Les jeunes consommateurs. A l'instar de l'export, ils sont l'avenir des vins français. Encore faut-il savoir s'adresser à eux et leur proposer le produit adéquat. En Val de Loire, le Cabernet-d'Anjou a choisi de le faire au travers d'événements qui leur sont dédiés et qui se déroulent dans les lieux qu'ils fréquentent.
Le dernier de ces événements s'est déroulé le 15 avril dans le quartier de la Bastille, à Paris. Baptisée Art by Cabernet, l'opération consistait à investir une dizaine de bars des rues de Lappe et de la Roquette et de les parer aux couleurs du cabernet-d'anjou. Entre 19 et 21 heures, dans chaque établissement, des vignerons ont gracieusement servi du cabernet-d'anjou à tous les clients. Pendant ce temps, des artistes contemporains (peintre, sculpteur, illustrateur, photographe…) ont créé des œuvres sur le thème de la soirée, à savoir le rosé angevin.
Pour que ça marche, il faut aller vers le public
« C'est une belle opération. Le quartier est bien choisi. Dans ce genre de lieux, on est sûr de toucher un public de jeunes. On va à leur rencontre », soulignait Olivier Lecomte, l'ancien président des producteurs de cabernet-d'anjou, à l'issue de la manifestation.
« Pour que cela fonctionne, il faut que les vignerons ou les négociants présents dans les bars aillent vers le public, pour leur servir un verre, en leur parlant, en leur disant qu'ils boivent du cabernet-d'anjou », explique Claire Duchêne, directrice marketing d'InterLoire, qui s'était assurée le partenariat de deux médias branchés : radio Nova et le magazine « Technikart ».
Pour enfoncer le clou, l'opération sera reconduite en 2011, dans le même quartier. « On va approfondir notre visibilité sur les réseaux sociaux », indique Claire Duchêne. Car la manifestation du printemps dernier a fait le buzz. » Une page Facebook dédiée au cabernet-d'anjou a même été créée à partir d'Art by Cabernet.
Le mariage du vin, des jeunes et de l'art a parfaitement fonctionné. Et surtout l'appellation a réussi à créer l'événement seule. C'était son ambition car avant de lancer Art by Cabernet, le syndicat et Interloire avaient déjà tenté de s'adresser aux jeunes adultes, mais en s'associant à des manifestations existantes.
Le Cabernet-d'Anjou a ainsi participé pendant six ans aux Foodings. « Au début des années 2000, nous avons initié une manifestation autour des jardins. Nous avions un partenariat avec le Festival des jardins du château de Chaumont-sur-Loire, ce qui nous a permis de rencontrer le journaliste parisien qui avait lancé le concept de Fooding », raconte Claire Duchêne.
Fooding est une sorte de marque attribuée à des événements ou des restaurants qui dépoussièrent la cuisine et l'alimentation. Après réflexion, les vignerons et les négociants ont tenté le pari d'y participer. « Nous cherchions à toucher les jeunes. Nous avons eu l'audace de casser les codes, en acceptant de se lancer dans quelque chose d'un peu bobo », sourit Olivier Lecomte.
Le principe était de réunir dans un lieu connu, des jeunes adultes ou des familles avec des jeunes enfants, pour un piquenique branché, à base de petits plats préparés par des grands chefs. Le tout arrosé de cabernet-d'anjou. Avant le partenariat scellé avec le rosé angevin, les Foodings étaient liés à des marques de champagne. Les premiers pique-niques Foodings ont eu lieu à Paris. Puis ils ont essaimé dans d'autres villes : Toulouse, Lyon, Marseille, Nantes, Roubaix… « La première année, nous ne savions pas trop comment tout cela allait se passer. Nous avons été totalement bluffé quand on a vu une queue interminable dès 11 h 30 pour entrer sur les lieux. »
Au final, le bilan de toutes ces opérations est jugé très positif. « Lors de chaque pique-nique Fooding, entre 1 500 et 3 000 personnes ont découvert le cabernet-d'anjou. Il est clair que cela nous a aidés à toucher beaucoup de nouveaux consommateurs », souligne Claire Duchêne.
« Les Foodings ont sans doute été un déclencheur. En dix ans, les ventes de cabernet-d'anjou ont doublé, conclut Olivier Lecomte. Tout ne part pas de là, mais incontestablement, cela nous a aidés à nous faire connaître et à vendre du vin. »
Saumur a misé avec succès sur Thomas Dutronc
Avec son album « Comme un Manouche sans guitare », le chanteur Thomas Dutronc a séduit un large public de jeunes adultes. Le syndicat des producteurs de saumur brut et l'Union des maisons de fines bulles de Loire ont eu l'idée de miser sur lui pour réaliser une soirée de promotion de leur vin effervescent. « Le nom de Thomas Dutronc a été lancé au cours d'une réunion, car une des maisons saumuroises le connaissait. En avril, il a donné son accord », raconte Caroline Gestin, animatrice de l'Union des maisons. L'objectif était clairement d'associer l'appellation à un nom célèbre. « Dans notre esprit, c'était une soirée saumur brut avec Thomas Dutronc comme invité », insiste Caroline Gestin. Dimanche 5 septembre, dans une salle de 700 places, toutes réservées en quelques jours, le chanteur a joué le jeu. Il a offert un spectacle de deux heures avec ses quatre musiciens, devant un public majoritairement âgé de 30 à 40 ans. Avant et après le concert, chaque spectateur a eu droit à une flûte de saumur, offerte par les viticulteurs et les négociants. Une manière de bien affirmer la présence de l'appellation. Le partenariat a fonctionné à merveille. Le concert a fait l'objet d'un « buzz sur internet, sur des blogs. Nous avons eu un bon retour dans la presse, nous avons même eu un article dans”Ici Paris“sur Thomas Dutronc, qui évoquait son concert à Saumur », indique Caroline Gestin.