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VENDRE - Observatoire des marchés

La forte récolte 2011 absorbée par le marché

Bertand Collard - La vigne - n°245 - septembre 2012 - page 60

Les cours des blancs et des rosés ont pâti de la forte récolte de 2011, mais beaucoup moins que ne le craignait la production. Rien de tel pour les rouges dont les prix sont orientés à la hausse. Bilan d'une bonne campagne sur le marché du vrac.
 Sources : interprofessions, FranceAgriMer

Sources : interprofessions, FranceAgriMer

L'appellation Cabernet d'Anjou progresse. « Il ne s'en est jamais autant vendu », affirme Fanny Gilet, la responsable du service économie d'InterLoire. © C. WATIER

L'appellation Cabernet d'Anjou progresse. « Il ne s'en est jamais autant vendu », affirme Fanny Gilet, la responsable du service économie d'InterLoire. © C. WATIER

ALSACE : La fièvre retombe

En 2011-2012, les prix de tous les cépages alsaciens ont baissé. Le vignoble s'y attendait car la récolte 2011 était normale après une année 2010 déficitaire. C'est le pinot noir qui s'en sort le mieux, ne baissant que de 5 %. Le gewurztraminer subit la plus forte chute : -18 %. Les achats du négoce reculent aussi. L'année précédente, il s'était trop couvert de peur de manquer.

BEAUJOLAIS : Prix en baisse

Le millésime 2011 s'est moins bien valorisé que l'excellent 2010. Pour le beaujolais, le négoce a offert 146 €/hl et pour le beaujolais villages 153 €/hl, soit 4 et 8 % de moins que l'année d'avant. Au total, il a acheté 365 000 hl des deux appellations, soit quelque 10 000 hl de plus qu'en 2010-2011. Du côté des crus, les prix sont stables ou en baisse modérée. L'activité recule un peu (161 000 hl, -5 %). Elle baisse pour toutes les appellations sauf Régnié et Saint-Amour, situées aux deux extrémités de l'échelle des prix.

BERGERAC : Le rouge à la peine

Les chiffres sont cruels pour Bergerac. En début de campagne, la production affichait sa volonté de ne pas se laisser distancer par son grand voisin Bordeaux. Las, le bergerac rouge, le principal produit sur le marché du vrac, s'est stabilisé à 84 €/hl du millésime de l'année, soit 22 €/hl de moins que le bordeaux rouge 2011. Heureusement, les blancs secs sont vendus 15 €/hl de plus.

BORDEAUX : Situation assainie

« Il a fallu attendre décembre pour que la campagne s'anime, explique Jean-Philippe Code, chef du service économique du CIVB. Puis 70 % des volumes se sont échangés en trois mois, après quoi les affaires se sont ralenties. » Toutes appellations et tous millésimes confondus, près de 3,1 millions d'hl se sont échangés en vrac, pratiquement autant qu'en 2010-2011. À cela s'ajoutent les 260 000 hl vendus comme vins de cépages sans IG pour chiffrer l'activité globale du vignoble.

Avec 1,9 million d'hl, les appellations Bordeaux et Bordeaux supérieur représentent le gros du marché. Là encore, les transactions sont presque stables (-1 %). Le prix du bordeaux rouge progresse de 5 % à 105 €/hl (tous millésimes). Mais pour Jean-Philippe Code, l'essentiel est ailleurs : « Les sorties de bordeaux rouge ont dépassé la récolte. La situation s'est rééquilibrée pour cette appellation. »

En revanche, les échanges de bordeaux rosé baissent. « Nous nous en doutions un peu car il restait du stock au négoce », indique l'expert. Moins bien loti le bordeaux blanc a reculé en volume et en prix.

BOURGOGNE : Mouvements internes

En Bourgogne, 875 000 hl se sont vendus en vrac. « C'est un petit pour cent de plus qu'en 2010-2011 », relève Philippe Longepierre, responsable de service économie de l'interprofession. Les ventes de blancs sont stables. Celles de rouges reculent de 3 %. Le mâcon rouge échappe à ce repli. Le négoce l'avait délaissé après avoir perdu des marchés en Grande-Bretagne. Il l'achète à nouveau pour le vendre en Chine. Résultat : les échanges sont en hausse de 9 %. Plus dynamique encore, le marché des vins de base de crémant réalise un bond de 18 % avec des prix en hausse de 13 %.

CÔTES DU RHÔNE : Bonne opération

Fin septembre 2011, le Syndicat général des vignerons des côtes du Rhône affichait son ambition d'obtenir 115 €/hl pour le côtes-du-rhône rouge de l'année. Mais ayant déjà supporté 10 €/hl de hausse l'année d'avant, le négoce ne l'entendait pas de cette oreille, d'autant que la récolte était généreuse. Après un mois de novembre tendu où les cours ont fléchi, le millésime 2011 s'est stabilisé autour de 106,80 €/hl, son prix moyen de campagne. C'est 2 €/hl de plus que l'année d'avant. De son côté, le côtes-du-rhône villages rouge est passé de 122 à 129 €/hl.

« La campagne a démarré sur de très faibles stocks, détaille Brice Eymard, responsable du service économique d'Inter-Rhône. Le manque de disponibilité de vieux millésimes a été contrebalancé par des achats plus importants du millésime de l'année. » Au bout du compte, les volumes échangés sont stables : 1,2 million d'hl de côtes-du-rhône et 192 000 hl de côtes-du-rhône villages. Ces deux poids lourds entraînent leurs voisins. Le ventoux, le troisième en volume sur le marché du vrac, progresse de 5 % à 87,60 €/hl. Le costières-de-nîmes, quatrième en volume, gagne 6 % à 81,50 €/hl. Deux déceptions : l'une vient du bio, l'autre du rosé. Le côtes-du-rhône rouge bio chute de 220 à 181 €/hl. « Le marché atterrit, analyse Brice Eymard. L'offre augmente. Les acheteurs peuvent davantage discuter les prix. » Les échanges de côtes-du-rhône rosé reculent de 10 %. Peut-être une conséquence du mauvais printemps.

Languedoc : Les rouges en hausse, les blancs à la baisse

« Nous avons tenu le choc de l'accroissement de la récolte », souligne Florence Barthes, directrice d'Inter Oc. Avec 7,4 millions d'hl déclarés en Pays d'Oc l'an dernier, contre 6,2 millions d'hl en 2010, les cours auraient plus fléchi. Mais comme les stocks étaient bas et la demande soutenue, ils ont tenu bon. Sauf ceux des blancs.

Le sauvignon Pays d'Oc perd 11 % à 80 €/hl. Le chardonnay recule de 5 % à 89,60 €/hl. « Nous avons perdu 5,76 €/hl en moyenne sur les blancs », résume Florence Barthes. Les rouges et les rosés se portent mieux. Merlot, cabernet-sauvignon, syrah et grenache, les quatre principaux cépages rouges, sont en hausse en volume et en valeur. Au total, 5,3 millions d'hl d'IGP Pays d'Oc se sont échangés durant la campagne écoulée, un volume stable.

Comme les Pays d'Oc, les IGP de département blancs baissent de prix alors que les rouges et les rosés se renchérissent. Mais sur ce marché, le fait le plus marquant est l'écroulement de l'IGP Aude. En rouge, les achats du négoce s'élèvent à 289 000 hl, contre 366 000 hl l'an passé, et à 438 000 hl pour l'IGP Hérault. En une année, un fossé s'est creusé entre les deux départements qui avaient toujours fait jeu égal jusque-là. Cela semble être une conséquence des difficultés du groupe coopératif Uccoar. Corbières, Languedoc, Minervois et Saint-Chinian, les quatre principales AOC sur le marché du vrac, connaissent toutes une hausse significative de leur prix, alors que les volumes sont stables, sinon en baisse.

Provence : « Pas de temps mort »

« La demande a été soutenue pendant toute la campagne, précise Pierre-Jean Berti, courtier à Pierrefeu (Var). Il n'y a pas eu de temps mort, mais il n'y avait pas toujours le produit en face. » Résultat, les volumes échangés en côtes-de-provence rosé ont baissé de 5 % pour atteindre 403 000 hl, alors que le prix a progressé à 149 €/hl. Un niveau élevé qui incite les acheteurs à la prudence. Les échanges de coteaux-varois-en-provence et de coteaux-d'aix-en-provence rosés ont également reculé alors que l'IGP Var rosé a connu une campagne stable à 97 000 hl.

Sud-Ouest : Déclin du côtes-de-gascogne

L'IGP Côtes-de-Gascogne pâtit de la création des vins sans IG de cépage. Les volumes échangés chutent de 180 000 à 150 000 hl en un an. Dans le même temps, le colombard – cépage du Sud-Ouest – fait un bond de 37 000 à 120 000 hl chez les vins sans IG. Seule consolation, le côtes-de-gascogne blanc s'est vendu plus cher que le colombard sans IG : 70 €/hl contre 62 €/hl.

Dans le Tarn, les ventes en vrac de Cahors reculent, mais les cours de cette appellation progressent légèrement pour atteindre 100 €/hl, le prix réclamé par les producteurs. Parallèlement, l'IGP Côtes-du-Tarn rouge poursuit son essor, frisant les 30 000 hl échangés, avec un prix en hausse.

Val de Loire : Campagne active

Le Muscadet, région traumatisée depuis le gel du printemps 2008, retrouve une activité digne de sa taille. Le négoce a acheté 127 000 hl d'AOC Muscadet (vins et moûts), soit 40 % de plus que la campagne d'avant. À cela s'ajoutent 96 000 hl d'AOC Muscadet Sèvre-et-Maine et 71 000 hl de Sèvre-et- Maine sur lie. Mais l'appellation générique reste à un prix trop bas : 57,30 €/hl tous millésimes confondus. Fanny Gilet, responsable du service économie d'InterLoire tempère : « Le 2011 s'est vendu 65 €/hl alors que le 2010 était à 50 €/hl l'an dernier. »

L'activité progresse également pour le Cabernet d'Anjou, la principale appellation de rosé sur le marché du vrac. « Il ne s'en est jamais autant vendu : 179 000 hl (vins et moûts), apprécie Fanny Gilet. La récolte 2010 avait été abondante. Il restait des vins en cuve qui sont partis durant cette campagne. » Mais les producteurs ont dû céder sur les prix qui sont passés de 138 à 117 €/hl tous millésimes. Le rosé d'Anjou suit le même mouvement.

Chez les effervescents, le Saumur mousseux est stable, l'appellation ne pouvant produire davantage. C'est le crémant de Loire qui progresse. Le négoce a acheté 67 000 hl de vins et de moûts (+ 17 %).

Au total, le négoce a acheté 1,1 million d'hl d'appellations du Val de Loire. C'est 6 % de mieux qu'en 2010-201.

Vins de cépages sans IG : Le cap du million d'hl franchi

Le marché des vins de cépages sans IG croît encore. En 2011-2012, FranceAgriMer a enregistré 1,25 million d'hl de contrats d'achat, contre 700 000 hl en 2010-2011. Une satisfaction pour Valérie Pajotin, directrice de l'Anivin. « Le marché des vins de cépages, vins de France et IGP confondus, progresse. Et cette hausse est entièrement due aux vins de France », se réjouit-elle. À peine plus de 500 000 hl proviennent du Languedoc- Roussillon. Les acheteurs sont également approvisionnés en merlot à Bordeaux et en cépages blancs dans le Sud-Ouest.

Le cabernet-sauvignon rouge, le merlot rouge, le chardonnay, le sauvignon et le colombard représentent les trois quarts des volumes. Au sein de ce quintet, les blancs sont mieux valorisés que les rouges. Le chardonnay et le colombard sont à 77,20 €/hl et 62,60 €/hl, des prix stables. Le sauvignon recule de 10 % pour arriver à 65,20 €/hl. L'offre était trop abondante. Au total, la somme des contrats de vente de vins de cépages sans IG constitue une recette de 77,5 millions d'euros pour les producteurs.

Vins sans IG sans cépage : Le négoce achète mais retire peu

En panne en 2010-2011 du fait de la faible récolte, les ex-vins de table sont de retour. Toutes couleurs confondues, 2,6 millions d'hl se sont échangés, soit 12 % de plus qu'en 2010-2011. Mais les retiraisons n'ont pas suivi. Ne voyant pas leurs cuves se vider, des caves ont tiré la sonnette d'alarme à la veille des vendanges. Les négociants leur ont assuré qu'ils honoreraient tous les contrats, dont le montant total s'élève à 135 millions d'euros.

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