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VENDRE - Observatoire des marchés

Marché du vrac : des prix en nette hausse en 2010-2011

Bertrand Collard - La vigne - n°234 - septembre 2011 - page 54

Forte demande et petite récolte ont marqué la campagne qui vient de se terminer. Les prix sont en hausse presque partout, la palme revenant à l'Alsace pour les blancs et au Midi pour les rouges.
Dans le Gers, les prix IGP se sont maintenus « malgré la pression à la baisse exercée par les vins de cépage sans IG », se réjouit le directeur de l'ODG Côtes-de-Gascogne. © C. WATIER

Dans le Gers, les prix IGP se sont maintenus « malgré la pression à la baisse exercée par les vins de cépage sans IG », se réjouit le directeur de l'ODG Côtes-de-Gascogne. © C. WATIER

ALSACE : Les acheteurs banquent

En 2010, l'Alsace a connu une récolte historiquement basse. Conséquence de la raréfaction de l'offre, les prix de tous les cépages ont fortement grimpé. C'est la région de France où les blancs connaissent les plus fortes hausses.

BEAUJOLAIS : Signes d'espoir

Toutes les appellations du Beaujolais ont vu leur cours progresser, à l'exception du cru Fleurie, l'un des plus cotés de la région. Le Beaujolais et Beaujolais-villages progressent de 15 %, atteignant 132 et 144 €/hl. « Le marché des beaujolais nouveaux s'est bien passé­: pour la première fois depuis 2005, les volumes n'ont pas baissé », explique Pierre de Sigoyer, directeur de l'Union des vignerons du Beaujolais. Mais les échanges de beaujolais de garde ont une nouvelle fois baissé. Au total, le négoce a acheté 210 000 hl de beaujolais contre plus de 350 000 hl il y a cinq ans.

BERGERAC : Les moelleux en forme

Il y a quelque temps, Bergerac croyait talonner Bordeaux. Las ! En 2010-2011, leur grand voisin a pris ses distances. Alors que le prix du bordeaux rouge a bien progressé, le bergerac rouge est passé légèrement sous la barre des 85 €/hl. « Nous avons atteint le montant que nous avions demandé en début de campagne », tempère Paul-André Barriat, le président de la Fédération des vins de Bergerac.

Les choses se sont bien mieux passées pour le côtes-de-bergerac et le monbazillac. « Le négoce était demandeur de moelleux. Nous avons augmenté les rendements en côtes-de-bergerac. Ces vins se sont vendus à des prix corrects.»

BORDEAUX : Souffle positif

Le Bordelais retrouve des couleurs. « L'activité du marché du vrac a augmenté de 7 % par rapport à la campagne 2009-2010, souligne Jean-Philippe Code, responsable économique de l'interprofession (CIVB). Nous sommes revenus dans la moyenne. » Volume et prix sont à la hausse pour le bordeaux rouge, le blanc et pour le bordeaux supérieur rouge. Les échanges de bordeaux rouge du millésime 2010 atteignent 793 000 hl, à 104 €/hl. Cependant, le seuil de rentabilité fixé à 1 000‑€ le tonneau de 900‑l n'est toujours pas atteint.

« Les trois premiers quarts de la campagne ont été très actifs, note Jean-Philippe Code. Puis les échanges se sont ralentis. Actuellement, les sorties sont davantage portées par les expéditions en bouteilles que par le vrac. » Ce fait est encore plus net pour le bordeaux rosé, dont les échanges en vrac baissent, alors que les sorties à la propriété progressent significativement.

Les échanges de saint-émilion et de ses satellites (lussac, montagne et puisseguin) ont été très actifs, avec des prix en hausse. « 80 à 85 % des volumes de saint-émilion se vendent sur une tranche de prix compris entre 3 300 et 3 500 € le tonneau de 900 l, ajoute Jean-Philippe Code. C'est le signe d'un marché équilibré. »

BOURGOGNE : D'importants rattrapages

Les échanges sur le millésime de l'année sont en baisse sensible tandis que les prix grimpent. Là encore, c'est la conséquence de la très petite récolte 2010. Malgré cela, les échanges entre production et négoce ont progressé, le négoce s'étant reporté sur le millésime 2009, très abondant.

Le bourgogne rouge augmente de 16 % en 2010 par rapport à 2009 et le chablis de 25 %. Le mâcon-villages est plus sage, ne gagnant que 3,5 %. Pour la production, c'est un rattrapage après une campagne 2009-2010 marquée par une stabilité voire – comme à Chablis – par une forte baisse des prix du fait de la crise financière mondiale.

CORSE : Manque de volume

Les échanges d'IGP Ile de beauté sont en baisse dans les trois couleurs. La Corse a manqué de vins après avoir beaucoup arraché et souffert de la sécheresse. Les prix atteignent des niveaux enviables.

CÔTES-DU-RHÔNE : Objectif atteint

Après les vendanges 2010, le syndicat général des côtes-du-rhône avait battu la campagne pour dire à ses adhérents que toutes les conditions étaient réunies pour obtenir une hausse des prix. Il visait les 110 €/hl de côtes-du-rhône rouge. Un pari presque gagné : le cours atteint 104,70 €/hl, en progression de 9,6 %, tandis que le côtes-du-rhône-villages grimpe à 122‑€/hl. Les prix des crus et des satellites (costières-de-nîmes, grignan-les-adhémar, luberon et ventoux) progressent également, en rouge et rosé, mais les satellites restent à des niveaux bien inférieurs au côtes-du-rhône, aucun n'atteignant les 90 €/hl. Les échanges de côtes-du-rhône rouge sont en hausse alors que la récolte était très basse. « Les acheteurs ont voulu se couvrir », analyse Brice Eymard, responsable du département économique d'Inter Rhône. Il reste donc peu de stock.

Autre bonne nouvelle, l'IGP Méditerranée, en grande partie produite dans le Vaucluse, poursuit son essor tant en volume qu'en prix. Plus de 126 000 hl de rosés se sont échangés, soit sept fois plus qu'il y a cinq ans, avec un cours en hausse.

LANGUEDOC : Nouvelle donne

Les prix de tous les vins rouges du Midi sont en forte hausse, à l'exception de quelques produits déjà bien valorisés. De tous les bassins de production de France, le Languedoc est celui où les prix des rouges ont le plus grimpé. L'IGP Aude progresse de 28,5 % et l'IGP Hérault de 26 %. Ces deux dénominations connaissent la plus forte envolée. Les vins de cépage du Pays d'Oc, le minervois et le saint-chinian ont augmenté de 20 %, le corbières de 15 %. Ces hausses sont la conséquence de la petite récolte 2010 et des arrachages subventionnés par l'Europe.

Les prix moyens de campagne atteignent des niveaux que l'on n'avait pas vus depuis plus de dix ans : 80 €/hl pour le corbières, 67,50 €/hl pour le merlot Pays d'Oc et 57,70 €/hl pour l'IGP Aude. La production n'y voit rien d'excessif, bien au contraire. De son point de vue, ce ne sont que des rattrapages. Elle espère que ces cours se maintiendront cette année alors que la récolte est bien plus abondante.

Les cours des rosés progressent également. En revanche, les blancs sont pratiquement stables, les marchés étant bien approvisionnés.

PROVENCE : Marché stable

Toujours soutenus par la demande, les rosés de Provence voient leurs prix légèrement progresser. Quant à l'activité, les chiffres bruts donnent à penser qu'elle est en forte hausse, mais elle est liée à un changement des règles d'enregistrements des contrats d'achat. En réalité, le marché serait assez stable.

ROUSSILLON : Les vins secs mieux orientés que les doux

« Nous sommes en rupture de stock sur les vins secs », indique Jean-Louis Salies, président de l'interprofession (CIVR). Encore les conséquences de la petite récolte 2010. Faute de vins, les échanges de côtes-du-roussillon rouge et rosé et de côtes-du-roussillon-villages rouge ont reculé alors que les prix ont bien progressé.

Les vins doux naturels ne sont pas dans la même situation. Les prix du rivesaltes et du banyuls ont légèrement baissé. « Il y a du stock de banuyls qui pèse sur les marchés », explique Jean-Louis Salies.

Pour cette nouvelle campagne, la donne change. « Nous repartons sur des volumes de récolte en nette hausse. Il va falloir gérer cette situation. »

SUD-OUEST : Cahors en forme

Cahors retrouve le sourire. En juin 2010, la production avait arraché au négoce la promesse de respecter un prix minimal de 95 €/hl. C'est chose faite puisque le cours moyen tous millésimes s'est élevé à 97,80 €/hl l'an dernier. Mais les volumes échangés sont en baisse du fait de la petite récolte 2010.

Dans le Gers, les échanges d'IGP Côtes-de-Gascogne blanc baissent pour la troisième année consécutive, passant sous la barre des 200 000 hl. « Les volumes conditionnés localement progressent de manière significative et nous avons perdu quelques parts de marché avec l'arrivée des vins sans IG », explique Alain Desprats, directeur de l'ODG. Et d'ajouter : « C'est un exploit d'avoir maintenu les prix en IGP malgré la pression à la baisse exercée par les vins de cépage sans IG. »

VAL DE LOIRE : Retour du muscadet

Les échanges progressent à nouveau en muscadet après la terrible crise provoquée par les gels successifs de 2007 et surtout de 2008. Mais c'est au prix d'une très forte baisse des cours. Le muscadet tombe ainsi en dessous de 55 €/hl. Le muscadet sèvre-et-maine s'effondre à 52 €/hl. Des montants que peu de vignerons se rappellent avoir touchés dans le passé, tellement ils sont bas. Seul le muscadet sèvre-et-maine sur lie sauve la mise. Il s'est échangé à 102 €/hl de moyenne. Mais les transactions n'ont porté que sur 15 000 hl, soit dix fois moins que les volumes échangés avant les deux années de gel.

En Anjou, les choses ne se passent pas non plus pour le mieux. Les cours du cabernet-d'anjou et du rosé-d'anjou ont fléchi, alors que les autres rosés de France sont stables ou en forte hausse, comme dans le Languedoc. En Anjou, la production ayant progressé plus vite que les débouchés, le négoce a eu l'embarras du choix. Par ailleurs, il a privilégié les achats en moûts, provoquant un recul des volumes de vins échangés.

En Touraine, le marché des crus est stable, voire en léger retrait. Le touraine blanc, principal vin échangé en vrac, se maintient à un niveau de prix intéressant.

Du côté des IGP, on observe une forte baisse des échanges en sauvignon du val de Loire (-45 %) car les acheteurs ont demandé du sauvignon sans IG.

VIN DE CEPAGE SANS IG : Un segment qui s'affirme

Les volumes échangés de vins de cépage sans IG (indication géographique) ont plus que doublé, passant de 300 000 à 700 000 hl, toutes couleurs confondues, soit un quart du marché vrac des vins sans IG et un chiffre d'affaires de 40 millions d'euros. Ce nouveau créneau s'est développé malgré la petite récolte 2010 dans le Midi. Les prix sont à la hausse, sauf pour le pinot noir et pour le chardonnay. « Nous sommes sur un segment qui correspond à une attente des metteurs en marché », analyse René Moreno, président de l'Anivin de France, à la lecture de ces chiffres. Les vins de cépage sans IG se sont échangés 10 à 15 €/hl de plus que les vins sans IG sans mention de cépage. Pour le merlot et le cabernet-sauvignon, les producteurs ont obtenu des prix à peine inférieurs à ceux des mêmes cépages labellisés IGP Pays d'Oc. En revanche, le chardonnay et le sauvignon sans IG se sont vendus nettement moins cher que les IGP. « Les prix des cépages sans IG décrochent dans le Sud-Ouest », souligne René Moreno.

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