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VIGNE

La confusion sexuelle à l'Assemblée nationale

Christelle Stef - La vigne - n°226 - décembre 2010 - page 55

Le 16 novembre, deux viticulteurs sont venus expliquer les avantages et les contraintes de la confusion sexuelle devant des députés.
DIFFUSEUR DE PHÉROMONES utilisé dans le cadre de la confusion sexuelle pour lutter contre les vers de la grappe. © C. THIRIET

DIFFUSEUR DE PHÉROMONES utilisé dans le cadre de la confusion sexuelle pour lutter contre les vers de la grappe. © C. THIRIET

Jean-Paul Garraud, député de la Gironde, Kléber Mesquida et Elie Aboud, députés de l'Hérault, ont organisé le 16 novembre à l'Assemblée nationale une conférence sur la confusion sexuelle. L'objectif de ces trois membres du groupe d'études sur la viticulture de l'Assemblée nationale : appréhender les atouts et les contraintes de cette technique qui réduit le recours aux insecticides.

L'Allemagne et la Suisse sont en pointe

Denis Thiéry, chercheur à l'Inra de Bordeaux, a d'abord rappelé que la confusion sexuelle consiste à mettre en place des diffuseurs de phéromones dans les vignes. Les phéromones désorientent les papillons mâles qui ne trouvent plus les femelles. Il n'y a pas d'accouplement, donc pas de pontes ni de vers. Un principe séduisant à condition que les viticulteurs se regroupent, car la technique n'est efficace que sur des surfaces de 5 ha minimum.

En France, les surfaces sous confusion sexuelle stagnent. A peine 22 000 ha sont protégés par cette méthode, soit 3 % du vignoble. En Allemagne, 61 000 ha sont sous confusion, soit 65 % du vignoble. En Suisse, c'est 6 500 ha, soit 43 % du vignoble. Des subventions sont octroyées dans ces deux pays. Puis Tony Rousseau, viticulteur à Saint-Lambert-du-Lattay (Maine-et-Loire) et Sébastien Beauvallet, de la coopérative agricole du Pays de Loire ont expliqué l'expérience menée dans leur département. Depuis cette année et jusqu'en 2012, le conseil général finance 20 % du coût des diffuseurs et 20 % du coût de leur mise en place.

« Cette subvention a eu un effet moteur, a indiqué Tony Rousseau, dont les deux tiers du vignoble sont protégés par la confusion sexuelle. La technique procure de bons résultats. Elle permet de redorer notre image. Et nous pouvons entrer dans les parcelles quand nous voulons alors qu'avec les insecticides, il faut respecter des délais de rentrée après un traitement. Mais le frein, c'est un surcoût que j'évalue entre 60 et 70 €/ha. C'est difficile à répercuter sur le prix des bouteilles, car le marché est concurrentiel. »

Dix ans sans retour sur investissement

Le surcoût, c'est ce qui a contraint la coopérative de Chusclan-Laudun à abandonner la technique. « Nous l'avons pratiquée pendant dix ans. Mais nous n'avons eu aucun retour sur investissement. J'ai toujours l'espoir de pouvoir recommencer… si des aides arrivent », a indiqué Claude Rivier, le président de la cave.

Jean-Paul Garraud a pris bonne note de ces témoignages. « Je suis prêt à lancer un vrai débat sur le sujet », a-t-il promis en conclusion de la réunion.

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