Début octobre, les vendanges ont démarré partout en France et s'achèvent dans beaucoup de secteurs. Si la récolte pèche par la quantité, la qualité est prometteuse. « Dans le Muscadet, le rendement n'est pas là, mais la vendange est superbe, les jus présentent une belle acidité et de beaux degrés, entre 11,5 et 12,5 % », illustre Christophe Marchais, œnologue chez LVVD, dans le Val de Loire.
Des blancs aromatiques
Pour Étienne Carre, œnologue au laboratoire de Touraine, les vins se profilent avec « de la fraîcheur et du fruit : le style Val de Loire ». À Bordeaux, les moûts blancs de l'Entre-deux-Mers sont aussi « très aromatiques, avec du gras en bouche », d'après Françoise Ligou, conseillère au centre œnologique de Soussac-Pian. Dans le Roussillon, « les blancs sont marqués par de la fraîcheur et des arômes de fruits exotiques et d'agrumes », se satisfait Hélène Teixidor, œnologue à l'ICV.
En Alsace, Marc Schmitt, conseiller à la chambre d'agriculture du Bas-Rhin, constate que les rouges de pinot noir ont un très bon potentiel en polyphénols. En Bourgogne, « les jus issus de parcelles en partie grêlées sont extrêmement concentrés, avec jusqu'à 13 ou 14 en degré probable. Ils ont beaucoup de tanins et de couleur, décrit Éric Grandjean, au centre œnologique de Bourgogne. Les autres ont des tanins plus souples, sont très fruités et élégants ». Pour lui, le potentiel qualitatif est élevé, aussi bien en rouge qu'en blanc. L'état sanitaire étant très bon, les producteurs attendent la maturité optimale des raisins. C'est le cas de la plupart des régions, malgré les pluies de la dernière semaine de septembre. En vallée du Rhône, les précipitations ont atteint 60 à 100 mm selon les secteurs, « mais les vignerons ont été très réactifs et ont presque tout ramassé avant les pluies », indique Olivier Roustang, œnologue conseil. La bonne qualité du millésime n'est donc pas compromise.
De la pluie mais pas de botrytis
« Les raisins sont exceptionnellement sains, observe aussi Laurent Panigai, du Comité interprofessionnel du vin de Champagne. Il n'est pas nécessaire de trier pour la pourriture grise. » Mêmes remarques en Alsace et en Val de Loire : « Il est tombé entre 20 et 25 mm de pluie, mais cela n'a pas provoqué de dégâts de botrytis car les sols étaient secs et les nuits sont fraîches », précise Étienne Carre, œnologue en Touraine.
Ceux qui n'ont pas fini les vendanges, comme les producteurs de vins rouges à Bordeaux et dans le Val de Loire, espèrent qu'octobre ne sera pas trop arrosé.
Le Point de vue de
Denis Goizil, domaine du Petit val, à Chavagnes (Maine-et-Loire)
« Le sauvignon n'est pas mal »
« Nous avons commencé à vendanger le 20 septembre. Depuis, nous avons rentré des chenins pour les effervescents. Les raisins étaient très sains et les degrés autour de 11,5 %, ce qui est très bien pour du vin de base. Nous avons aussi récolté de très beaux chardonnays. Les moûts en fermentation ont des notes d'agrumes et pas mal d'acidité. Les gamays pour nos rosés sont aussi de bonne qualité. Ils présentent des arômes de fruits rouges et une couleur déjà soutenue. Nous avons rentré le sauvignon le 2 octobre. Il n'est pas mal. L'état sanitaire est bon : il n'y a pas de pourriture grise et nous avons trié quelques raisins touchés par l'oïdium. Des foyers de pourriture noble sont apparus sur les parcelles de liquoreux. Nous avons bien effeuillé pour aérer les grappes et pour que ces foyers ne se développent pas trop vite. Pour l'instant, le potentiel qualitatif est là, mais il ne faudrait pas qu'il pleuve davantage si l'on veut le conserver. »