On a parlé de 2009 comme d'un millésime exceptionnel. « 2010 sera encore meilleur», annonce-t-on à Bordeaux. Fin octobre, Christophe Coupez, directeur du centre œnologique de Pauillac, se dit « impressionné par le volume en bouche des vins rouges et par la puissance des tanins, qui restent toutefois digestibles ». A en croire les œnologues, les vins blancs bordelais s'annoncent tout aussi excellents : très aromatiques, avec de la fraîcheur.
« Les blancs sont somptueux dans toute la Vallée du Rhône», estime également Olivier Roustang, œnologue d'Inter-Rhône.
Du côté des rouges, les dégustations étaient déjà prometteuses en septembre. Début novembre, alors que la plupart des cuves sont écoulées, « tout est toujours aussi bon, se réjouit-il. Même la couleur est intense, alors qu'on craignait qu'elle soit instable, du fait de teneurs élevées en acide malique. »
Un joli grain de tanins
Dans le Languedoc, « les cépages méditerranéens comme le mourvèdre, le carignan ou le grenache nous montrent qu'ils sont les mieux adaptés au climat de notre région», estime Matthieu Dubernet, œnologue au laboratoire Dubernet. Ces derniers donnent de jolis arômes fruités, une bonne acidité et des tanins bien fondus. Hélène Teixidor, directrice de l'ICV de Toulouges, dans le Roussillon, confirme que les vins ont plus de fraîcheur que d'habitude. « Les rouges ont moins de notes confiturées et plus d'arômes de fruits frais », constate-t-elle. Ils sont aussi plus acides, ce qui présage d'une bonne aptitude à la garde. « Lorsque la maturité pelliculaire a été atteinte, les tanins ont un grain fin et velouté », ajoute-t-elle.
En Touraine aussi, les tanins sont mûrs et ronds, d'après Anne Buchet, œnologue à la chambre d'agriculture du Loir-et-Cher. Satisfaite de la qualité des vins bruts, elle souligne l'aspect technique du millésime. « Les blancs sont très expressifs, mais manquent de gras, note-t-elle par exemple. Nous devons bien travailler les lies, le bâtonnage ou utiliser des mannoprotéines pour les arrondir.»
Très satisfaisant dans le Nord
Au mois de septembre, la pourriture grise a inquiété les vignobles septentrionaux. Ce n'est qu'un mauvais souvenir. Le tri drastique pratiqué en Champagne semble avoir porté ses fruits. « 2010 est très correct, voire plus concentré que 2009», indique James Darsonville, œnologue à la station œnotechnique de Champagne.
Les rouges bourguignons ont moins subi la pression du botrytis et profitent des petits rendements. « Ils sont concentrés, très parfumés et les tanins sont souples », rapporte Eric Grandjean, œnologue au centre œnologique de Bourgogne.
En Alsace, « les vins sont très aromatiques, frais et plus typiques qu'en 2009», selon Stéphane Gresser, œnologue au laboratoire Gresser œnologie. Pour lui, le plus difficile sera de gérer les équilibres acides.