ImprimerDébut septembre, la maturité des raisins était loin d'être atteinte dans les vignobles septentrionaux. « Les vendanges ne devraient pas débuter avant le 20 septembre », prévoit James Darsonville, conseiller œnologue à la station œnotechnique de Champagne. Le millésime 2010 ne s'annonce pas précoce.
« Août a été frais, pluvieux et peu ensoleillé, explique Jean-Jacques Kah, conseiller au laboratoire œnotechnique du vignoble en Alsace. De plus, la floraison a été tardive et étalée. La récolte est prévue pour la seconde quinzaine de septembre, voire en octobre. »
Un millésime classique
En Bourgogne, les raisins ne devraient pas non plus rentrer dans les chais avant fin septembre. « Il est encore difficile de se prononcer sur la date exacte de récolte ou sur la qualité », souligne Christine Monamy, au centre interprofessionnel technique des vins de Bourgogne. Elle estime que la précocité du millésime 2010 est revenue dans la moyenne.
Dans le Midi, seules quelques parcelles de blancs ont été récoltées la dernière semaine d'août. L'an dernier, à cette période, les vendanges étaient souvent bien entamées. Les prévisions affichent en effet une semaine à dix jours de retard sur 2009. « Plutôt que tardif, le millésime est classique», note toutefois Olivier Roustang, œnologue à Inter-Rhône, rappelant que 2009 était très précoce.
Un bon potentiel acide
Les conseillers œnologues sont optimistes quant au potentiel qualitatif, même si les conditions de septembre seront déterminantes.
« Les contrôles de maturité révèlent un très joli potentiel phénolique, poursuit Olivier Roustang. On trouve jusqu'à 3,6 g/l d'anthocyanes, contre 2,5 au maximum à cette période. » Il ajoute que les acidités sont élevées et les pH bas, ce qui est rare à cette période et permettra un bon équilibre sucres/acides.
En Provence, l'alternance de journées ensoleillées et de nuits fraîches laisse espérer de jolis arômes, selon Richard Bertin, œnologue conseil au laboratoire Provence œnologie.
Dans le Bordelais, les bonnes conditions estivales ont contribué à obtenir des petites baies, des grappes lâches, de bons indices d'anthocyanes. « 2010 sera plus difficile à travailler que 2009, remarque Julien Belle, directeur du centre œnologique de Cadillac (Gironde). Mais si l'on est très attentif, on pourra produire des vins de très bonne qualité. »
Le Point de vue de
Philippe Plantevin, propriétaire du domaine Philippe Plantevin, à Cairanne (Vaucluse)
« Dix jours de retard sur 2009 »
© MICHEL GASARIAN REPORTAGE
« J'ai commencé mes contrôles de maturité le 25 août seulement. Le 1er septembre, sur deux parcelles de viognier, les degrés alcooliques potentiels étaient de 13,1° et 14,6°, les mêmes degrés que l'an dernier au 21 août. De fait, je devrais entamer la récolte des blancs vers le 9 septembre, soit dix jours plus tard qu'en 2009.
Sur rouges, la maturité n'est pas encore atteinte. Le 1er septembre, les deux parcelles de syrah qui me servent de référence présentaient 13 % d'alcool potentiel environ et les acidités totales de 5,35 et 5,58 g/l de H2SO4.
Je pense les vendanger vers le 13 septembre, soit encore avec un retard de dix jours sur l'an dernier. Ce délai me permet de mieux m'organiser. Mes employés sont revenus de congés. Nous sommes assez nombreux pour préparer le chai. Toutes les conditions sont réunies pour avoir un bon millésime, malgré quelques pertes de rendement. Nous constatons de bonnes acidités dans les raisins, ce qui nous manque souvent. »
