Yves Dietrich est viticulteur à Scherwiller, dans le Bas-Rhin, sur 18 ha. Il est certifié bio depuis l'an 2000. Il livre ses raisins à la coopérative Wolfberger qui les utilise pour élaborer un crémant d'Alsace bio. Pour développer de nouveaux marchés, il aimerait obtenir le « Bourgeon », le label bio suisse. « Leur cahier des charges va plus loin. A titre d'exemple, un produit Bourgeon doit contenir le moins de résidus de produits phytosanitaires possible », explique-t-il.
Pour savoir si ses vignes sont contaminées par des produits appliqués par ses voisins, il a fait appel à Dominique Levite, de l'Institut de recherche de l'agriculture biologique suisse (FIBL). En 2009, ce dernier a analysé les raisins et les vins de deux parcelles d'Yves Dietrich. La première, de cinq rangs de riesling seulement, est imbriquée entre deux parcelles conventionnelles. La seconde est bien plus grande. Plantée en pinot noir, elle côtoie une vigne conventionnelle sur un seul côté.
Afin d'effectuer des comparaisons, les voisins d'Yves Dietrich lui ont fourni des raisins qu'il a vinifiés. Dominique Levite a ensuite mesuré la teneur en résidus des vins correspondants. Les résultats montrent que les rangs de bordure des deux parcelles bio sont contaminés par des phytos de synthèse. Dans la première parcelle, le vin de la rangée contiguë à la vigne conventionnelle contient 76 μg/l de résidus de produits phytos, contre 470 μg/l dans le vin de la parcelle conventionnelle. Dans la seconde vigne bio, dont le voisin est très précautionneux, les vins issus du rang mitoyen ne contiennent que 24 μg/l de résidus, contre 396 μg/l. En revanche, dans les deux parcelles d'Yves Dietrich, au-delà du deuxième rang, il n'y a plus de résidus. En séparant la vendange des rangs de rive du lot bio, le risque d'avoir des résidus dans le vin devient alors insignifiant.