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ACTUS - POUR OU CONTRE

Faut-il encourager l'exportation en vrac ?

La vigne - n°225 - novembre 2010 - page 28

La demande est forte en Chine, aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne et en Russie.

Les 22 et 23 novembre aura lieu le second World Bulk Wine à Amsterdam (Pays-Bas). Lancé par des Espagnols, ce salon de l'offre en vrac a accueilli 1 700 acheteurs l'an dernier venus de Chine, de Russie, d'Inde, de Grande-Bretagne, de Belgique, des Pays-Bas et d'Allemagne. Soixante-dix exposants étaient présents : avant tout des Espagnols, quelques Italiens, Argentins, Australiens… et quatre Français. Preuve que la vente en vrac suscite un engouement nouveau auquel la France participe peu. Chinois et Russes cherchent à acheter à moindre coût. Britanniques et Canadiens veulent réduire les émissions de gaz carbonique liées au transport des vins. « Un conteneur de 20 pieds contient environ 15 000 bouteilles ou 240 hectolitres de vrac, soit plus de 32 000 bouteilles », explique un négociant. Selon le salon World Bulk Wine, les importations britanniques de vins en vrac ont augmenté de 44 % au cours des six premiers mois de l'année 2010. Aux Etats-Unis, elles ont bondi de 114 % sur la même période. L'Australie a répondu à ces demandes. Ses exportations ont progressé de 50 % et elle a écoulé ses surplus. La France doit-elle suivre ? Jusqu'à présent, elle renâclait. « L'origine France attire, mais nos vins sont parfois jugés trop chers à l'export, poursuit notre négociant. En les expédiant en vrac, nous abaissons leur coût. »

Le Point de vue de

CONTRE

« Non. Ce n'est pas une voie pour la création de valeur et d'image pour nos AOC »

Allan Sichel, PDG de la Maison Sichel, à Bordeaux (Gironde) © C. LADA/AGENCE CLASS BORDEAUX 2009

Allan Sichel, PDG de la Maison Sichel, à Bordeaux (Gironde) © C. LADA/AGENCE CLASS BORDEAUX 2009

« Je suis résolument contre l'exportation en vrac des vins de Bordeaux. La filière se doit de piloter son identité, son image et son développement. A travers le Comité interprofessionnel des vins de Bordeaux (CIVB), les viticulteurs, les courtiers et les négociants s'imposent des contraintes réglementaires pour garantir la qualité, l'authenticité et la traçabilité en contrôlant des produits. Les importateurs ne sont pas assujettis à nos règles. Cela peut générer des hiatus à différents niveaux, sur l'image de marque, la présentation, la qualité… La vente en vrac ne constitue pas la bonne voie pour la création de valeur et d'image de nos vins. Qui plus est, à l'heure où nous cherchons à rehausser et crédibiliser cette image, notamment à l'étranger. Pour toutes ces raisons, je serais prêt à voter en faveur d'une interdiction de cette pratique à Bordeaux dans le cadre de nos accords interprofessionnels. En revanche, je pense qu'il s'agit d'une solution intéressante pour les vins sans indication géographique. Pour ces derniers, la vente en vrac est un facteur de compétitivité sur les marchés internationaux. »

Le Point de vue de

POUR

« Oui. C'est un relais de croissance pour les vins de cépage, qui ne se réalise pas au détriment des ventes en bouteilles »

Jean-Luc Lopez, directeur vrac de l'Union de coopérative Foncalieu, à Arzens (Aude)

Jean-Luc Lopez, directeur vrac de l'Union de coopérative Foncalieu, à Arzens (Aude)

« La demande internationale de vins en vrac est en essor depuis deux ou trois ans. Il faut y répondre.

C'est l'une des voies pour conquérir les marchés d'exportation. Cette demande provient d'Europe du Nord et de pays tiers comme le Canada. Elle répond à une logique de diminution des coûts de transport et, surtout, de réduction de l'empreinte carbone dans ces pays importateurs, sensibles à l'impact environnemental de leurs activités. Elle concerne les vins de cépage et les vins de France. Elle représente actuellement 20 % de nos ventes en volume et en valeur. Nous tablons sur 40 à 50 % d'ici quatre à cinq ans. Le prix de vente est 5 à 6 €/hl plus cher que les cours moyens du vrac en France. Nos ventes en vrac ne se substituent pas à nos ventes de vin en bouteilles, il s'agit de deux marchés distincts. A cet égard, elles constituent un relais de croissance pour notre entreprise. La vente en vrac exige, toutefois, de pouvoir répondre aux cahiers des charges stricts des embouteilleurs et donc d'être bien équipés pour la préparation et l'expédition des vins. L'an dernier, nous étions présents à la première édition du salon World Bulk Wine à Amsterdam. Nous y retournons cette année. »

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