Le cinsault rosé a le vent en poupe dans le Midi. « Les réservations sont très élevées, remarque Jean-Pierre Py, président des courtiers du Languedoc-Roussillon. Au rythme où elles vont, 80 % du volume sera réservé d'ici au mois de mars. » Cet empressement se répercute sur les prix. Les premières transactions se nichent dans une fourchette comprise entre 60 et 65 €/hl, soit 15 % d'augmentation par rapport à l'an passé.
Les acheteurs se positionnent tôt pour sécuriser leurs approvisionnements. Car, selon Inter Oc, la récolte serait sensiblement similaire à la précédente, de l'ordre de 460 000 hl. Problème : ce volume satisfait tout juste l'appétit grandissant de la grande distribution française.
Toujours selon Inter Oc, elle absorbe les trois quarts de la production. Elle a fait du cinsault rosé l'une des références vedettes de ses marques de distributeurs (MDD). Au point que ces marques représentent près de 60 % du volume de cinsault rosé vendu en bib dans les hypers et les supermarchés. A fin octobre, les MDD de cinsault rosé en bib alignaient 19,5 millions de litres, en hausse de 23,5 % par rapport à la même période de l'an passé.
Paradoxe, les superficies en cinsault reculent. « Au sein de notre coopérative, nous sommes passés de 175 hectares en 2006, à 80 hectares en 2010, déplore Bruno Mailliard, directeur de la cave de la Malepère. Le cinsault ne bénéficie pas des primes collectives à la plantation. Résultat, les vignerons l'arrachent. »
Depuis 2003, la cave tente d'enrayer le mouvement. Cette année, elle s'apprête à mettre en marché 6 300 hl de cinsault rosé. Elle en demande 70 €/hl, le même prix que les rouges vedette de la région : merlot et cabernet-sauvignon. La condition sine qua non pour maintenir le cinsault.