95 euros par hectolitre, soit 15 euros de plus que la moyenne de campagne 2009-2010. © MAXPPP M. SALVET

VINS DE CÉPAGE SANS IG : Des premiers pas prometteurs

Pour leur lancement, les vins de cépage sans indication géographique (IG) ont totalisé presque 300 000 hectolitres, soit à peine 10 % du marché des vins sans IG. « Ce nouveau segment est en place. Il faut désormais que la filière se l'approprie », commente René Moreno, président de l'Anivin de France. Côté prix, on constate que le cours moyen des vins de cépage sans IG rouge s'apparente à celui des cépages bénéficiant d'une IGP. Ainsi, le merlot sans IG s'est vendu autour de 54,93 €/hl contre 56,25 €/hl le même cépage en IGP Pays d'Oc. En blanc, le différentiel est bien plus important. Par exemple, le sauvignon sans IG s'est vendu un peu moins de 67 €/hl contre un peu plus de 90 €/hl en Pays d'Oc et environ 84 €/hl celui du Val de Loire.

ALSACE : Les cours se tiennent

Le manque de sylvaner, provoqué par une baisse des volumes produits ces dernières années, engendre une revalorisation de ce cépage (+ 2,7 % à 1,48 €/l). Bonne tenue aussi du gewurztraminer (+ 7 % à 2,98 €/l). Les ventes de vins de pinot blanc diminuent, car ce cépage est de plus en plus acheté en raisins pour approvisionner le marché des crémants, en fort développement.

BEAUJOLAIS : L'infernale spirale de la crise

L'excellente réputation du millésime 2009 n'a pas suffi à relancer les cours du Beaujolais et du Beaujolais-Villages, en baisse de 15 % et 17 %. Parmi les crus, seuls Chiroubles, Juliénas, Morgon et Saint-Amour bénéficient d'une revalorisation. « Ces appellations avaient démarré la campagne avec des stocks très bas. Elles ont profité du beau millésime ! », indique Dominique Capart, président de l'interprofession.

L'absence de reprise en dépit du très bon millésime s'explique par la spirale de la crise : beaucoup de producteurs souffrent de trésoreries exsangues après une décennie de difficultés. Ils se sont précipités pour vendre leur 2009, y compris à des prix inférieurs à l'an passé…

- BERGERAC : De mieux en mieux

La dernière campagne est qualifiée de correcte. 316 600 hectolitres, toutes AOC Bergeracoises confondues, se sont échangés sur le marché du vrac, soit 5 % de mieux que l'année précédente. Néanmoins, en raison d'un manque de blancs, on reste 5 % en dessous de la moyenne quinquennale.

Les échanges de bergerac rouge, tous millésimes confondus, ont atteint presque 180 500 hectolitres, soit 9 % de plus qu'en 2008-2009. Le marché a démarré très fort dès novembre et s'est ralenti au printemps. Le cours moyen de l'AOC s'est raffermi à 86 €/hl, gagnant 6 €/hl en moyenne, par rapport à la campagne précédente. « Cela grâce à une tendance haussière continue depuis l'arrivée du 2009 », remarque l'interprofession.

BORDEAUX : Actif mais toujours à bas prix

L'activité sur l'ensemble des appellations bordelaises a progressé de 17 % par rapport à 2008-2009. « Avec 2,8 millions d'hectolitres, on reste néanmoins en dessous de la moyenne quinquennale qui est à 3,4 millions », précise Jean-Philippe Code, de l'interprofession. Le vignoble n'est pas sorti de la crise, mais il est à la moitié du chemin…

Côté prix, la moyenne de l'AOC Bordeaux rouge se situe, pour le millésime 2009, à 874 euros le tonneau de 900 l (97 €/hl), soit un repli de 8,5 % par rapport à l'an passé. Un coup dur pour la production. Cependant, le chiffre d'affaires généré par la vente en vrac du Bordeaux rouge a progressé. Si le redémarrage des échanges se confirme, les cours devraient finir par remonter…

L'étude de la fourchette des prix montre une grande diversité de situations : 46 % des volumes de Bordeaux rouge se sont échangés à plus de 900 euros le tonneau (100 €/hl) et 1 % à moins de 650 euros le tonneau (73 €/hl). « Le glissement des prix s'est surtout opéré sur les entrées de gamme et enfin de campagne », constate Jean-Philippe Code.

BOURGOGNE : Plus de vin, mais moins cher

« La campagne a été plutôt bonne avec une progression des volumes échangés de 7 %. Le 2009 s'est bien vendu. Tous les rouges sont partis. Mais le repli des cours est quasi général, de l'ordre de 10 à 15 % », expose Michel Baldassini, le président de l'interprofession.

Quelques appellations du Maconnais souffrent particulièrement, comme Pouilly-Fuissé qui cumule baisse des volumes (- 4 %) et fort repli du cours (- 24 % par rapport à 2008-2009). Cela est dû à la crise outre-Atlantique où cette AOC exporte d'importants volumes. Du côté des vins de base pour les crémants, on note une baisse des échanges qui s'explique par des disponibilités en recul : face à la qualité du millésime, les Bourguignons ont conservé leur pinot pour produire des rouges…

LANGUEDOC : Essor de l'AOC régionale

2008-2009 avait été catastrophique pour les appellations. 2009-2010 indique un tournant. « La chute des échanges paraît enrayée, déclare Jérôme Villaret, le nouveau délégué général de l'interprofession. Et l'appellation régionale Languedoc, lancée en 2007, semble entrée dans sa phase opérationnelle. Le volume des transactions a augmenté de 29 % pour les rouges et le cours moyen frise les 80 euros par hectolitres (+ 9 % par rapport à 2008-2009). » C'est mieux que le Corbières rouge qui voit son cours se stabiliser autour de 70 €/hl et son activité baisser de 10 % par rapport à 2008-2009. Rappelons qu'il est censé être au-dessus du socle constitué par l'AOC Languedoc… Pour Jérôme Villaret, cette situation résulterait de déstockages de Corbières « qui quitte peu à peu le marché des premiers prix ». Du côté des vins de Pays d'Oc, le président du syndicat ne cache pas sa déception : « L'activité a été bonne avec un volume de transactions en hausse de 16 %, mais l'arrivée des vins de cépage sans IG a eu une incidence sur le cours de nos vins, qui n'ont pas pu progresser », déplore Jacques Gravegeal. Jean-Pierre Py, président des courtiers, confirme : « Lors de cette campagne, les opérateurs se sont cherchés… Leur stratégie d'approvisionnement sera mieux définie l'an prochain. Et, il y a fort à parier que les vins sans IG avec cépage vont impacter plus fortement le marché des vins avec IG. »

PROVENCE : Bel équilibre

Depuis trois ans, la région du rosé connaît des prix stables autour de 140 €/hl pour le Côtes-de-Provence. Les cours des Coteaux-d'Aix-en-Provence et Coteaux-Varois continuent, pour leur part, à progresser respectivement de 5 % et 1 %. « Le cours du Côtes-de-Provence a peu varié dans l'année, sauf en avril où des transactions en vins issus de l'agriculture biologique ont été valorisées entre + 17 % et + 50 % par rapport à cette moyenne », note Michel Couderc, du CIVP. Les professionnels sont confiants pour la prochaine campagne, d'autant que le volume de récolte estimé à mi-août s'avère normal. De quoi mettre un terme à la rumeur de pénurie qui a couru au moment des intempéries du Var.

ROUSSILLON : Bonne dynamique

« La campagne dernière a été bonne pour le moral, résume Jean-Louis Salies, le président de l'interprofession. On a retrouvé des niveaux de prix comparables à ceux d'avant la crise de 2002-2003. Coté volume, l'activité a baissé, mais cela s'explique par un manque de disponibilité. La récolte 2009 est la plus petite jamais enregistrée ! Pour que nos chiffres d'affaires progressent, il ne reste plus qu'à espérer une vendange normale en quantité pour 2010 et des cours qui se maintiennent. »

SUD-OUEST : L'IGP stresse, Cahors espère

L'arrivée des vins de cépage sans indication géographique ne fait pas les affaires des côtes-de-gascogne. Alain Desprats, directeur du syndicat, parle même de « concurrence déloyale ». Côté activité, le marché de l'IGP a vu ses volumes de blancs diminuer de 17 %. Le cours moyen a perdu presque 10 % pour revenir à une moyenne de 70 €/hl. La production ne cache pas son inquiétude pour 2010-2011…

A l'opposé, la confiance reprend à Cahors. « Les négociants ont retiré presque 10 000 hectolitres de plus que l'an passé », note Jean-Marie Sigaud, le président de l'interprofession. Autre signe porteur d'espoir : la hausse des cours semble engagée. En juillet, le millésime 2009 s'est vendu à plus de 100 €/hl, soit 20 €/hl de mieux que la moyenne de campagne.

VAL DE LOIRE : Nantes pleure, l'Anjou sourit

La situation est très contrastée dans la vallée de la Loire. A l'ouest, le Muscadet plonge dans le marasme. « Ce que l'on craignait est arrivé, analyse Fanny Gillet, responsable de l'observatoire économique d'InterLoire. Après la surchauffe provoquée par le gel de 2008, la région connaît une dégringolade. » Le cours moyen du générique plonge à 87 €/hl contre 200 €/hl l'année précédente ! On retrouve les cours d'il y a dix ans…

En Touraine, la situation tend à s'améliorer. Certes, le Touraine blanc tranquille voit son prix fléchir (- 7 %), mais ce recul est bien compensé par une hausse des volumes échangés (+ 20 %).

En Anjou, le gros des marchés en vrac s'effectue sur les rosés. Après dix ans de progression, le cours du Cabernet-d'Anjou se stabilise autour de 145 €/hl. Les volumes échangés progressent encore et avoisinent le record de 2008. La situation des rosés d'Anjou, plus tournée à l'export, est moins favorable.

VALLÉE DU RHÔNE : Bilan mitigé

« Au niveau de l'activité, la campagne dernière est plutôt satisfaisante avec 1 % de hausse des volumes de Côtes-du-Rhône rouge échangés et 9 % de mieux pour les Côtes-du-Rhône rosés », explique Brice Eymard, du service économique d'Inter-Rhône.

En revanche, c'est la déception côté prix. « La moyenne de campagne est stable pour le Côtes-du-Rhône rouge, autour de 95 €/hl. Nous avons eu une hausse des transactions sur les entrées de gamme. Le milieu de gamme s'est un peu effrité en prix. »

Ce constat s'explique par des lots de 2008 qui ont pesé sur le marché entraînant une pression sur les prix du 2009. Heureusement, les transactions sur les hauts, vendus à plus de 110 €/hl, ont progressé. Au bout du compte, le cours moyen s'est maintenu. Le bilan est aussi mitigé pour les satellites : si désormais les marchés sont sains pour les Ventoux et Lubéron, les transactions en vrac sont toujours handicapées par le hard discount pour le Tricastin et les Costières-de-Nîmes. Quant aux crus, après deux années de yo-yo, ils retrouvent des niveaux de prix et de transactions d'avant la crise, débutée en 2002.

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