Déprime beaujolaise

Le beaujolais 2009 s'est bien vendu auprès du consommateur et pourtant les viticulteurs n'ont pas profité de cette embellie. Leur rémunération n'a pas progressé. La nature aura été généreuse avec nous, cette année-là. Pas l'économie. C'est déprimant. On espère vraiment que les prix du vrac du millésime 2010 vont se reprendre. Il faut inverser la tendance, sinon on va encore perdre des viticulteurs. Après dix années de crise, on note déjà une certaine tendance à la déprofessionnalisation. Comme les gens ne parviennent pas à vivre de la viticulture, ils ont un autre métier qui leur permet de joindre les deux bouts. Au final, cela signifie aussi qu'ils consacrent de moins en moins de temps à leur cave et à leurs vignes et qu'ils cessent d'investir dans le matériel. Ce n'est pas bon pour l'avenir. […] Quand on voit comment s'est déroulée la dernière campagne, j'estime que certains producteurs ont été fautifs. Ils n'ont pas su attendre. Ceux qui étaient étranglés par leur manque de trésorerie n'avaient pas le choix, mais certains avaient la possibilité de mettre en bouteilles et ne l'ont pas fait. C'est une aberration.