Nouvelle attaque contre le vin, le 17 octobre dernier. Dans le n°446 de l'hebdomadaire gratuit « Version Femina », la journaliste Christelle Ballestrero interprète les résultats d'une récente étude (1) sur l'alcool et les maladies cardio-vasculaires. A sa façon.
Dans un article intitulé « Vin et santé, la fin du mythe », elle annonce que consommer du vin rouge avec modération n'est pas forcément bon pour le cœur, ni pour la santé. A son sens, c'est ce que sous-entendent les scientifiques.
Accumulation d'erreurs
Pourtant, l'étude dont elle parle révèle que les consommateurs modérés d'alcool sont en meilleure santé que les abstinents, ont moins de mauvais cholestérol, sont moins fréquemment dépressifs… Certes, les auteurs nuancent leurs résultats. Ils notent que l'activité sportive et le statut social influencent aussi l'état de santé. Ils reconnaissent ne pas prouver que c'est l'alcool qui limite les maladies cardio-vasculaires.
Mais ajoutent : « Nos résultats ne peuvent pas exclure [son] effet cardio-protecteur. »
Une phrase dont n'a pas dû tenir compte Christelle Ballestrero, qui poursuit son article en accumulant les erreurs. Ici, elle attribue la hausse des degrés alcooliques à des macérations plus longues. Là, elle insinue qu'on enrichit les vins du Languedoc au sucre de betterave. Ou elle s'appuie sur la dernière expertise de l'Inca, dont la validité a été contestée.
L'interprétation de la journaliste n'a en tout cas pas été du goût de la filière viticole, qui a vivement réagi. Les commentaires négatifs ont fusé sur le forum de « Version Femina ». Et sur de nombreux blogs, comme celui de « L'honneur du vin », qui a renforcé son activité depuis mi-octobre. Jean Clavel, son secrétaire général, a même adressé un courrier de mécontentement à la direction du « Midi Libre » (qui gère « Version Femina »). Des actes de vandalisme touchant l'Inra de Pech-Rouge pourraient aussi être la conséquence d'un passage de l'article : « Un directeur de recherche honoraire à l'Inra s'inquiète des modifications apportées de façon pernicieuse à l'élaboration des vins. »
Un droit de réponse ?
L'association Vin & Société a également adressé une lettre à la rédaction de « Version Femina ». De façon méthodique, Marie-Christine Tarby-Maire, présidente de l'association, y soulève les erreurs commises dans l'article. Elle demande un droit de réponse. Elle expose enfin des arguments étayés en faveur de la consommation modérée de vin. « Pour l'instant, nous n'avons pas de réponse, indique-t-elle, début novembre. Nous attendons un peu mais suivons le dossier de près. »
A ceux qui souhaiteraient une réaction plus virulente, Vin & Société répond que sa stratégie est de rester ferme mais calme. Et que les actions sont menées, sur le long terme.
(1) European Journal of Clinical Nutrition (2010), 1-8.
Vin, crack ou héroïne ?
Les offensives antivin se multiplient. Le 28 octobre, « Le Figaro » évoque une étude danoise publiée en juin dans la revue « Human Reproduction ». Le quotidien annonce que les fils des femmes ayant bu quatre à cinq verres d'alcool par semaine pendant leur grossesse verraient leur concentration en spermatozoïdes baisser. Le 1er novembre, « Le Monde » frappe plus fort en titrant « L'alcool plus dangereux que le crack ». Suivi par plusieurs journaux à grande diffusion, il met en avant une étude britannique, pilotée par David Nutt. Celui-ci calcule que l'alcool est la drogue la plus dangereuse pour la société (avec une note de 72/100), devant l'héroïne (55/100) et le crack (54/100). L'honneur du vin contre-attaque sur son blog. L'association déplore, qu'à nouveau, vin et alcools forts soient confondus. Et que bien souvent, ce soit un petit verre de rouge qui illustre les propos des journalistes.