Un matin d'octobre. Il est 10 heures, Mélanie, 30 ans, pousse la porte de Vinomania, boutique à la déco vert pomme et rouge, à Cenon (Gironde). Cette assistante maternelle va vers le mur de bib. Des saumur-champigny aux saint-estèphe, en passant par les côtes-de-provence, 55 références de blancs, rosés et rouges s'offrent à elle dans des écrins noirs.
Elle penche pour le domaine Morel, un côtes-de-gascogne, en trois litres. « Le bib permet de garder le vin longtemps. J'adore ce bar à vin où la dégustation est gratuite. C'est aussi un caviste et un restaurant. On y organise des soirées entre amis pour découvrir les accords mets et vins, en étant guidés par le sommelier. »
Jean-Paul Lafage, lui, boit du petit-lait. Cet autodidacte, grande gueule, a osé mettre des châteaux en boîtes. C'est en 1997 que l'idée surgit. Comment conditionner un excellent cru de telle manière qu'on ne soit pas forcé de le finir après l'avoir entamé ? Réponse : le bib.
Faire découvrir les vins avec les sens, pas avec le portefeuille
Il dépose la marque Verre après verre, sélectionne et conditionne les vins à la propriété. En 2004, il embauche Stéphane Boutiton, ex-chef sommelier des sources de Caudalie. Tous deux partagent la même ambition : faire découvrir les vins avec les sens et pas avec le portefeuille.
En 2007, Jean-Paul Lafage s'allie aux Kerouanton, des pros de la franchise. Ils l'aident à concocter Vinomania, son concept de boutiques à la fois caviste, bar à vin et restaurant. Retour à Cenon. Il est midi. Le restaurant se remplit. La clientèle semble ravie. Mais Jean-Paul Lafage a encore du pain sur la planche. « Ma difficulté, c'est le buveur d'étiquette : il est trop attaché à la bouteille et veut épater la galerie avec de grands noms », confie-t-il. Mais il ne désespère pas de l'amener à apprécier la simplicité des bibs.