Les chiffres du Muscadet laissent présager une campagne difficile : durant la campagne 2009-2010, seuls 373 000 hl sont sortis des caves, alors que la récolte 2009 avait dépassé les 600 000 hl. Conséquence, les stocks frisent les 400 000 hl à la propriété, selon les données de l'interprofession. Alors qu'en cinq campagnes, ils étaient passés de 500 000 à 270 000 hl, ils ont explosé de près de 50 % entre 2008-2009 et 2009-2010. Même constat du côté du négoce, où les stocks ont progressé de 20 %. Preuve du malaise économique, le plan de distillation lancé avant l'été a crevé le plafond, avec des demandes supérieures à 100 000 hl, alors que l'enveloppe prévoyait 80 000 hl. En juillet, le cours moyen mensuel du Muscadet AC (générique) est descendu à 64 €/hl. Pour mémoire, il dépassait 200 €/hl peu après le gel d'avril 2008. Même évolution pour le Muscadet-Sèvre-et-Maine. Les prix des deux AOC sont retombés au niveau du début des années 2000. La chute aura été brutale… Seul le Muscadet-Sèvre-et-Maine sur lie est parvenu à maintenir un cours autour de 142 €/hl, supérieur à celui des campagnes précédentes, hormis l'exceptionnelle 2008. « Le plus inquiétant, c'est la désaffection du consommateur pour le Muscadet. Il a boudé le produit, mais je ne suis pas sûr qu'il se soit tourné vers autre chose », souligne Jean-Philippe Drouet, PDG de Drouet-Frères, une maison de négoce.
De ce fait, en ce début de campagne, les opérateurs manquent de visibilité. Même si la situation ne peut que s'améliorer du fait d'une reprise des ventes en grandes surfaces grâce aux premiers prix, la profession sait qu'elle ne fera pas l'économie d'un plan de restructuration en cours (arrachage définitif et reconversion qui se traduit par un remplacement du melon par d'autres cépages).