André Couthures, en plus de superviser les vendanges, met aussi la main à la pâte. Cet ancien agriculteur peut enfin récolter le fruit de son travail lors de cette journée très conviviale.
Mercredi 23 septembre, 8 h 30 : sur la ferme de Bouytaout, à Aillas dans le sud de la Gironde, règne une certaine effervescence. La journée s'annonce belle et ensoleillée. Les vendangeurs arrivent les uns après les autres. Pour rien au monde, ils ne rateraient ce rendez-vous instauré depuis des lustres. La journée de vendanges chez André et Linette Couthures, c'est sacré !
André est retraité depuis dix-neuf ans, Linette depuis onze ans. A 79 et 76 ans, ils continuent comme ils ont toujours fait, mais à un rythme moins soutenu. Lorsqu'ils étaient exploitants agricoles, ils avaient une petite ferme de polyculture élevage, une quinzaine de vaches, une basse-cour conséquente, un peu de blé, de maïs, de tabac et un à deux hectares de vigne. André les vinifiait en vin de table qu'il vendait à un marchand des Landes.
« On le fait pour garder un peu d'activité »
Depuis la retraite d'André, ils n'ont plus de vaches, mais ils continuent d'élever une belle basse-cour et d'entretenir un magnifique potager. Et André bichonne toujours 40 ares de vigne : des merlots parsemés de quelques hybrides égarés. « Nous le faisons pour garder un peu d'activité tant que l'on peut, confie Linette. C'est notre vie. Nous avons toujours vécu ainsi. Et puis, cela nous évite d'aller au village, acheter des légumes ou des produits hors de prix. » Un bon moyen de compenser leur modeste retraite. Les vignes sont plantées à deux mètres d'écartement. André les traite à la bouillie bordelaise et au soufre. Il pratique une taille en guyot à un courson de deux yeux et une aste de cinq à sept yeux.
Une équipe bien rodée
Spécificité de la joyeuse troupe de vendangeurs : elle affiche une moyenne d'âge de 70 ans. Il y a Simone 79 ans, Franck 71 ans, Roland 70 ans, Jacky 69 ans, Huguet 64 ans, Alberte 65 ans… au total une quinzaine de cousins, d'amis ou de voisins. Tous ont endossé une tenue de circonstance. Ils portent des blouses ou des tabliers qui protègent la petite laine ou la polaire qui leur tient chaud en ce matin bien frais.
André supervise les opérations, mais l'équipe est bien rodée. Dans les rangs, on parle, on rigole tout en vidant régulièrement son panier dans la benne. Franck, aux commandes du tracteur, attend patiemment le moment pour avancer.
Au chai, les raisins sont vinifiés dans une cuve en béton. André l'a brossée et lavée la semaine dernière, de même qu'il avait préparé les fûts hors d'âge en les nettoyant et en les emplissant d'eau. Dans quinze jours, il pressera ses marcs dans son vieux pressoir manuel en bois. Il écoulera les vins dans les fûts, sulfités, où il les élèvera quelque temps avant de le prélever au fur et à mesure de la consommation du ménage.
Pendant que les invités vendangent, Linette s'active en cuisine. L'avant-veille elle a tué, plumé et apprêté trois beaux poulets engraissés au maïs maison. Ce sera le plat de résistance, précédé d'un pot-au-feu, d'une salade de tomates et de jambon. Le tout arrosé du vin d'André, bien sûr.
« Il ne faut pas leur en compter, souligne Linette. Ils sont gaillards, nos vendangeurs. » Bon pied, bon œil et bon appétit. « Ils viennent volontairement. Il faut préparer un bon repas pour les remercier et que la journée soit conviviale. On est content de faire les vendanges avec nos amis. On passe un bon moment. Tant qu'on pourra le faire, on le fera. »