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ACTUS - VOS CONCURRENTS

Porto surfe sur la vague rose

Marie-Line Darcy - La vigne - n°225 - novembre 2010 - page 35

Cette appellation part à la conquête de nouveaux consommateurs avec des rosés surprenants et novateurs.
RAJEUNIR LE PORTO. « Notre rosé complète notre gamme premium, Terras do Grifo, issue d'un terroir particulier », indique Antonio Saraiva, directeur de Rozès. © M.-L. DARCY

RAJEUNIR LE PORTO. « Notre rosé complète notre gamme premium, Terras do Grifo, issue d'un terroir particulier », indique Antonio Saraiva, directeur de Rozès. © M.-L. DARCY

Il fallait oser. Lorsqu'en 2008, Croft, noble maison de Porto lance son Croft Pink, c'est un succès immédiat. Pourtant, le porto rosé n'existe pas ; le cahier des charges de l'appellation ne le prévoyant pas. Il faut attendre 2009 pour que l'IVDP, l'institut du vin du Douro et Porto, le crée.

« Nous avons dû changer la législation. C'était impératif pour élargir la base de nos consommateurs, séduire les jeunes », explique Paulo Pinto, responsable du marketing à l'IVDP.

« Pink » ou « rosé » ?

Dans le Douro où naît le Porto, les vendanges se poursuivent en octobre, comme chez Rozès à Régua. « Notre rosé complète notre gamme premium, Terras do Grifo. Nous le distribuons exclusivement chez les cavistes, les grands hôtels et les restaurants haut de gamme. Il s'agit de vendre le terroir, en rajeunissant le Porto », résume Antonio Saraiva, directeur de Rozès.

Le nouveau vin de cette compagnie s'appelle donc Grifo rosé et non pas Grifo pink. C'est plus distingué ! Avec une nouvelle bouteille transparente made in Italie, un étiquetage et un packaging soignés, l'investissement qu'il représente est tenu secret. Un peu comme sa fabrication. « C'est un vin de saignée. Sa fermentation est réduite de deux jours par rapport au porto traditionnel. La principale difficulté réside dans la stabilité de la couleur », explique Luciano Madureira œnologue chez Rozès. A São João da Pesqueira, au domaine de Quevedo, Oscar et sa sœur Claudia s'enthousiasment. « Nous sommes la génération internet, celle des réseaux sociaux, des blogs. Un site internet anglais nous a acheté 10 000 bouteilles d'un coup. Nous parlons la même langue que les consommateurs que nous visons », explique Oscar Quevedo qui vend son rosé entre 12 et 15 euros, prix consommateur.

Dans les immenses chais de Porto Cruz à Porto, l'enthousiasme est tout aussi palpable, avec un positionnement différent. « Le porto rosé se boit avec des glaçons, mélangé à des fruits. Ses arômes fraise ou cerise plaisent aux femmes. Dans les bars, il remplace avantageusement le gin ou la vodka ! Les jeunes sont séduits », soutient Jorge Dias, directeur de Porto Cruz (groupe La Martiniquaise).

Ici, on est résolument « pink », pour un vin vendu en grandes surfaces au prix de 8 euros la bouteille. Cruz est l'un des rares à annoncer le montant de l'investissement : trois millions d'euros au total, dont deux pour le marketing et la publicité.

Le porto rosé s'adresse aux consommateurs de la tranche 24-35 ans. Les producteurs espèrent qu'en vieillissant ils iront vers les autres portos. Pour l'instant, les ventes décollent. Il existe déjà quinze marques de porto rosé. Comme pour le rouge, la France est leur premier client. Reste à savoir si la mode ne sera pas trop éphémère.

CE QUE ÇA VA CHANGER POUR VOUS

Porto démontre que les vins doux naturels peuvent se renouveler et créer la surprise. Mais c'est surtout la rapidité avec laquelle le porto rosé a été autorisé qui doit nous interpeller. Car l'appellation Porto est l'une des plus anciennes qui soit, cela ne l'a pas empêchée d'ajouter en très peu de temps une corde à son arc.

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